Les élèves luxembourgeois sont au cœur de l'Europe, mais en connaissent-ils les origines, le fonctionnement de ses institutions et ses réalisations concrètes? A la veille des élections européennes du 25 mai 2014, la question mérite d’être posée, et y répondre se veut justement l’objectif de l’exposition interactive "Europa fir Dech a mech – ON TOUR", organisée par la Représentation de la Commission européenne au Luxembourg, en collaboration avec le Bureau d'information du Parlement européen, et qui est proposée aux lycées luxembourgeois.
Inaugurée officiellement au Lycée Aline Mayrisch à Luxembourg par le ministre des Affaires étrangères et européennes, Jean Asselborn et le secrétaire d'Etat à l'Education nationale, à l'Enfance et à la Jeunesse, André Bauler, le 23 janvier 2014, l’exposition vise ainsi à expliquer la construction et l'intégration européennes aux jeunes.
"Malheureusement les connaissances des élèves sur l’Europe restent souvent insuffisantes", estime Georges Bingen, le chef de la représentation de la Commission. "Ce n’est pas de la faute des enseignants ou des élèves, mais c’est un sujet qui occupe trop peu de place dans les programmes scolaires. Avec cette exposition, nous espérons susciter l’intérêt et la curiosité des élèves, c’est pourquoi elle a été conçue pour être attractive, accessible et simple".
L’occasion était donc toute choisie pour présenter un ouvrage édité par la Commission européenne, en coopération avec l'Institut Pierre Werner, sous le titre "Comprendre la construction européenne", à destination des éducateurs et multiplicateurs. "La Représentation de la Commission européenne au Luxembourg a voulu donner une valeur ajoutée au contenu, en intégrant les principales étapes de l’histoire du Luxembourg dans le contexte de l’histoire de l’Europe, en amplifiant les développements sur le fonctionnement des institutions et l’action de l’UE et en soulignant tout particulièrement les liens avec le Luxembourg", peut-on lire dans la présentation de l’ouvrage.
Concrètement l’exposition est composée de six panneaux visuels - agrémentés de vidéos explicatives - reprenant chacun une thématique particulière. Sont abordés la construction européenne depuis ses débuts, les chiffres représentatifs de l’Europe, les bénéfices engendrés par l’UE notamment pour les citoyens, le budget de l’Union, le fonctionnement des institutions et enfin les valeurs de l’Europe.
Une des particularités de l’exposition est qu’elle se veut itinérante. Ainsi est-elle censée s’installer pour une période de deux semaines dans un lycée avant de migrer vers le suivant. "Avec une quarantaine de lycées au Luxembourg, nous sommes confiants que l’exposition sera un succès, et nous invitons les directeurs de lycées intéressés à nous contacter", poursuit Georges Bingen. Elle sera d’ailleurs régulièrement mise à jour et les suggestions des élèves et des enseignants "sont les bienvenues", ajoute le chef de la représentation, qui dit espérer "qu’elle durera plusieurs années".
Pour le secrétaire d’Etat à l'Education nationale, à l'Enfance et à la Jeunesse, André Bauler, la thématique de la relation des jeunes à l’Europe soulève de nombreuses questions. "L’Europe n’est pas uniquement un marché intérieur et ne peut être réduite à sa dimension économique et financière, c’est bien plus que ça. L’Europe est une communauté d’intérêts où les valeurs démocratiques sont cruciales. Mais il est intéressant de se demander comment les jeunes voient l’Europe qui est aujourd’hui un vieux projet, comment voient-ils l’Europe en tant que continent, en tant qu’histoire, en tant qu’identité géopolitique?"
Le secrétaire d’Etat estime par ailleurs que dans le cadre scolaire, l’Europe est trop circonscrite à certaines matières - cours d’éducation civique, d’économie, de connaissance du monde contemporain dans la filière technique - et donc trop peu abordée. "Je pense que nous devons choisir une approche qui conduise à aborder l’Europe dans davantage de cours et de manière régulière", a-t-il déclaré.
Le ministre des Affaires étrangères et européennes, Jean Asselborn, a pour sa part insisté sur le projet européen en tant que projet de paix. Celui-ci a notamment rappelé que si l’Union européenne n’était pas un instrument militaire pour imposer la paix à l’extérieur de ses frontières, elle n’en était pas moins l’un des plus importants donateurs en termes d’aide humanitaire et jouait également un rôle dans l’accueil des réfugiés de conflits comme celui qui se déroule en Syrie. Un rôle néanmoins modeste par rapport aux pays voisins du territoire syrien a-t-il rappelé.
"Le projet européen doit être porté comme un projet de paix, sinon l’Europe disparaît de la carte", a souligné le ministre des Affaires étrangères. "Il faut se rendre compte de l’énorme chance que nous avons surtout lorsqu’on voit la misère dans le monde. La démocratie reste le meilleur des systèmes, il est vrai que les politiciens sont ce qu’ils sont, nous ne changerons pas le monde… Mais je pense que les jeunes qui ont la chance de vivre en Europe doivent croire dans le projet européen et le défendre".
Et Jean Asselborn de conclure: "Il ne faudrait pas penser, comme certaines tendances le font en France, aux Pays-Bas, en Autriche ou ailleurs, que le Luxembourg pourrait s’en sortir mieux sans l’Europe. L’équation que certains font est simple: jetons les Européens et les étrangers dehors, et tous les problèmes disparaîtront. C’est tout simplement faux. Croyez en l’Europe, défendez-là, même si parfois elle est difficle à comprendre".