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Droits fondamentaux, lutte contre la discrimination - Éducation, formation et jeunesse - Emploi et politique sociale
Présentation du projet RiSE qui plaide pour une réinsertion des prisonniers par l’éducation et l’apprentissage
13-06-2013


Logo de RiSE (Reintegration into society through education and learning)Le 13 juin 2013, les représentants de 8 organisations issues de 6 Etats membres de l’UE – Allemagne, Autriche, Belgique, Finlande, Irlande, Luxembourg - ont présenté sous la houlette de Paula Gomes à la Maison de l’Europe dans le cadre d’un Partenariat d’apprentissage Grundtvig appelé RiSE (pour (Reintegration into society through education and learning) un document d’orientation européen dont l’objectif est l’établissement de nouvelles directives pour améliorer la réinsertion sociale et professionnelle des prisonniers. Les eurodéputés Georges Bach (CSV-PPE) et Claude Turmes (Verts européens), tous les deux membres de la commission Emploi (EMPL) du Parlement européen, ont participé à la présentation tout comme Luc Reding du Ministère de la Justice.

Mario Della Schiava, de l’association luxembourgeoise défijob qui lutte contre l’exclusion sociale des justiciables, notamment à travers l’insertion qui passe par l’éducation, la formation et la mise au travail considérés aussi comme des moyens de prévention de la délinquance et de la récidive, a parlé à la fois des conditions de détention choquantes qui existent en de nombreux lieux de détention en Europe et de l’accès très irrégulier que les prisonniers ont à l’éducation. Or, il se trouve, comme le précisent les protagonistes du projet, qu’une proportion importante des prisonniers est peu qualifiée, et moins de 5 % d’entre eux seulement ont les compétences requises pour une formation plus poussée.

Catherine Maunsell, chercheuse au Saint Patrick’s College de Dublin, et une des chevilles ouvrières du projet a décliné les grands principes autour desquels le projet se décline.

  1. La personne est placée au centre du projet : cela veut dire que "la prison est considérée comme un environnement d’apprentissage propice à la construction par les prisonniers d’un capital humain et social qui les accompagnera lors de leur réinsertion dans la société".
  2. Il s’agit d’une mission commune et coordonnée : cela veut dire que les personnels des prisons et les personnels éducatifs travaillent ensemble avec le prisonnier et que cette manière de faire est soutenue par les décideurs dans et en dehors de la prison. Un psychologue finlandais a précisé les choses : souvent l’offre éducative va vers les prisonniers, mais la demande ne vient pas d’eux ou bien un programme ne se déroule pas vraiment avec eux. Aussi est-il important de mettre en avant les forces du prisonnier, ce qui l’aidera à formuler son nouveau projet de vie avec les personnes qui l’accompagnent.  
  3. Il y a une continuité dans l’éducation et l’apprentissage : cela veut dire que la prison est considérée comme un environnement dont le but est l’apprentissage.
  4. L’on se basera sur les acquis et les évidences de l’expérience : cela veut dire que tout ce qui est fait est basé sur de bonnes pratiques et que tout ce qui est envisagé est du domaine du possible.
  5. Le projet s’entend comme un plaidoyer en faveur de l’éducation et de l’apprentissage en prison.     

La sociologue berlinoise Irina Meyer a souligné les grands déficits sur ces points dans l’UE et le peu d’attention dont la question de la réinsertion des prisonniers bénéficie dans l’UE et en Europe en général. Une des raisons pour lesquelles le projet ne s’insère pas dans un programme lié au domaine politique "Justice et Affaires intérieures" (JAI), mais dans un programme lié au Lifelong Learning, le programme Grundtvig, qui est un programme sectoriel axé sur l’éducation des adultes tout au long de la vie, est selon elle qu’il faut rendre une certaine normalité à la démarche éducative vis-à-vis des prisonniers. D’où aussi leur démarche de demander à des eurodéputés membres de la commission Emploi de se joindre à la présentation du projet RiSE.

La remise par Paula Gomes du dossier RiSE aux eurodéputés Claude Turmes et Georges Bach, ainsi qu'à Luc Reding, du Ministère de la Justice, le 13 juin 2013 à LuxembourgLuc Reding, conseiller à la direction des affaires pénales et judiciaires du Ministère de la Justice, a abondé dans ce sens. Pour lui, l’UE découvre seulement la réalité pénitentiaire et le défi majeur que représente la réinsertion à la sortie de prison. Par ailleurs, ce genre de démarche est mal perçu par une société qui se voit d’un côté et le monde carcéral de l’autre, alors que selon le juriste luxembourgeois, la prison est une partie de la société.

L’eurodéputé Georges Bach a expliqué quant à lui que c’est une visite au centre de Givenich, qui est une prison semi-ouverte où pendant la journée les détenus sont occupés dans différents ateliers ou bien exercent une activité professionnelle à l'extérieur de l'établissement pénitentiaire et où pendant la nuit ils sont enfermés dans leur cellule, qui l’a sensibilisé à la question de la réinsertion. En tant que membre de la commission EMPL, il est d’avis qu’il faut accorder plus d’attention à la minorité sur le marché de l’emploi que sont les prisonniers et faire entendre leur voix, et cela surtout dans le contexte actuel qui est encore plus difficile à cause de la crise.

Claude Turmes a particulièrement soutenu l’idée que tout doit se tourner autour de la personne. La création ou l’obtention d’emplois est possible à travers des réseaux, et RiSE en est un pour lui. Le projet relève pour lui de l’innovation, dans le sens où il mise sur la recherche et le développement humain qui reste pour lui "la plus grande source de croissance".