La Commission européenne s'apprête à prendre deux décisions importantes pour remédier au déséquilibre croissant entre l'offre et la demande de quotas du système d'échange de quotas d'émission (SEQE) de l'UE.
Dans l'immédiat, pour faire face à l'excédent de quotas d'émission qui s'est rapidement constitué, la Commission a présenté le 14 novembre 2012 une proposition formelle de révision du calendrier des enchères qui vise à reporter la mise aux enchères de 900 millions de quotas d’émission ("gel de quotas") lors de la troisième phase du SEQE de l’UE qui commence l'année prochaine.
La Commission a également adopté un rapport sur l'état du marché européen du carbone qui propose un éventail de mesures structurelles possibles pour résoudre le problème de l'excédent de quotas.
Connie Hedegaard, la commissaire en charge de l'action pour le climat, a déclaré à ce propos: "La Commission veut un marché européen du carbone encore plus dynamique, qui soit une véritable locomotive pour les autres marchés du carbone ailleurs dans le monde. Notre marché du carbone permet de réaliser des réductions d'émissions, mais à cause de l'offre excédentaire sur le marché, le SEQE ne stimule pas suffisamment l'efficacité énergétique et les technologies vertes, ce qui dessert l'innovation et la compétitivité européennes. C'est pourquoi, dans l'immédiat, nous proposons de reporter la mise aux enchères de 900 millions de quotas ces trois prochaines années. Nous ne devons pas inonder un marché qui est déjà engorgé. Il faut que les acteurs du marché soient fixés sur cette question avant la fin de l'année. Parallèlement, la Commission présente différentes mesures structurelles possibles pour résorber durablement l'excédent à plus long terme."
L'excédent de quotas d’émission s'est constitué principalement parce que la crise économique a entraîné une réduction plus importante que prévu des émissions industrielles de gaz à effet de serre, qui, à son tour, a provoqué une baisse de la demande de quotas des entreprises. L'excédent devrait perdurer pendant la troisième phase du système, qui couvrira la période 2013 à 2020. (voir ci-dessous)
À compter du 1er janvier 2013, date à laquelle commencera la troisième phase du SEQE de l’UE, la mise aux enchères deviendra la principale méthode d'allocation des quotas d'émission aux entreprises. En juillet 2012, la Commission a publié un projet de modification du règlement relatif à la mise aux enchères dans le cadre du SEQE de l'UE, visant à reporter la mise aux enchères d’une certaine quantité de quotas.
À l'issue d'un premier échange de vues avec les États membres au sein du comité des changements climatiques et d'une consultation publique, la Commission propose de réduire de 900 millions le nombre de quotas à mettre aux enchères au cours des années 2013 à 2015 et d'augmenter d'autant le nombre de quotas mis aux enchères à la fin de la phase 3.
Ce "gel" permettra de réduire la quantité de quotas qui sera mise aux enchères à court terme, tant que la demande restera très faible, et de l'augmenter plus tard, lorsque la demande se sera vraisemblablement redressée. Une analyse d'impact fournit de plus amples informations sur l’incidence de cette mesure.
Le rapport sur le marché du carbone publié le 14 novembre 2012 retient six options et invite les parties intéressées à exprimer leur point de vue. Le Parlement européen et le Conseil avaient invité la Commission à examiner les solutions envisageables pour adopter dès que possible des mesures structurelles, y compris un retrait permanent de la quantité de quotas nécessaire pour résorber l'excédent.
Toute proposition législative de mesures structurelles présentée par la Commission à la lumière du débat public fera l'objet d'une consultation publique et d'une analyse d'impact exhaustive.
Les Verts du Parlement européen ont été les premiers à réagir aux propositions de la Commission. La présidente du groupe politique des Verts européens, Rebecca Harms, a jugé la proposition de la Commission insuffisante. "Contrairement aux revendications du Conseil et du Parlement européen, qui ont demandé à la Commission de leur soumettre des réformes structurelles du SEQE, la Commission fuit dans les imprécisions." Rebecca Harms a exigé des propositions qui conduisent à une réduction durable des droits d’émission ou bien vers une hausse des objectifs de réduction des émissions de CO2.
La fédération patronale européenne BUSINESSEUROPE considère dans une prise de position le rapport de la Commission sur le marché du carbone comme "une première contribution à la discussion sur une future politique climatique de l’UE". Mais elle regrette que le rapport comme les propositions de la Commission visent avant tout le court terme et est d’avis que les mesures à court terme avancées "réduisent la prévisibilité et la confiance alors que la troisième phase du SEQE est sur le point d’être lancée". Il faudrait donc aborder dès maintenant une discussion sur les propositions structurelles à envisager après 2020 et en vue de 2030. La fédération patronale met en garde contre des approches qui conduisent à une augmentation des coûts et détournent les investissements de l’UE. Elle prône des compensations pour les coûts occasionnés par la politique européenne de réduction des émissions de CO2, tant que de telles politiques ne sont pas menées dans le monde entier.
Le SEQE de l’UE couvre actuellement environ 11 000 installations industrielles et quelque 40 % des émissions de l’UE. Depuis cette année, il s'applique également au secteur de l'aviation.
Lors de la troisième phase, les émissions des installations industrielles et des centrales électriques devront, d'ici à 2020, être réduites de 21 % par rapport aux niveaux de 2005.
Les principales nouveautés de la troisième phase sont les suivantes: