A l’occasion d’un sommet syndical "sans précédent" organisé à Bruxelles le 19 mars 2014 par la Confédération européenne des syndicats (CES), les dirigeants syndicaux européens ont une nouvelle fois "tiré la sonnette d’alarme" et se sont inquiétés du fait que la relance était "remise en cause par la baisse des salaires", rapporte le communiqué diffusé par la CES.
Tenu en vue du Conseil européen des 20 et 21 mars, le sommet syndical a rassemblé les dirigeants syndicaux européens, dont le secrétaire général du syndicat luxembourgeois OGBL, André Roeltgen et Véronique Eischen, responsable de la politique européenne de l’OGBL.
Bernadette Ségol, la secrétaire générale de la CES, a répété une nouvelle fois que "l’austérité ne fonctionne pas, l’Europe a besoin d’une nouvelle voie. Elle a besoin d’investissements pour créer des emplois".
La secrétaire générale s’est notamment inquiétée du fait qu’"au cours des cinq dernières années, les salaires réels ont chuté dans la plupart des pays de l’UE". La CES souligne en effet que depuis 2009, les salaires réels (ajustés en fonction de l’inflation et sans tenir compte de l’augmentation des impôts directs) ont diminué dans 18 des 28 Etats membres – de 23 % en Grèce, de 12 % en Hongrie, de plus de 6 % en Espagne et au Portugal et de plus de 4 % aux Pays-Bas et au Royaume-Uni.
Prenant le contre-pied de la politique d’austérité, la CES propose dès lors un programme d’investissement qu’elle veut "ambitieux".
La Confédération estime que 250 milliards d’euros sur 10 ans pourraient générer 11 millions de nouveaux emplois. Cet investissement "ne représente qu’un quart de ce qui a été dépensé pour sauver les banques et un quart de ce qui est perdu chaque année en raison de l’évasion et de la fraude fiscales", souligne encore le communiqué de la CES.
D’autant plus que la CES souligne que:
Lors du sommet syndical, Bernadette Ségol a encore déclaré: "Demain, le Conseil européen discutera de politiques économique, industrielle et énergétique. Ces politiques pourraient relancer la croissance. Mais elles n’y parviendront pas parce que la politique industrielle ne dispose pas d’instruments pour créer des emplois, la politique énergétique manque d’ambition et la politique économique est basée sur l’austérité et la déréglementation. Ce sont de mauvaises politiques."
"Avec les politiques d’austérité actuelles, l’Europe est face à une décennie et à une génération perdues – perdues pour cause de chômage, de migration et de désespoir", met-elle encore en garde.
Le message syndical a été remis personnellement par la secrétaire générale de la CES et d’autres dirigeants syndicaux au président de la Commission européenne, au Conseil européen et à la présidence du Conseil lors du sommet social tripartite, le 20 mars 2014, juste avant la réunion du Conseil européen.