Selon le rapport annuel 2012 de l'Agence européenne pour l'environnement sur la qualité des eaux de baignade en Europe qui a paru le 21 mai 2013, 94 % des sites de baignade de l'Union européenne sont conformes aux normes minimales de qualité de l'eau. La qualité de l'eau est excellente sur 78 % des sites et, par comparaison avec le rapport de l'année dernière, près de 2 % de sites supplémentaires respectent les normes minimales.
La Commission européenne observe dans son communiqué sur ce rapport que Chypre et le Luxembourg se distinguent, car tous leurs sites de baignade répertoriés présentent une excellente qualité de l'eau.
Dans le cas du Luxembourg, le nombre de sites de baignade contrôlés est passé, entre 2011 et 2012 de 20 à 11. Sur les 20 zones de baignade répertoriées en 2011, 10 étaient conformes aux valeurs guides. Elles sont désormais 11. On peut retrouver sur le site de l’Administration de la gestion de l’eau la liste de ces eaux de baignade, qui se concentrent autour du Lac de Weiswampach, du Lac de la Haute Sûre et des Etangs de Remerschen.
Dans un communiqué datant du 22 mai 2013, deux députés verts, Henri Kox et Camille Gira, accusent le gouvernement d’avoir obtenu ce bon résultat en supprimant de la liste scrutée par l’AEE des sites de baignade situés le long de certaines rivières polluées que les touristes utilisent néanmoins comme eaux de baignade.
Henri Kox estime que "cette manière de procéder n’est pas seulement sans gêne, mais aussi dangereuse pour l’homme et nuisible au tourisme." Pour lui, le gouvernement fait miroiter aux touristes une bonne qualité de l’eau, mais sur place ils se rendront compte du contraire et pourraient malgré tout se baigner dans les eaux qui ne sont plus répertoriées. En fin de compte, se sentant trompés, ils pourraient décider de ne plus revenir au Luxembourg, écrit le député.
Pour Camille Gira, le vrai problème, c’est le manque de centrales d’épuration et d’une agriculture qui ménagerait les ressources en eaux. Selon le député, 7 % seulement des eaux de surface sont dans un bon état, 54 % sont dans un état moyen et 39 % dans un état insatisfaisant ou mauvais. 60 % des eaux de source recèlent des résidus de pesticides. Bref, le rapport de l’AEE documente "une tromperie sur la marchandise".
Le communiqué des Verts a suscité le 28 mai 2013 une réponse du gouvernement venant du Ministère de l’Intérieur. Le gouvernement récuse l’accusation d’avoir pratiqué de « la tromperie sur la marchandise » en faisant retirer de la liste certains sites jusque-là considérés comme des sites de baignade. Il accuse les Verts d’avoir négligé "consciemment ou inconsciemment" de se référer à la directive 2006/7/CE du Parlement européen et du Conseil du 15 février 2006 concernant la gestion de la qualité des eaux de baignade. Cette directive "s'applique à toute partie des eaux de surface dans laquelle l'autorité compétente s'attend à ce qu'un grand nombre de personnes se baignent et dans laquelle elle n'a pas interdit ou déconseillé la baignade de façon permanente."
L’Our et la Sûre ne figurent plus sur la liste des sites de baignade depuis 2012, "sur base de la nouvelle méthode d’évaluation de la qualité des eaux de baignade" introduite par cette directive, car selon le gouvernement, ces deux rivières ne se prêtent pas, en raison de leur morphologie, à être des eaux de baignade. "Les nouveaux critères d’évaluation pour les eaux de transition dans lesquelles on ne peut pas nager ne peuvent pas être remplis, car ceux-ci sont destinés et applicables à des eaux en bords de mer et des lacs balnéaires", écrit le gouvernement. En supprimant les sites situés au bord de l’Our et de la Sûre de la liste des eaux de baignade officielles, "nous avons créé pour le secteur du tourisme luxembourgeois les mêmes conditions que celles qui valent pour les établissements situés du côté allemand de ces rivières frontalières", lit-on aussi.
Le gouvernement ajoute un autre argument, qui relève plus de la méthode. Il reproche aux Verts d’avoir confondu la directive sur les eaux de baignade et la directive-cadre "eau" "qui prescrit un bon état écologique et chimique pour les horizons 2015, 2021 et 2027". Le Luxembourg, assure le communiqué, est ici en train de réduire ses retards. L’Etat a versé depuis 2004 la somme de 428,215 millions d’euros aux communes pour des infrastructures de traitement des eaux résiduelles. La protection de l’eau potable avance aussi. Bref, "le reproche de l’inaction ne peut être maintenu".