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Parlement européen - Traités et Affaires institutionnelles
La population est favorable à un siège unique du Parlement européen, selon un sondage effectué dans cinq pays qui représentent 50 % de la population de l’UE
02-07-2014


pe-siege-unique-conf2-140702Plusieurs députés partisans d’un siège unique du Parlement européen ont présenté le 2 juillet 2014 à Strasbourg un sondage soulignant que la grande majorité des personnes interrogées étaient favorables à ce que le Parlement se réunisse dans un seul lieu. Le sondage, qui était financé par des eurodéputés du groupe Verts/ALE, a eu lieu dans cinq pays qui "représentent plus de 50 % de la population de l’UE ainsi que l’Europe du nord, du sud et de l’est", comme l’a souligné l’ancien député européen Gerald Häfner (Verts), à savoir l’Allemagne, la France, l’Italie, la Pologne et la Suède.

L’ancien député a présenté le sondage lors d’une conférence de presse avec Ulrike Lunacek (Verts/ALE), la vice-présidente du Parlement européen et la députée suédoise Anna Maria Corazza Bildt (PPE), l’épouse du ministre suédois des Affaires étrangères Carl Bildt,  qui sera la nouvelle présidente d’un groupe de pilotage (steering group) en faveur du siège unique.

Les pays les plus favorables à un siège unique étaient la France et l’Allemagne, avec 83 respectivement 82 %. En Italie, ils étaient 71 %, en Suède 66 % et en Pologne 58 %. La question ne précisait pas le lieu de ce siège. Les Polonais étaient le plus favorables à conserver les deux sièges, avec 18 %, suivi de l’Italie avec 14 %. En France et en Suède, ils étaient 12 %, en Allemagne 11 %.

pe-siege-unique-häfner-140702Pour Gerald Häfner, ce sondage vient appuyer la démarche de la majorité des eurodéputés qui avaient approuvé le 20 novembre 2013 un rapport dont il avait été co-rapporteur et qui stipule une modification de la partie des traités européens qui fixe le siège du Parlement européen à Strasbourg "afin de permettre au PE de décider de la fixation de son siège et de son organisation interne". Le rapport avait été approuvé par 483 sur 766 au total et 658 présents.

"La question urgente qui se poste est la suivante: est-ce l’UE est prête à accepter des critiques alors que l’austérité est la politique dominante ?", s’est demandée Gerald Häfner. Il a appelé à mettre fin "à ce cirque ambulant" qui nuirait à l’environnement et gaspille de l’argent, du temps et des ressources. "La population ne peut pas comprendre pourquoi on le fait", a-t-il dit, ajoutant que cette question pourrait être tournée contre l’Europe par les eurosceptiques.  Selon lui, il n’y a "aucun argument raisonnable" pour garder un double siège. Il a souligné qu’il faut être capable  de "reconsidérer ses décisions", au lieu de "conserver ses acquis".

Gerald Häfner a critiqué le fait que le Parlement européen "n’est pas maître de son calendrier". "80 % des décisions sont prises en trilogue. Comment cela peut marcher si le Parlement européen est absent pendant une semaine ?", a-t-il dit.

La question du droit à l'autodétermination au centre du combat

Pourtant, pour l’ancien eurodéputé, la question ne tourne pas autour de l’argent, mais autour de la démocratie et du droit à l’autodétermination du Parlement européen. "Dans une démocratie adulte, ce ne devraient pas être les chefs de gouvernement qui décident quand on siège, mais nous-mêmes", a-t-il dit, accusant le Conseil d’avoir "pris en otage le Parlement européen" qui est traité comme un "enfant mineur" et une "institution subordonnée".

Pourtant, la question sur le droit d’autodétermination du Parlement européen est beaucoup moins appuyée par le sondage : 59 % des Français estiment que ce sont les chefs d’Etat et de gouvernement qui devraient décider du lieu de travail des eurodéputés tandis que 40 % disent que ce devrait être le Parlement lui-même. En Italie, la relation est de 57 % contre seulement 25 % (pour le Parlement), une situation comparable à la Pologne (58 % contre 22 %).  La moitié des Allemands (52 %) sont pour les chefs de gouvernement contre 37 % qui sont pour le Parlement européen (le chiffre manquant aux 100 % correspond aux personnes qui ont répondu "Je ne sais pas"). En Suède, 50 % estiment que les chefs d’Etat et de gouvernement devraient le décider, contre 28 % qui sont pour le Parlement européen. Or, cette dimension du sondage n’a pas été évoquée lors de la conférence de presse.

Gerald Häfner a précisé que son combat n’est pas orienté contre Strasbourg : "Je n’ai jamais lutté contre Strasbourg, j’aime Strasbourg. C’est une lutte pour la démocratie européenne et le droit des eurodéputés de décider eux-mêmes où et quand travailler".

pe-siege-unique-lunacek-140702Il a le soutien d’Ulrike Lunacek, vice-présidente du Parlement européen (Verts/ALE) qui s’est dit "encouragée" par le sondage. "C’est un droit démocratique que ceux qui sont directement élus par les citoyens décident du lieu où ils siègent. On le doit aux citoyens !". Elle a ajouté que le combat pour un siège unique n’est pas censé d’aller "à l’encontre d’un pays", mais qu’il devait y avoir un dialogue avec la France et avec Strasbourg. Elle a par ailleurs annoncé pour le mois de septembre la présentation d’un groupe de pilotage (steering group) qui est également derrière la campagne "Single Seat". Elle a précisé que les déplacements des députés entre Bruxelles et Strasbourg coûtent entre 160 et 200 millions d’euros par année et causent des émissions de CO2 d’environ 20 000 tonnes par année.

Gerald Häfner a critiqué le fait que l’administration du Parlement européen a refusé de commander l’étude. "Ils m’ont dit : On ne va pas faire cela", a dit l’ancien député. Selon lui, l’administration n’a pas fait son travail comme cela était prévu dans le rapport qu’une majorité des députés a approuvé. Plusieurs députés du groupe des Verts/ALE auraient dès lors décidé de financer eux-mêmes le sondage, a-t-il précisé.