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Agriculture, Viticulture et Développement rural
Greenpeace met en garde sur l'augmentation de l'usage des pesticides qu'occasionneraient de nouvelles autorisations des cultures OGM par l'Union européenne
05-11-2012


www.greenpeace.orgLe 5 novembre 2012, Greenpeace Luxembourg accueillait des agriculteurs venus des Etats-Unis pour présenter le court-métrage "Growing Doubt" ainsi que le rapport baptisé "Glyphosate tolerant crops in the EU – A forecast of impacts on herbicide use" ("Les cultures tolérant le glysophate dans l'UE - Un prévision des conséquences de l'usage d'herbicide"), écrit par le docteur Charles Benbrook, professeur au Centre pour l'agriculture durable et les ressources naturelles de la Washington State University, à la demande de Greenpeace.

Il s'agissait de l'étape luxembourgeoise d'une campagne d'information européenne visant à l'interdiction de la culture d'OGM en Europe en raison des "dommages graves et irréparables" qu'ils causeraient "à l’agriculture et à la biodiversité", comme on le lit dans le communiqué de presse publiée par l'association écologiste à cette occasion. Pour l'heure, 26 OGM sont en attente d’autorisation à la culture, dont 19 sont résistants à un herbicide ou pesticide, notamment au "glyphosate". Le glysophate est le premier herbicide mis en vente dans les années 70, par Monsanto sous le nom de Round up. Il est désormais produit par de nombreux industriels.

Greenpeace Luxembourg a pu présenter le rapport aux députés des commissions parlementaires de l’agriculture, de la santé et du développement durable, aux représentants de la Chambre d’agriculture et aux ministres de l’Agriculture, Romain Schneider, du Développement durable, Marco Schank et de la Santé, Mars Di Bartolomeo.

Jusqu'à 800 % d'augmentation de l'utilisation annuelle du glyphosate entre 2012 et 2025

Le rapport étudie les conséquences de trois scénarios que pourraient connaître l'Europe, selon l'attitude que prendra ses institutions vis-à-vis de cultures OGM de maïs, de soja et de betteraves à sucre, ici étudiées. Les projections couvrent la période 2012-25 et se nourrissent de l'expérience américaine entamée en 1996.

Dans le premier scénario, l'UE n'autorise aucune culture OGM résistante aux herbicides. On observerait certes une hausse de l'usage annuel du glysophate de 88 % entre 2012 et 2025 mais en raison du recul de l'usage d'autres herbicides, les champs européens connaîtraient un léger recul de l'usage de ces produits (à 25 000 tonnes par an pour les trois cultures rééunies).

Dans le deuxième scénario, toutes les cultures sont autorisées sans aucune restriction de la part de l'Union européenne. L'utilisation de glysophate augmenterait alors de 800 % sur 14 ans. L'augmentation serait de 70 % du volume annuel pour l'ensemble des pesticides. "Cela tombe sous le sens de dire que la nature ne profite pas d'un usage huit fois plus élevé du glyphosate. Le seul qui en tirerait une utilité, ce serait l'industrie, et "dans ce cas Monsanto", a déclaré Lasse Brun de Greenpeace International, aussi présent à Luxembourg.

Le rapport a été présenté aux ministres de l’agriculture, Romain Schneider, du développement durable, Marco Schank et de la santé, Mars Di Bartolomeo source: GreenpeaceDans le troisième scénario, il est imaginé que ces cultures sont autorisées mais avec des limitations pour empêcher la dissémination de semences résistantes au glysophate. Il serait par exemple interdit de cultiver deux années de suite un même champ avec des OGM, afin d'éviter l'expérience américaine. En effet, aux Etats-Unis, ainsi que le rapporte l'étude, il existerait aujourd'hui 23 espèces de mauvaises herbes résistantes au glysophate et 12 millions d'hectares de champs de soja étaient "contaminées" par ces dernières en 2010. Or, les agriculteurs y réagissent en augmentant la dose de glyphosate et en ajoutant d'autres herbicides. Ce scénario prévoit que le recours à ce dernier herbicide augmenterait de 400 % d'ici 2025, et la croissance générale de tous les herbicides atteindrait 25 %.

"L’Europe a encore la chance de pouvoir dire non aux cultures OGM, non au tsunami de pesticides et non à la main mise des grandes multinationales sur l’agriculture. Nous encourageons les ministres du Luxembourg de s’engager plus que jamais au niveau européen pour que la Commission européenne n’autorise plus d’OGM", a déclaré Maurice Losch, chargé de la campagne OGM et agriculture chez Greenpeace Luxembourg, qui reproche par ailleurs à la Commission européenne de traiter le sujet "les yeux fermés".

L'exemple d'agriculteurs américains

Des cultivateurs américains de champs OGM participent à la campagne pour témoigner de leur situation actuelle."J'ai commencé en 2006. Chacun l'utilisait. Le prix de l'herbicide était raisonnable et au début tout allait bien", a raconté l'agriculteur américain Wendel Lutz face à la presse luxembourgeoise. Mais en 2011, malgré l'augmentation du volume d'herbicides, l'agriculteur a appris, par une expertise universitaire, que son champ était envahi de mauvaises herbes. "Maintenant, j'ai un produit dont je n'ai plus aucun usage et suis de nouveau là om j'en étais en 1996."

"Vous avez un réel avantage: nos seize années d'expérience", a pour sa part déclaré Wes Shoemyer, agriculteur du Missouri, ainsi que le rapporte Le Quotidien. "Regardez ce qui est arrivé aux Etats-Unis: moins de biodiversité, de rotation des cultures... A long terme c'est insoutenable."

"L’expérience des Etats-Unis en dit long. (…) Les faits le montrent de plus en plus clairement, le modèle agricole basé sur OGM et pesticides est un modèle en faillite !", a commenté Maurice Losch.