Alors qu'il est indispensable de légiférer au niveau de l'Union dans de nombreux domaines, l'UE est souvent accusée d'étouffer les entreprises, en particulier les plus petites, ou de trop intervenir dans la vie quotidienne des citoyens.
Selon l’Eurobaromètre de juillet 2013, 74 % des Européens, et même 80 % des résidents du Luxembourg, estiment que l’UE génère trop de bureaucratie, et pour 24 % d’entre eux, l’UE est tout simplement de la bureaucratie, une appréciation qui est au Luxembourg même partagée par 30 % des personnes interrogées.
"Pour répondre à cette préoccupation", la Commission européenne dit de ses travaux qu’elle "s'est attachée ces dernières années à rationaliser la législation et à réduire les contraintes réglementaires".
Le 2 octobre 2013, la Commission a pris une mesure qu’elle juge "importante" pour faire en sorte que la législation de l’UE soit adaptée à sa finalité. Dans une communication, elle explique, domaine d'action par domaine d'action, où elle entend prendre de nouvelles mesures en vue de simplifier ou de retirer la législation de l’UE, d’alléger la charge pesant sur les entreprises et de faciliter la mise en œuvre.
Cette communication fait suite à un réexamen de l'intégralité de la législation de l'UE. La Commission a également annoncé aujourd’hui son intention de publier un tableau de bord destiné à suivre les progrès réalisés à cet égard aux niveaux européen et national. Cette démarche s’inscrit dans le cadre de son programme pour une réglementation affûtée et performante (REFIT).
Le président Barroso a déclaré à ce sujet: "L’Europe est là pour nous aider à trouver des solutions aux grands défis auxquels nous sommes collectivement confrontés. Cependant, pour être efficaces, nous devons veiller à faire porter nos actions sur les bonnes priorités et à bien doser la réglementation. Tout ce qui est bon ne l'est pas forcément au niveau européen. Réfléchissons à deux fois avant d'agir à l’échelon européen".
Le président a ajouté: "Avec le programme REFIT, la Commission a entrepris l'opération la plus ambitieuse à ce jour pour alléger et simplifier la législation de l'UE. Ce n'est pas parce nous appliquons avec force et détermination les principes de subsidiarité et de proportionnalité que nous remettrons en question les avantages importants que retirent les citoyens et les entreprises de la réglementation de l’UE, notamment des règles sur lesquelles repose le marché unique. Aujourd’hui, le programme REFIT préfigure avec pragmatisme l'avenir de la réglementation en Europe, et ce juste quelques mois avant les élections européennes de mai 2014."
Dans la communication de ce jour sur les résultats et les prochaines étapes du programme pour une législation affûtée et performante - "REFIT", la Commission décrit dans les grandes lignes ce qui a été fait ces dernières années pour veiller à ce que les actes législatifs de l'UE restent adaptés à leur finalité en les simplifiant et en réduisant les coûts.
Ces dix dernières années, la Commission a engagé un vaste programme de réformes dans différents domaines d'action. Il s'est agi notamment de propositions visant à réduire le coût du déploiement du haut débit, de la directive-cadre sur l'eau, de l'initiative sur le code des visas Schengen, de la directive sur les droits des consommateurs, de la directive sur les services, du règlement sur le brevet unitaire et du code des douanes de l'Union.
Depuis 2005, la Commission a approuvé 660 initiatives visant à une simplification, à une codification ou à une refonte. Plus de 5 590 actes législatifs ont été abrogés.
La consultation «Top 10» des PME sur les actes législatifs de l'UE qu'elles considèrent comme les plus contraignants a permis d'intégrer les priorités des entreprises dans le programme de la Commission concernant la réglementation affûtée. Des améliorations concrètes ont été introduites en faveur des PME.
Ainsi, les exigences relatives aux appareils de contrôle (tachygraphes) dans le transport routier sont en cours de simplification et les redevances que les PME doivent verser dans le cadre du règlement REACH ont été réduites entre 35 et 95 %; une déclaration de TVA standard sera proposée dès octobre.
Entre 2007 et 2012, la charge administrative a été réduite de 26 % pour les entreprises, ce qui équivaut à une économie de 32,3 milliards d’euros par an; 5 milliards supplémentaires seront économisés lorsque les actes législatifs concernés seront adoptés par les colégislateurs.
La Commission est allée au-delà de cet objectif en présentant des propositions susceptibles de réduire la charge administrative de 33 % (près de 41 milliards d’euros).
"Malheureusement, une partie de ce potentiel d'économies, estimée à plus de 3 milliards d’euros, a été perdue dans le processus législatif, au gré des modifications apportées aux propositions de la Commission", souligne la Commission, renvoyant ainsi la balle dans le camp du Conseil, du Parlement européen et des parlements nationaux
La promotion de la facturation électronique dans le domaine de la TVA ainsi que les exemptions ou les régimes spéciaux en faveur des PME dans les domaines de la comptabilité, des déchets électroniques et des statistiques du commerce intra-UE comptent parmi les principaux résultats obtenus.
La Commission pense que la manière dont ses réglementations sont élaborées a fortement évolué: les analyses d'impact, les consultations des parties prenantes (notamment des partenaires sociaux) et les évaluations ex post sont appliquées systématiquement en son sein et seront encore renforcées.
