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Economie, finances et monnaie - Emploi et politique sociale
Journée européenne contre l'austérité : de la grève générale en Espagne à la rencontre des syndicats luxembourgeois avec Jean-Claude Juncker
14-11-2012


Manifestation à Bruxelles (Source : Commission européenne)Le 14 novembre 2012, à l'occasion de la Journée européenne contre l'austérité, les salariés et leurs représentants syndicaux dans vingt-trois pays européens se sont mobilisés à l'appel de la Confédération européenne des syndicats (CES) afin de dénoncer la cure d'austérité qui affecte durement les pays du Sud sans pour autant améliorer leur situation économique. En ce jour d'action européenne, leurs autorités statistiques nationales respectives ont d'ailleurs fait savoir que le Portugal et la Grèce avaient connu en 2012 des baisses de leur PIB de 3,4 % pour l’un et de 7,2 % pour l’autre.

C'est au Portugal et en Espagne que la mobilisation fut la plus importante. Pour cause, les syndicats des deux pays avaient décrété la grève générale, pour la deuxième fois de l'année 2012. En Espagne, des rassemblements étaient organisés dans 120 villes sous les slogans "Ils nous privent de notre avenir" et "Il y a des coupables, il y a des solutions". Les syndicats ont estimé à 80 % la part des salariés qui ont répondu à l'appel à la grève générale.

"Ce n'est pas le bon chemin pour réduire l'incertitude. (…) Nous sommes dans une crise qui est longue, qui a généré des sacrifices et des incertitudes dans la société espagnole", a toutefois déclaré, dans la journée, le ministre espagnol de l'Economie, Luis de Guindos, alors que des incidents allaient éclater entre manifestants et forces de l'ordre. "Le gouvernement est également convaincu que le chemin qu'il a entrepris est le seul possible, c'est la seule alternative que nous avons pour sortir de la crise, pour laisser derrière nous la situation de chômage dont nous souffrons, et aussi pour garantir l'avenir de l'Etat-providence", a-t-il dit.

En Italie, où près de 80 manifestations furent organisées, et en Grèce, les organisations syndicales avaient opté pour un arrêt de travail de quatre heures. Des manifestations étaient également prévues dans des pays moins affectés par la crise. "Pour l'instant, ce sont avant tout les gens du Sud de l'Europe qui pâtissent d'une crise qu'ils n'ont pas engendrée. Mais les conséquences vont très certainement se faire sentir dans le reste de l'Europe", a souligné la confédération allemande des syndicats (DGB) qui a organisé plusieurs manifestations à travers le pays.

En France, une centaine de manifestations se sont tenues, les plus grands cortèges s'étant réunis à Paris, Marseille et Lille. En Belgique, les conducteurs de train avaient décrété une grève de vingt-quatre heures. Et plus d'un millier de manifestants se sont réunis devant la Commission européenne. L'un des principaux reproches de ces cortèges de manifestants était la mise à contribution trop importante de la population : "Une politique satisfaisante consisterait à inviter plus de riches à passer à la caisse et à enfin reprendre en main les marchés financiers" a par exemple déclaré le chef de la DGB, Michael Sommer

Patrick Dury (LCGB) : " L'Europe doit formuler d'urgence une réponse à la question sociale"

reding-junckerL'événement luxembourgeois de cette journée européenne contre l'austérité consistait en une rencontre des présidents des deux grands syndicats du secteur privé, le LCGB et l'OGBL avec le Premier ministre et président de l'Eurogroupe, Jean-Claude Juncker.

"Les politiques menées en Europe n'ont pas assez amené à contribution ceux qui pourraient le plus contribuer. La dimension sociale manque fortement", a déclaré le président de l'OGBL, Jean-Claude Reding, à l'issue de la rencontre. "La résistance à la politique européenne et même à l'idée européenne augmentent. Beaucoup peut être mis à terre. Il faut faire attention", a-t-il mis en garde alors que le président du LCGB, Patrick Dury a rappelé que "les syndicats luxembourgeois plaident toujours pour l'Europe".

"Nous avons aussi souligné que la politique d'austérité ne doit peser sur l'activité économique, sur l'emploi et l'activité future des jeunes alors que le chômage a augmenté massivement. C'est un point important pour faire une autre politique", a dit encore Jean-Claude Reding. Comme il l'avait déjà fait lors de la conférence de presse annonçant la journée de la solidarité, ce dernier a formulé l'espoir que la Chambre des députés prenne une décision pour défendre l'introduction de la dimension sociale dans le TSCG.

"Je suis critique mais moins critique que les syndicats", a déclaré face à la presse le Premier ministre Jean-Claude Juncker. Le président de l'Eurogroupe est ainsi d'avis que "les pas vers plus de croissance économique doivent avoir des résultats plus positifs". Pour autant, il reste attaché à une consolidation budgétaire et une relance simultanées, bien qu'il concède que ce soit "difficile à mettre en œuvre". "On ne combat pas le déficit en ajoutant plus de déficit, et l'endettement en augmentant les dettes", a-t-il dit avant de suggérer, d'accord avec les syndicats, qu'il y avait lieu d'"épargner intelligemment".

Jean-Claude Reding a d'ailleurs souligné le fait que "certaines idées du ministre d'Etat se recoupent avec les idées des syndicats européens, comme l'inscription d'un socle de droits sociaux minimaux dans les traités européens". "Pour nous ce serait la question plus importante pour obtenir un équilibre qui, sinon, manque dans les discussions", a confié le syndicaliste.

"Le grand nombre de conflits sociaux qui va augmentant nuit aux salariés et à l'approche européenne qui pourrait être remise en cause. (…) Nous sommes d'accord sur beaucoup d'aspects avec Jean-Claude Juncker. En tout cas, l'Europe doit formuler d'urgence une réponse à la question sociale", a dit de son côté le président du LCGB, Patrick Dury.