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Justice, liberté, sécurité et immigration
Le Parlement européen a adopté une résolution non contraignante appelant à sanctionner les clients et non les prostituées
26-02-2014


Le 26 février 2014, les eurodéputés réunis en plénière ont adopté une résolution non contraignante appelant les États membres à tenter de réduire la prostitution en sanctionnant les clients et non les prostituées. Le texte souligne que la prostitution, qu’elle soit forcée ou volontaire, viole la dignité humaine et les droits de l'homme. La résolution appelle les États membres à trouver des stratégies de sortie et d'autres sources de revenus pour aider les femmes qui veulent sortir de la prostitution.

“Plutôt qu’une légalisation globale – qui a été un désastre en Hollande et en Allemagne – nous avons besoin d'une approche plus nuancée de la prostitution, qui sanctionne les hommes qui traitent le corps des femmes comme une marchandise, sans criminaliser ceux ou celles qui sont entrainés dans le travail sexuel," a expliqué Mary Honeyball (S&D), qui a rédigé la résolution. “Nous envoyons un message fort: le Parlement européen est assez ambitieux pour lutter contre les causes de la prostitution plutôt que de les accepter comme une réalité."

La résolution non-contraignante a été adoptée par 343 voix pour, 139 contre, et 105 abstentions.

Réduire la demande de la prostitution en criminalisant le client

La plupart des députés estiment que le meilleur moyen de combattre la prostitution et le trafic d’êtres humains est le "modèle nordique", appliqué en Suède, Islande et Norvège. Ce modèle considère la prostitution comme une violation des droits de l’homme et une forme de violence à l'égard des femmes. Il criminalise ceux qui achètent des actes sexuels plutôt que ceux qui les vendent. Les députés appellent les États membres à prendre le “modèle nordique" en exemple.

Acheter des services sexuels de la part de prostituées en dessous de l’âge de 21 ans devrait être un délit pénal dans l’ensemble de l’UE, ont-ils ajouté.

Combattre la traite d'êtres humains et l’exploitation sexuelle

Les députés mettent en lumière les chiffres de la Commission qui montrent que 62 % des victimes du trafic d'êtres humains le sont à des fins d'exploitation sexuelles et que 96  % des personnes identifiées sont des femmes ou des jeunes filles. Selon les députés, les États membres devraient renforcer leurs politiques pour combattre la traite d'êtres humains et mieux protéger les victimes.

Aider les femmes à sortir des réseaux

La résolution appelle les autorités nationales à mettre en place des systèmes pour soutenir les femmes qui souhaitent sortir de la prostitution et pour les aider à trouver d’autres sources de revenus. Améliorer l'éducation et la lutte contre la pauvreté, qui pousse les femmes et les enfants à se prostituer, est nécessaire pour prévenir la prostitution, ont ajouté les députés.

Pour Astrid Lulling, qui ne voit pas le modèle nordique comme la seule option pour lutter contre la traite, il importait de faire la distinction entre prostitution et prostitution forcée

Astrid Lulling (PPE), seule parlementaire luxembourgeoise à avoir voté en faveur de cette résolution, a pour sa part fait connaître sa position par voie de communiqué.

Loin de partager l’idée que le modèle nordique devrait servir d’exemple et qu’il serait la seule option pour lutter contre la traite, Astrid Lulling explique avoir voté contre les articles qui prônent la criminalisation des clients comme le modèle à suivre par tous les Etats membres. Elle est d’avis que la législation relative à la prostitution doit rester dans les compétences des Etats membres, qui ont tous une approche différente de la question.

L’eurodéputée luxembourgeoise a toutefois co-signé les amendements de compromis pour que ce rapport d’initiative fasse une distinction entre prostitution et prostitution forcée. "Il est important de respecter le choix de certaines personnes, qui décident de travailler dans ce secteur, mais il est tout aussi important de lutter contre la traite des êtres humains et la prostitution forcée", a-t-elle expliqué.