La communication du 3 octobre présente des initiatives législatives visant la simplification et la réduction des formalités administratives en cours d'examen par les colégislateurs, par exemple, dans le domaine de la santé des animaux, de la sécurité des produits de consommation, de la surveillance des marchés, des marchés publics, de l'assiette commune consolidée pour l'impôt sur les sociétés, des essais cliniques avec des produits pharmaceutiques et des voyages à forfait;
Elle dresse aussi une liste des domaines dans lesquels des actions supplémentaires seront à mener en 2013-2014 en vue de simplifier la législation existante au moyen de modifications et d'une consolidation de la législation de l'UE en vigueur (notamment dans les domaines de l'information et de la consultation des travailleurs, des statistiques des entreprises, du droit des sociétés, de l'introduction d'une déclaration de TVA standard, des mesures sur la zootechnie et des règlements sur les échanges commerciaux).
L'examen du travail législatif a ainsi permis de recenser les domaines qui doivent faire l'objet d'une évaluation destinée à mettre en évidence les mesures susceptibles d'alléger la charge réglementaire afin d'atteindre à moindre coût les objectifs que l'UE s'est fixés en ce qui concerne les politiques à mener et de tirer un meilleur parti de la réglementation de l'UE.
D'ici à la fin de 2014, la Commission aura réalisé ou lancé 47 évaluations, bilans de qualité ou d'autres rapports en vue de réduire la charge réglementaire.
Un effort particulier est fourni dans les domaines de l'environnement, des entreprises et de l'industrie et de l'emploi. Il s'agira notamment de nouveaux bilans de qualité dans les domaines des substances chimiques non couvertes par le règlement REACH, de NATURA 2000, de la réception des véhicules à moteur, des déchets et de la législation alimentaire générale.
Des évaluations axées sur une réglementation bien affûtée ont aussi été programmées en ce qui concerne la santé et la sécurité au travail, la directive sur les travailleurs intérimaires, la directive relative à l'évaluation et à la gestion du bruit dans l'environnement, la directive sur les recours dans les marchés publics et le régime d'accises.
La Commission commence également à prévoir l'évaluation de la cohérence de toutes les nouvelles règles de l'UE dans le secteur des services financiers.
La communication du 2 octobre 2013 recense par ailleurs les domaines dans lesquels la Commission envisage de retirer des propositions en suspens et d’abroger des actes législatifs de l'UE existants. De manière générale, une distinction peut être opérée entre les cas suivants:
La communication décrit ensuite dans les grandes lignes les nouvelles actions horizontales destinées à rendre la législation de l'UE adaptée à sa finalité.
La Commission souhaite par exemple recenser les obligations administratives découlant de la législation de l’UE et de sa mise en œuvre au niveau national et les réexaminer régulièrement afin de voir où il est possible de les réduire. Les échanges de bonnes pratiques entre les États membres seront facilités afin de rendre la mise en œuvre de la législation de l’UE la moins contraignante possible.
La Commission veut aussi prendre des mesures spécifiques pour faciliter la mise en œuvre des nouvelles obligations, notamment dans les domaines qui intéressent particulièrement les PME.
La Commission recensera également toutes les initiatives législatives relevant du programme REFIT, y compris les retraits, les abrogations et les consolidations, dans son programme de travail annuel. Les entreprises, notamment les PME, et toutes les autres parties intéressées seront en mesure de proposer des domaines dans lesquels il leur semble possible de réaliser des bilans de qualité.
Finalement, la communication annonce la publication annuelle d’un tableau de bord REFIT destiné à suivre les progrès réalisés aux niveaux européen et national et à faciliter le dialogue sur la qualité de la réglementation avec les citoyens, les États membres, les entreprises et la société civile au sens large.
Pour que l'attachement à la réglementation intelligente se traduise par des résultats concrets, la Commission déclare que "le Parlement européen et le Conseil doivent faire preuve d'une ambition comparable, de sorte que les mesures proposées pour simplifier et réduire la charge réglementaire puissent être adoptées rapidement". Un appel que la Commission complète en disant qu’elle "compte y veiller en ne ménageant aucun effort aux côtés des autres institutions". Elle dit aussi qu’elle "continuera de collaborer étroitement avec les États membres et les parties prenantes afin de recueillir les avis et les suggestions concernant la qualité de la réglementation qui peuvent être traités dans le cadre du programme REFIT et d’améliorer encore son efficacité."
La Confédération européenne des syndicats (CES) a été la première à réagir et à regretter l’approche suivie par la Commission. Pour la CES, cette approche va dans le sens d’une déréglementation et dit "non aux attaques contre les droits des travailleurs".
La CES constate qu’il n’y aura pas de nouveau programme pour la santé et la sécurité. L’accord auquel les partenaires sociaux sont parvenus dans le domaine de la santé et de la sécurité pour les coiffeurs est bloqué. La Commission veut selon la CES "affaiblir la législation sur l’information et la consultation des travailleurs pour la rendre plus favorable aux entreprises".
La CES n’apprécie pas non plus que la Commission annonce entre autre l’allègement de la législation sur l’information en matière de contrats d’emploi et de travail intérimaire qui fera l’objet d’un examen minutieux. "Par le passé, la Commission a produit des programmes sociaux visant à tirer nos sociétés vers le haut. La CES est consternée face à l’actuel manque d’initiatives pour établir ou renforcer des conditions équitables pour la protection des travailleurs", lit-on dans le communiqué.
Bernadette Ségol, la secrétaire générale de la CES, a déclaré : "Le marché intérieur n’est acceptable que s’il est mis en œuvre sur base de règles sociales solides. Le programme REFIT de la Commission bloque tout progrès en ce sens. Nous avons besoin de droits sociaux pour l’ensemble des travailleurs européens. La dimension sociale de l’UE avec ses indicateurs ne rencontre pas cet objectif."