Outre les taux de chômage qui ont atteint dans l’Union européenne et la zone euro des niveaux records avec respectivement 10,6 % et 11,9 % en février 2014, d’autres phénomènes, tels le sous-emploi, ne sont pas négligeables sur le marché de l’emploi européen, ce qu’Eurostat révèle dans une analyse des résultats 2013 de l’enquête communautaire sur les forces de travail publiée le 10 avril 2014.
D’après l’office statistique européen, la population de l’UE âgée de 15 à 74 ans peut ainsi être classée en trois groupes: en 2013, Eurostat dénombrait 216,4 millions de personnes ayant un emploi, 26,2 millions de chômeurs et 137,2 millions de personnes économiquement inactives.
Près de 20,2 % des personnes qui occupaient un emploi, soit 43,7 millions étaient des travailleurs à temps partiel. Parmi ces derniers, 9,9 millions d’individus (soit 22,7 % des travailleurs à temps partiel et 4,6 % des personnes ayant un emploi) se trouvaient en situation de sous-emploi, c'est-à-dire souhaitant travailler un plus grand nombre d’heures et étant disponibles pour les prester.
L’office statistique relève par ailleurs que la catégorie de la population économiquement inactive (c’est-à-dire les personnes autres que celles ayant un emploi ou étant au chômage) peut être affinée en deux sous-catégories : les personnes âgées de 15 à 74 ans qui sont disponibles pour travailler mais qui ne recherchent pas un emploi et qui, en 2013, étaient quelque 9,3 millions et celles recherchant un emploi mais temporairement indisponibles. En 2013, elles étaient 2,2 millions.
Bien que ne faisant pas partie de la population économiquement active, ces deux groupes de personnes sont jugés "suffisamment proches du marché du travail pour être considérés comme une force de travail potentielle supplémentaire", estime Eurostat. Ainsi environ 11,5 millions de personnes sont considérées comme force de travail potentielle supplémentaire, soit l’équivalent de 4,7 % de la population active, relève encore l’office statistique.
En se penchant sur le détail des résultats au sein des Etats membres, l’institut met en évidence qu’en 2013, la part des travailleurs à temps partiel se trouvant en situation de sous-emploi était très différente selon les États membres.
Les plus fortes proportions ont ainsi été observées en Grèce (72 %), à Chypre (59 %), en Espagne (57,4 %), au Portugal (45,9 %), en Lettonie (44,4 %) ainsi qu’en Bulgarie (41,9 %) et les plus faibles l’ont été aux Pays-Bas (4,2 %), au Luxembourg (10,3 %), en République tchèque (11,4 %), au Danemark (11,7 %) et en Estonie (12,4 %).
La force de travail potentielle varient également "considérablement" d’un État membre à l’autre, ajoute encore Eurostat. Les plus fortes proportions ont été enregistrées en Italie (où elle représentait l’équivalent de 12,6 % de la population active) et en Croatie (12,1 %), et les plus faibles en République tchèque (1,6 %) et en Lituanie (1,7 %).
Pour ce qui est plus particulièrement du Luxembourg, la proportion de travailleurs à temps partiel sur le marché de l’emploi est légèrement inférieure à la moyenne européenne avec 19,1 % de travailleurs à temps partiel. Le sous-emploi toucherait pour sa part quelque 5 000 personnes au Grand-Duché, soit 2 % de l’emploi total et 10,6 % des travailleurs à temps partiel.
En ce qui concerne les forces de travail potentielles supplémentaires, les personnes disponibles pour travailler, mais ne recherchant pas un emploi sont évaluées à 15 000 et celles recherchant un emploi, mais temporairement indisponibles à 2 000 au Luxembourg. Eurostat calcule donc que la force de travail potentielle supplémentaire par rapport à la population active âgée de 15 à 74 ans s’élève à 17 000 personnes, soit une moyenne supérieure à celle de l’UE, avec une proportion d'environ 6,5 %.