Le candidat du PPE, le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker, a répété le 26 mai 2014 qu’il réclame la victoire aux élections européennes, lors d’une conférence de presse à Bruxelles : "Les résultats ont montré que le PPE est le grand gagnant des élections. Toutes les conditions sont réunies pour convaincre la conférence des présidents du Parlement européen et du Conseil de me permettre d'obtenir la présidence de la prochaine Commission européenne". Il a annoncé vouloir discuter dans les prochains jours avec d’autres partis, "avant tout les socialistes". "Il ne sert à rien de spéculer sur d’autres coalitions, c’est strictement impossible", a-t-il ajouté, affirmant qu’il ne ferait plus de déclarations dans les semaines à venir.
Déjà pendant la soirée électorale du 25 mai 2014, il avait revendiqué la présidence de la Commission. "Le PPE est en train de gagner les élections européennes. Et il revendique donc la présidence de la Commission européenne", a-t-il écrit sur son compte Twitter. "Sans connaître les résultats finaux, nous savons que le PPE est en avance et je suis pleinement en droit de devenir le prochain président de la Commission européenne", a-t-il expliqué peu après la publication des premières tendances, lors d’une conférence de presse au siège du PPE à Bruxelles.
Jean-Claude Juncker a appelé les chefs d’Etats et de gouvernement de l’UE à respecter les résultats, faute de quoi "cette élection n’est pas une élection". "Le PPE est incontournable", a-t-il déclaré à Bruxelles, selon l’Agence dpa. Alors que le soutien de la chancelière allemande pour le candidat luxembourgeois n’était pas acquis pendant la campagne, Angela Merkel serait maintenant prête à se prononcer en faveur de Jean-Claude Juncker, selon Volker Kauder, chef de la fraction démocrate-chrétienne au Bundestag. "On a gagné les élections, Jean-Claude Juncker est notre candidat. Ce sera donc notre position", a-t-il déclaré, le matin du 26 mai 2014, à de la deuxième chaine allemande ZDF.
Mais rien n’est acquis. Angela Merkel s'est certes réjouie le lendemain des élections du "résultat solide" des conservateurs, lors d'une conférence de presse à Berlin, saluant "la bonne campagne" de Jean-Claude Juncker, candidat du parti populaire européen (PPE). Elle a néanmoins estimé qu'il fallait désormais mener "des discussions" approfondies pour nommer un nouveau président de la Commission européenne, selon des propos rapportés par les agences de presse. Le poste de président de la Commission européenne n’est pas le seul en jeu, a-t-elle laissé entendre : La chancelière allemande a dit s'attendre à des semaines de négociations sur la composition des futures fonctions dirigeantes de l’UE, dont les titulaires des quatre plus hauts postes seront renouvelés dans les mois à venir. "Nous avons besoin d'un paquet européen de personnalités," a-t-elle encore dit lors de cette conférence, notant que ni le PPE ni les socialistes européens ne pourraient déterminer seuls le futur président de la Commission.
Martin Schulz, le président du Parlement européen et candidat des socialistes qui est arrivé en deuxième position, a également réclamé le poste, en se voulant "rassurant" sur sa capacité de trouver une majorité au sein du Parlement européen. Il a annoncé de vouloir "trouver une majorité pour mon programme". L’Allemand a de plus contesté les résultats : "Je suis sûr que cette projection (de sièges, ndlr) n'est pas vraie", a-t-il insisté, cité par le site 7sur7.be. "Et il faut arrêter avec les calculs arithmétiques et il faut que le Parlement européen commence les calculs politiques."
Jean-Claude Juncker s’est dit ouvert à des discussions tant avec le S&D qu'avec les Libéraux et les Verts, excluant fermement tout soutien des eurosceptiques. "Je refuserai d'être élu avec les voix de l'extrême droite!", a-t-il écrit sur son compte Twitter. Il a encore souligné que les chrétiens-démocrates et les socialistes seront obligés de "coopérer de manière intense, factuelle mais aussi émotionnelle", selon l’Agence dpa.
"Personne ne devrait tenter de chercher une autre majorité", a-t-il prévenu. "Je n'ignore rien des tractations de couloir, je n'ignore rien des tentatives d'imposer un autre candidat", a-t-il commenté, cité par 7sur7.be. "Je ne me mettrai pas à genoux devant le parti socialiste", a-t-il encore déclaré lors de la conférence de presse à Bruxelles, tout en affirmant être prêt à discuter avec lui. Il s’est qualifié de "jeteur de ponts avide de compromis", mais "pas à n’importe quel prix". "Je ne suis pas quelqu’un qui ne tendrait jamais la main. Mais j’aimerais voir d’abord une main tendue", a-t-il dit. Quant à imaginer Martin Schulz à la présidence de la Commission, il a jugé : "Mon imagination est illimitée, mais pas à ce point".
Martin Schulz a estimé pour sa part que les "forces démocratiques devront discuter entre elles" et qu'il sera impossible de former une majorité "sans accord avec le groupe socialiste", selon l’Agence Europe. Une position soutenue par le président du groupe socialiste au Parlement européen, le socialiste autrichien Hannes Swoboda. "Jean-Claude Juncker n’aura pas de majorité sans nous", a-t-il déclaré à l’Agence dpa. Martin Schulz a par ailleurs contesté la victoire du PPE. "Un parti qui a perdu 60 sièges ne peut pas prétendre diriger l'UE. Le PPE doit négocier (avec nous) pour trouver une majorité cohérente au PE", a-t-il dit, selon Europe.
Jean-Claude Juncker a également le soutien du gouvernement luxembourgeois, selon son Premier ministre Xavier Bettel qui a répété dimanche 25 mai 2014 que le résultat du scrutin devrait être pris en compte pour la désignation du prochain président de la Commission : "Si cela n’est pas le cas, l’Union européenne aura un problème", a-t-il dit à RTL Radio. Lors du Conseil de gouvernement, le vendredi 23 mai 2014, il avait déjà expliqué sa position : "Si les partis politiques avaient décidé de mettre des têtes de liste aux élections européennes en sachant pertinemment qu'aucun d'eux ne serait le prochain candidat à la présidence de la Commission, il ne fallait pas faire de tête de liste. Sinon ce serait dire aux électeurs de voter pour un candidat, mais qu'après le Conseil n'en veut pas", a-t-il martelé, cité par le Quotidien, en précisant que "tenir compte du vote signifie aussi avoir une majorité au Parlement européen".