Le 27 mai 2014, l’OGBL a réuni ses responsables pour son comité national mensuel à l’occasion duquel le syndicat s’est penché plusieurs thématiques européennes.
La première à avoir été discutée est le résultat des élections européennes dont le scrutin s’est clos le 25 mai 2014. L’OGBL juge que ces résultats traduisent "une glissade sur une pente nationaliste, populiste", a expliqué son président, Jean-Claude Reding, lors d’une conférence de presse à l’issue du comité. Et cela pas uniquement en France mais aussi dans les pays scandinaves, en Autriche, au Royaume-Uni et en Allemagne "où le NPD envoie un néonazi au Parlement", a-t-il insisté.
Autre enseignement du scrutin selon Jean-Claude Reding, "les grands partis ont perdus massivement". "Perdre 60 sièges, même lorsque l’on reste le plus grand parti, c’est une perte massive", a appuyé le président de l’OGBL sans citer directement le PPE, passé de 265 à 213 sièges.
Les libéraux et les sociaux-démocrates sont également en recul constate-t-il, notant que seuls les Verts se maintiennent et que la gauche radicale progresse "mais faiblement". "Les seuls qui gagnent sont donc ceux qui se prononcent contre l’Europe telle qu’elle fonctionne, où la liberté de circulation existe", a poursuivi Jean-Claude Reding. Selon lui, il s’agirait dès lors pour les électeurs du Front national en Lorraine de s’interroger sur les conséquences d’un retour des contrôles aux frontières qu’impliquerait la dénonciation des accords de Schengen que prône Marine Le Pen.
Pour le président de l’OGBL, il s’agit avant tout de savoir si les grands partis sauront tirer les enseignements du scrutin. "Il y a une grande insatisfaction face aux politiques de l’UE qui créent plus de chômage et réduisent les salaires et les prestations sociales" a jugé Jean-Claude Reding selon lequel l’Europe a perdu la perspective d’un avenir meilleur. Selon le président du syndicat, il ne s’agit pas seulement de promettre un salaire minimum, les citoyens "attendent un changement de politique au niveau européen".
"Ce n’est pas une question de personnes", dit-il en référence à la course à la présidence de la Commission européenne, mais "c’est une question de programme politique". Jean-Claude Reding estime d’ailleurs que la présentation d’un programme par un candidat à ce poste serait une nouveauté positive, mais que le prochain Parlement européen devra assumer un rôle difficile, en votant notamment pour ou contre le candidat qui lui sera proposé par le Conseil.
"Si on ne va pas dans une direction où il n’y a pas uniquement l’économie qui se porte bien mais aussi les perspectives d’avenir des gens, alors on n’aura pas tiré les leçons de ces élections, et s’annoncent de grandes difficultés", a-t-il jugé.
Le président de l’OGBL est également revenu sur les différentes prévisions économiques qui se succèdent sur le Luxembourg (comité de conjoncture, semestre européen), pour souligner que selon les chiffres, le Luxembourg était toujours parmi les meilleurs avec de hauts niveaux de performance. Or si la dynamique est positive dans l’économie luxembourgeoise grâce une activité retrouvée dans certains secteurs comme le bâtiment," ce n’est pas le cas de la consommation" des ménages, souligne-t-il.
L’OGBL soupçonne d’ailleurs que malgré les tendances économiques favorables, le patronat va continuer à se plaindre d’une perte de compétitivité à cause des salaires, son président rappelant qu’en termes de coût unitaire salariale dans l’industrie, le Luxembourg est à la 9e place derrière ses voisins européens. (voir à ce sujet un récent communiqué de la Chambre de commerce, ndlr). "Il faudrait peut-être s’interroger sur un manque d’innovation", lance-t-il, appelant à enfin mener une politique pour soutenir le pouvoir d’achat qui serait "dans l’intérêt du commerce et de l’artisanat". Pour Jean-Claude Reding, la situation économique ne justifie "aucunement de mener une politique d’austérité au Luxembourg". Le président souligne qu’il n’y a dès lors pas de raison que la loi de "manipulation" de l’index, qui arrive à échéance en octobre 2014, soit renouvelée.
Le comité national de l’OGBL a encore évoqué une dernière thématique a dimension européenne, le traité sur un partenariat de commerce et d’investissement (TTIP) négocié entre l’UE et les USA, pour souligner que l’OGBL, au travers de la plateforme d’ONG Stop Tafta créée récemment et dont il est membre, s’apprête à lancer une campagne d’information au sujet du traité. Selon le syndicat, le gouvernement luxembourgeois commencerait d’ailleurs à prendre conscience de la très grande portée jugée "problématique" du mandat de négociation octroyé à la Commission européenne. Jean-Claude Reding a d’ailleurs fait part d’une invitation du gouvernement à parler de ce sujet en juillet.