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Parlement européen - Traités et Affaires institutionnelles
Après le discours de José Manuel Barroso, les eurodéputés luxembourgeois sont modérément enthousiastes
13-09-2012


Le 12 septembre 2012, le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a prononcé devant le Parlement européen son discours sur l'état de l'Union. Ses propos ont été diversement mais plutôt bien accueillis par l'hémicycle. L'appel à une future fédération des Etats-nations est l'élément du discours qui créé le plus de discussions.

Du côté des eurodéputés luxembourgeois, Frank Engel, membre du PPE comme José Manuel Barroso, s'est uniquement concentré sur cet aspect du discours pour mieux le condamner. Frank Engel rappelle la source utilisée par le président Barroso quand il propose une fédération des Etats-nations : l'ancien président de la Commission européenne, Jacques Delors, qui avait déjà fait une telle proposition dans les années 80. Ce qui l'amène à un commentaire très dur : "La Commission européenne de 2012 a autant reculé dans ses ambitions politiques que ne l'a fait le Grèce économiquement dans l'actuelle récession. C'est plus que regrettable : c'est significatif de l'état de l'élite politique de notre continent."

Pour Frank Engel, le problème réside surtout dans les Etats-nations : "L'Europe se compose maintenant d'Etats-nations, et ce sont l'incapacité et le refus des Etats-nations d'octroyer à l'Europe une souveraineté dans un cadre global qui prolonge et durcit la crise européenne."

En conséquence, selon lui, "les Etats-nations, en tant que dernière instance de la prise de décision, doivent être dépassés". "Les nations ne sont pas le problème, c’est la limitation de la souveraineté étatique au cadre national qui l'est", précise-t-il toutefois.

"Les louanges chantée aux Etats-nations doivent être mises en sourdine, si l'Europe veut surmonter la crise, et ouvrir une perspective aux armées de pauvres, chômeurs et exclus", juge le jeune eurodéputé. Avant de conclure que "l'Europe doit poursuivre son développement. Plus loin que Jacques Delors ne l'entrevoyait il y a vingt-cinq ans, et plus loin que José Manuel Barroso ne le fait maintenant."

L'eurodéputé libéral Charles Goerens, s’est montré plus satisfait que son homologue conservateur, rapporte le Tageblatt. Il fait remarquer, comme Frank Engel, la parenté de l'idée d'une fédération d'Etats-nations, mais considère toutefois que "c'est positif qu'il (J.M. Barroso, ndlr) ait fixé un cap pour des changements". L'UE ne pourra pas faire l’économie d'un nouveau traité si des sujets débattus bilatéralement sont communautarisés. Charles Goerens se satisfait également du fait que le président de la Commission européenne ait abordé les déficits démocratiques et proposé des solutions.

L'eurodéputé écologiste Claude Turmes salue le fait que José Manuel Barroso ait abordé le sujet du chômage des jeunes même s'il est resté "évasif", comme dans toute la seconde partie de son discours.

Georges Bach (PPE) concède au Tageblatt qu'il est, après l’intervention du président de la Commission, "en accord complet" avec "sa profession de foi dans l'Europe sociale, la révision des fonds structurels, l'introduction de la taxe sur les transactions financières, la surveillance européenne des banques ainsi que la hausse des moyens budgétaires pour 2013". Il a toutefois regretté l'absence de pouvoir de la Commission vis-à-vis du Conseil qui aurait depuis trois ans bloqué de nombreuses initiatives pour vaincre la crise.

L'eurodéputé socialiste Robert Goebbels a trouvé le discours de José Manuel Barroso "dynamique". Les solutions présentées par Barroso vont à ses yeux dans la bonne direction. Toutefois, il ignore d'où peuvent être tirés les moyens financiers supplémentaires évoqués par le président de la Commission : "Avec les mesures d'austérité, il ne sera pas possible de trouver la croissance suffisante."