Selon les prévisions économiques d'hiver de la Commission européenne, publiées le 25 février 2014, la reprise économique se poursuivra dans la plupart des États membres et pour l'UE dans son ensemble.
Après la sortie de la récession au printemps 2013 et trois trimestres consécutifs de timide reprise, les prévisions tendent vers une augmentation modérée de la croissance.
Après une croissance du PIB réel de 1,5 % dans l'UE et 1,2 % au sein de la zone euro en 2014, l'activité économique devrait connaître en 2015 une accélération, à 2 % dans l'UE et 1,8 % dans la zone euro.
Chacun de ces chiffres représente une révision à la hausse de 0,1 point de pourcentage par rapport aux prévisions de l'automne 2013.
Selon la Commission, « le renforcement de l'activité aussi dans les pays vulnérables est une nouvelle tendance qui devrait se poursuivre. »
Les indicateurs à haute fréquence montrent pour la Commission de très nets signes d'amélioration dans la plupart des pays. Seuls deux Etats membres, Chypre et la Slovénie, seront en récession en 2014, mais ne le seront plus en 2015. La croissance sera la plus forte en 2014 en Lituanie (3,5 %), en Pologne (2,9 %), en Suède et au Royaume-Uni (2,5 %), en Roumanie, en Estonie et en Slovaquie (2,3 %), au Luxembourg (2,2 %), en Hongrie et à Malte (2,1 %). Elle sera la plus faible en Finlande (0,2 %), en Croatie (0,5 %), en Grèce et en Italie (0,6 %), au Portugal (0, 8%), en Espagne, en France et aux Pays-Bas (1 %).
Cependant, compte tenu des caractéristiques des reprises qui ont suivi de précédentes crises financières profondes, le redressement actuel de la conjoncture semble à la Commission "relativement mitigé dans l'ensemble".
Cette faiblesse traduit les incidences durables, bien qu'atténuées, de la crise économique en matière de pression exercée en faveur du désendettement, de contraintes de financement et de besoins d'ajustement interne et externe. Même si les conditions de financement sont en général favorables, de grandes différences subsistent entre les États membres et entre les entreprises de tailles différentes.
Toutefois, après avoir décliné fortement pendant plusieurs trimestres, les investissements ont rebondi et devraient s'accélérer au cours de la période de prévision, y compris, dans une certaine mesure, dans le secteur de la construction, pour arriver à une hausse de 2,3 %. Le recul des incertitudes devrait soutenir le renforcement de la demande, qui devrait être le moteur clé de la croissance face à l'affaiblissement progressif des facteurs susmentionnés.
Le marché du travail se caractérise par une situation de l'emploi qui se stabilise lentement et un taux de chômage qui reste, avec 12 % dans la zone euro et 10,7 % dans l’UE, élevé, étant donné que l'évolution de ce marché est généralement en retard d'un semestre ou plus par rapport à celle du PIB.
La Commission prévoit une faible augmentation de l'emploi à compter de 2014 et à une baisse du taux de chômage qui devrait tendre vers 10,4 % dans l'UE et 11,7 % au sein de la zone euro d'ici 2015, ce qui reste un taux très élevé qui cache de fortes disparités entre les pays, la Grèce et l’Espagne gardant toujours en 2015 un taux de chômage autour de 24 %.
Une faible inflation des prix à la consommation devrait prévaloir dans l'ensemble de l'UE et de la zone euro en 2014, à hauteur de respectivement 1,2 % et 1 %, avant de légèrement augmenter, d'environ ¼ de point de pourcentage, en 2015 lorsque la croissance économique s'accélérera.
Ces dernières années, les balances courantes des États membres vulnérables ont connu une amélioration après des gains constants de compétitivité des prix et un renforcement de leurs filières d'exportation. Plusieurs de ces économies devraient enregistrer des excédents de leur balance courante en 2014 et 2015, comme l’Espagne (1,6 et 1,8 % en 2014 et 2015) ou le Portugal (0,8 et 1,1 %).
La réduction des déficits publics devrait se poursuivre. En 2014, les déficits budgétaires nominaux devraient tomber à 2,7 % du PIB dans l’UE et à 2,6 % dans la zone euro, alors que le ratio dette/PIB atteindrait près de 90 % dans l’UE et 96 % dans la zone euro. Le rythme de l'assainissement sur le plan de l'équilibre budgétaire structurel indique une orientation budgétaire globalement neutre. L’Allemagne aura un budget en équilibre en 2014. La Belgique reste avec un déficit de 2,8 % dans les limites des 3 % des critères de Maastricht. La France et le Portugal auront par contre un déficit budgétaire de 4 %. Le déficit du Luxembourg en 2014 sera avec 0,5 % l’un des plus bas.
