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Economie, finances et monnaie - Emploi et politique sociale
Pour Patrick Dury, président du LCGB, la crise est politique et il faut redéfinir un nouveau modèle en Europe, ainsi qu’il l’a affirmé lors de son discours du 1er mai
01-05-2013


Patrick Dury, président du LCGB, a prononcé le 1er mai 2013 un discours politique placé sous le signe de la crise qui frappe l’Europe. Une crise qui touche de nombreux domaines, notamment le monde de la finance et l’économie,LCGB et qui fait vaciller des Etats entiers en Europe du fait de la crise de la dette, constate le syndicaliste. Cette crise est devenue une crise de confiance, diagnostique-t-il, à l’égard des institutions européennes, mais aussi, plus généralement, de la politique au niveau national et européen. Et les réponses apportées par les responsables politiques aux effets de cette crise lui apparaissent bien souvent inacceptables, ainsi qu’il l’a annoncé d’emblée dans un discours qui a aussi été l’occasion d’afficher le credo européen de son syndicat.

"Nous sommes pour une Europe des citoyens, où les riches ne deviennent pas toujours plus riches tandis que les pauvres sombrent toujours plus dans la misère"

Certes, reconnaît Patrick Dury, il convient de maîtriser les budgets de certains pays particulièrement touchés par la crise de la dette, mais il faut le faire de façon solidaire et équilibrée sur le plan social, estime-t-il. Or, dans la pratique, il en va tout autrement de la politique menée en Europe, dénonce le représentant syndical qui déplore des décisions prises sans égard pour les pertes qu’elles entraînent et pour la casse sociale et les conséquences dramatiques qu’elles risquent d’avoir. A ses yeux, la Grèce, le Portugal, l’Espagne, et maintenant aussi Chypre, sont, socialement parlant, "dos au mur", et les petites gens doivent y payer la facture laissée par des responsables politiques qui ont fait preuve d’irresponsabilité et de laisser-faire. Car les mesures prises dans ces pays pèsent sur les petites gens, dénonce Patrick Dury.

Résultat, "au lien d’oser plus d’Europe, au lieu de faire de la zone euro un espace économique commun, on mène une politique du chacun pour soi", déplore-t-il, en constatant qu’on laisse sur le carreau les pays à problème, ou plutôt les citoyens de ces pays, tandis que les petits pays ne comptent plus.

Pourtant, affirme Patrick Dury, convaincu que son sentiment est partagé dans la population et qu’il explique la montée des populismes et des nationalismes en Europe, il est clair que si un grand pays comme la France ou l’Italie devait être touché par de telles difficultés dans un proche avenir, les recettes appliquées aujourd’hui ne marcheraient pas.

La crise est politique et il faut redéfinir un nouveau modèle en Europe, en tire comme conclusion le responsable syndical pour qui il est temps désormais que les responsables politiques remettent enfin à leur place les spéculateurs grâce à des instruments réglementaires que l’on attend toujours depuis la crise bancaire et financière de 2008.

"Nous avons besoin d’Europe, nous sommes pour l’Europe", a affirmé Patrick Dury, précisant son credo en appelant de ses vœux "une Europe sociale, une Europe solidaire et une Europe pacifique". "Nous sommes pour une Europe des citoyens, où les riches ne deviennent pas toujours plus riches tandis que les pauvres sombrent toujours plus dans la misère", a-t-il conclu en appelant à une réaction des politiques en Europe.

La hausse du chômage, notamment chez les jeunes, et la remise en question du modèle social luxembourgeois en raison du déficit budgétaire sont les deux principales conséquences de la crise au Luxembourg pour Patrick Dury

Abordant ensuite la situation au Luxembourg, Patrick Dury a mis l’accent sur les deux principales conséquences de la crise sur le Grand-Duché, à savoir la hausse du taux de chômage, notamment chez les jeunes, et le déficit budgétaire de l’Etat, lié à l’impact de la crise sur la place financière, qui remet en question le modèle social luxembourgeois à moyen terme.

A ses yeux, la question est de savoir quel modèle économique pourra fonctionner au Luxembourg à l’avenir. Car la restructuration de la place financière qui est en cours n’est que "la pointe de l’iceberg", estime-t-il, évoquant la hausse du nombre de faillites et les turbulences connues par d’autres entreprises, comme Cargolux, Luxair ou encore ArcelorMittal. La récente annonce du gouvernement concernant le passage à l’échange automatique d’information, que Patrick Dury présente comme "la fin ultime du secret bancaire luxembourgeois", va faire sentir ses conséquences d’ici quelques années, augure-t-il au passage.

Pour faire face à cette situation, Patrick Dury préconise un renforcement de la protection sociale dans le secteur privé du Luxembourg. Et il juge à cet effet nécessaire une tripartite, seul moyen selon lui de trouver des solutions et d’élaborer un concept pouvant ramener à l’équilibre les finances publiques en garantissant le modèle social luxembourgeois et en apportant au problème du chômage les solutions adéquates.

"L’équilibre des finances publiques est important car il en va du fonctionnement du pays, mais aussi parce qu’il offre la base nécessaire sur laquelle s’appuie le système de sécurité sociale", estime Patrick Dury qui met toutefois en garde contre des mesures qui ne toucheraient que les salariés. Il faut donc trouver un concept permettant d’équilibrer le budget tout en répartissant le fardeau de façon plus juste sur le plan social. Et de ce point de vue, il voit la fin des préretraites solidarité comme un mauvais signal, tout comme la remise en question de l’aide au réemploi lui semble malvenue.

En matière de lutte contre le chômage, Patrick Dury plaide pour que le modèle de la cellule de reclassement qui a permis de restructurer la sidérurgie soit adapté à d’autres secteurs, tout en insistant sur le rôle que doit jouer la formation continue. Sans perdre de vue qu’il convient de renforcer le volet solidaire de l’économie luxembourgeoise. Encadrement social, formation et formation continue, orientation professionnelle et reconversions comptent parmi les mesures en faveur de l’emploi qu’il préconise.

Autre exigence du LCGB, le maintien du pouvoir d’achat des travailleurs et des pensionnés, et donc le maintien de l’index. "L’index n’est pas un élément de la politique sociale, mais l’unique garantie pour assurer notre pouvoir d’achat", a lancé Patrick Dury pour qui il est donc hors de question que l’index soit manipulé.

Patrick Dury a ensuite listé les revendications de son syndicat de façon à améliorer le système social luxembourgeois. Il exige par exemple la mise en place d’une pension complémentaire qui ne serait pas le privilège de quelques uns mais qui serait accessible à tous les salariés, tout en plaidant pour que la participation aux bénéfices de l'entreprise soit un droit pour tous les salariés. L’accent a aussi été mis sur la nécessité d’une réforme du système scolaire qui ne remette pas en cause le multilinguisme propre au Luxembourg et qui ne permette pas un nivellement par le bas. "La formation continue doit enfin être un droit pour tous les salariés", a plaidé le représentant syndical.

En conclusion, Patrick Dury a ouvert la voie au débat, annonçant pour le 20 juin 2013 une table-ronde sur l’avenir du modèle social luxembourgeois.