A quelques jours à peine du Sommet social tripartite qui se tiendra le 18 octobre 2012, juste avant le Conseil européen, le Secrétariat Européen Commun de l’OGBL et du LCGB (SECEC) soutient et relaie le message de la Confédération européenne des syndicats (CES) qui appelle l’Europe à s’attaquer à sa dette sociale.
"La crise de la dette et la manière d’en sortir alimentent partout les débats", constatent les syndicats, mais ils attirent pour leur part l’attention sur "une dette sociale qui est tout aussi importante que la dette monétaire si on veut sauver l’Europe".
"Les programmes imposés aux pays en difficulté, mais aussi à d’autres pays qui veulent se conformer aux critères, se concentrent sur les coupes budgétaires qui affectent les plus vulnérables, sur une diminution de la protection sociale et sur l’affaiblissement des relations industrielles", dénonce la CES qui voit là "une opération systématique de démantèlement du modèle social qui a fait de l’Europe cette terre de démocraties avancées et d’inégalités sociales réduites". Le constat des syndicats, c’est "une urgence sociale dans les pays du Sud alors que les niveaux d’inégalités augmentent partout", mais aussi le fait que "certains programmes économiques encouragent la création de zones franches en Europe qui concurrencent et ébranlent les pays qui, pour le moment, s’en sortent mieux", ce qu’ils jugent "inacceptable". "Ce que les travailleurs en Grèce, au Portugal, en Irlande et en Espagne subissent aujourd’hui fera tôt ou tard boomerang et affectera les travailleurs dans le Nord", craignent CES et SECEC. Dans ce contexte, les syndicats jugent la situation des jeunes "particulièrement insupportable" au vu de leur taux de chômage et des conditions de travail précaires qui gagnent du terrain partout en Europe.
"L’austérité ne mène pas seulement à une urgence sociale", mais elle est aussi "un spectaculaire échec", analysent les syndicats pour qui l’austérité, loin de s’attaquer au fardeau excessif de la dette ou de restaurer la confiance des marchés, affaiblit davantage encore les finances publiques. "Même si la Grèce ou l’Espagne connaissaient un déficit nul, leur ratio d’endettement exploserait malgré tout à cause de l’effondrement de leur PIB et de leur activité économique exacerbé par des taux d’intérêt intenables qui leur sont imposés pour satisfaire les attentes des marchés financiers", expliquent-ils en effet.
"Et qui en profite ?", demandent-ils avant de répondre "le capitalisme de casino". Un système qui a échoué mais qui n’est pas remis en cause, déplorent-ils en accusant les banques de manipuler les taux d’intérêt dans leurs confortables bureaux tandis que les gouvernements continuent à faire en sorte que ce soit les gens qui paient pour l’échec du système.
"Les institutions de l’Union européenne, Conseil et Banque centrale européenne, et le Fonds monétaire international devraient tendre vers une justice fiscale, mettre fin à la concurrence et à l’évasion fiscales et enfin – mais pas seulement – mettre en place une taxe sur les transactions financières", plaident CES et SECEC. Au lieu de cela, dénoncent les syndicats, ces institutions appellent à des réformes structurelles, à des réductions des salaires minimum et des pensions et à des coupes dans les allocations de chômage, ce qui est à leurs yeux "injuste" et "inefficace". "Ce dont nous avons besoin, ce sont des investissements et des salaires décents pour une croissance durable", estiment-ils au contraire.
La CES annonce ainsi qu’elle "fera usage de sa force et de son influence pour provoquer un changement de cap". "Aller au-delà de la crise de manière durable présuppose le rétablissement et le renforcement de mécanismes et de politiques qui contribuent à réduire les diverses formes d’inégalité sociale et à renverser la tendance à une concentration excessive des richesses", estime la CES qui dit soutenir "une Union européenne qui défend les emplois de qualité, les salaires décents, le progrès social et la justice sociale" et s’opposer au démantèlement de notre modèle social qui est une référence et une inspiration pour les travailleurs dans le reste du monde.
La confédération européenne des syndicats "a un projet social pour l’Europe", concluent les auteurs de ce communiqué. "Alors que des discussions sont en cours au sujet d’une nouvelle convention, voire d’un nouveau Traité, les responsables doivent réaliser que nous sommes sérieux lorsque nous exigeons que priorité soit donnée aux droits sociaux par rapport aux libertés économiques", insistent-ils.