"Les risques sont plus équilibrés qu'à l'automne", estime la Commission. "Le principal risque d'une révision à la baisse de la perspective de croissance proviendrait d'une nouvelle perte de confiance qui pourrait découler d'une stagnation des réformes au niveau national et européen. "
Cela augmenterait pour la Commission la probabilité d'une croissance faible sur une longue période en Europe et aurait des conséquences négatives sur l'activité économique durant la période de prévision.
Tandis que l'évolution actuelle des prix traduit à la fois des facteurs externes et le processus d'ajustement en cours, une inflation très faible sur une période prolongée dans la zone euro entraînerait des risques pour le rééquilibrage de l'économie. Toutefois, étant donné le renforcement progressif de la reprise et le regain de confiance, il n'existe qu'une probabilité marginale de chocs assez importants pour invalider les prévisions d'inflation et faire entrer l'UE en déflation, pense la Commission.
Mais la crainte d’un risque à la hausse existe aussi, à savoir une reprise plus forte que prévu, qui pourrait se produire si de nouvelles réformes structurelles audacieuses sont mises en œuvre. Cela entretiendrait des effets de rétroaction positifs entre la confiance, la croissance économique - surtout de l'investissement - et la capacité du secteur bancaire à accorder des prêts.
En résumé, la Commission s’attend à une croissance de l’économie luxembourgeoise supérieure à la moyenne de la zone euro et de l‘UE. Le potentiel de croissance du secteur pourrait être entamé mais sa contribution au bilan économique restera positive. La croissance de l’emploi continuera, avec 1,7 % en 2014 et 1,9 % en 2015, mais en-deçà de son rythme historique d’avant la crise qui était de 4,2 % entre 1998 et 2003 et de 3,6 % entre 2004 et 2008. Mais les revenus de l’e-commerce diminueront fortement à partir de 2015, lorsque les règles de la TVA sur ces opérations changeront en faveur des pays de destination de la transaction.
La reprise de l’économie luxembourgeoise en 2013, où elle affichait une croissance évaluée à 2,1 %, est considérée « fragile et inégalement répartie entre les secteurs ». En 2014, le PIB devrait augmenter de 2,2 % et de 2,5 % en 2015.
L’impact des nouvelles règles de régulation du secteur financier sur la place financière de Luxembourg ne peut pas encore être évalué, mais la Commission estime qu’il va réduire le potentiel de croissance de ce secteur dont la contribution continuera néanmoins d’être positive. Tout dépendra de sa capacité à s’adapter au nouvel environnement réglementaire, dont l’échange automatique d’informations.
Par ailleurs, une légère hausse de l’activité industrielle et un taux d’investissement de 2,9 % en 2014 et de 1,8 % en 2015 (ce dernier fortement inférieur à la moyenne projetée pour la zone euro de 3,6 % et de l’UE de 4,2 %) traduisent une reprise en 2014 et 2015, même si celle-ci est inégalement répartie selon les secteurs, les investissements se pratiquant davantage dans les industries aéronautiques et satellitaires.
La consommation des ménages progressera de 2,3 % en 2014 et de 2,6 % en 2015, parallèlement avec l’augmentation du revenu disponible.
Les exportations augmenteront grâce à une meilleure demande externe. Mais leur contribution à la croissance déclinera vu l’augmentation des importations dues à une demande intérieure en hausse.
L’inflation sera de 1,5 % en 2014 et de 1,7 % en 2015, supérieure à celle de l’UE et de la zone euro.
La création d’emplois, avec 1,7 % en 2014 et 1,9 % en 2015, sera marquée par les évolutions dans le secteur financier, qui pourraient être positives, et le chômage devrait passer de 6 % en 2014 à 5,9 % en 2015, un chiffre qui vaut déjà pour 2013. En d’autres mots : un chômage structurel autour de 6 % s’installe.
Le déficit budgétaire devrait, à politique inchangée, être de 0,5 % en 2014 et de 2,4 % en 2015. La dette publique pourrait alors passer de 24,3 % en 2013 à 25,5 % en 2014 et 28,1 % en 2015, notamment, dit la Commission, « parce les excédents du secteur de la sécurité sociale ne peuvent pas être utilisés pour financer le déficit de l’administration centrale ». Avec le vote du budget 2014 à la Chambre des députés le 24 avril 2014, ces donnes devraient néanmoins changer.