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Parlement européen - Développement et aide humanitaire - Santé
L’épidémie du virus Ebola représente désormais un défi mondial pour la sécurité, a estimé le Parlement européen dans une résolution
17-09-2014


pe-ebola-Kristalina-georgieva-140917Pour les eurodéputés, l’épidémie causée par le virus Ebola a été sous-estimée par la communauté internationale et représente désormais un défi mondial pour la sécurité, selon le texte de la proposition de résolution qu’ils ont adoptée en session plénière le 18 septembre 2014. Les députés estiment que le déploiement de ressources militaires sous l’égide de l’ONU doit être envisagé et l’accès aux traitements accéléré, note le communiqué diffusé par le service de presse du Parlement européen. "Des moyens financiers, mais également des capacités opérationnelles, y compris des ressources humaines qualifiées et du matériel logistique, sont nécessaires d’urgence", indique la résolution, adoptée à main levée. Depuis que l'épidémie d'Ébola été officiellement déclarée le 22 mars 2014 en Guinée, elle a atteint quatre autres pays (Liberia, Nigeria, Sierra Leone et Sénégal), a touché près de 4 000 personnes et a causé plus de 2 000 décès.

Les députés appellent la Commission européenne à "évaluer les besoins et à préparer des plans adaptés à chaque pays, afin de déterminer la demande et coordonner le déploiement de personnels de santé, de laboratoires mobiles, d’équipements de laboratoire, de vêtements de protection et de centres de traitement équipés en services d’isolement". Les Etats membres sont invités à coordonner les vols et à mettre en place des ponts aériens spécifiques. Les députés proposent de soutenir l’Union Africaine concernant la nécessité d’un plan d’action global, la crise devenant plus complexe et entraînant des conséquences politiques.

Les députés soulignent que les pays touchés pâtissent déjà de pénuries de denrées alimentaires et d’eau potable et d’un effondrement de l’économie causé par l’interruption des échanges, des vols commerciaux et des travaux de récolte, en raison de l’épidémie. Les troubles sociaux, le chaos et les exodes engendrés entraînent une nouvelle propagation du virus. L’épidémie a par ailleurs révélé l’insuffisance grave des systèmes de santé des pays touchés et l’urgence de leur apporter une aide, ajoutent-ils.

Les Etats membres ont promis 78 millions d'euros supplémentaires

Par ailleurs, les Etats membres de l'Union européenne ont promis 78 millions d'euros supplémentaires pour aider à la lutte contre Ebola, avait annoncé le 17 septembre 2014 la commissaire européenne à l'Aide humanitaire, Kristalina Georgieva, lors d’une intervention devant le Parlement européen. Ces contributions nationales doivent s'ajouter aux quelque 150 millions d'euros débloqués par la Commission européenne pour soutenir les trois pays les plus touchés, Nigeria, Liberia et Sierra Leone. "Le nombre de cas d’infection est en train de doubler toutes les trois semaines", a averti la commissaire, tout en appelant à "isoler le virus, mais pas les pays". Elle a loué les compagnies aériennes européennes qui continuent de desservir les aéroports des pays concernés. Selon elle, il ne s’agit pas seulement d’une situation d’urgence médicale puisque l’épidémie risque d’avoir un impact "dramatique" sur les sociétés et les économies. "Je m’inquiète de la situation politique et sécuritaire dans ces pays", a-t-elle évoqué.

L'UE doit poursuivre ses efforts de coordination lors de la réunion des ministres de la Santé prévue les 22 et 23 septembre 2014 à Milan, alors que l'ONU a chiffré à 1 milliard de dollars (environ 770 millions d'euros) les fonds nécessaires pour enrayer l'épidémie.

Deux eurodéputés luxembourgeois appellent à fournir plus de moyens

L’eurodéputé luxembourgeois Charles Goerens (ALDE) a dénoncé "l'absence d'une stratégie bien coordonnée", lors du débat au Parlement européen. Il a appelé à des "actions  résolues" et à assurer "tout de suite" une capacité d'accueil "autour de  2 000 lits" pour dispenser les soins requis, relate un communiqué diffusé le 17 septembre. "Les capacités de traitement sont insuffisantes et très souvent inexistantes. Trop souvent les patients sont refoulés à la porte des centres saturés et n'ont d'autre choix que de rentrer chez eux, au risque de contaminer à leur tour d'autres personnes", explique-t-il. Charles Goerens met en garde contre l’écroulement des structures de santé, notamment au Libéria, où "la situation évolue de façon particulièrement dramatique". Il évoque également "l'impact désastreux de la présente crise sur l'activité économique", en notant que "dans nombre d'entreprises, l'outil de production est à l'arrêt", ce qui rendrait encore plus dépendantes ces pays de l’aide extérieure.

L’eurodéputé luxembourgeois Claude Turmes (Verts/ALE) a pour sa part mis en garde contre les conséquences politiques, économiques et sanitaires pour les Etats membre de l’UE si la propagation du virus se poursuivait. "Si on n’agit pas rapidement, des centaines de milliers de personnes pourraient s’infecter", a-t-il averti dans un communiqué du 17 septembre 2014, en ajoutant que l’épidémie risque de se propager encore plus rapidement que prévu en raison de la "mobilité globale". Il a appelé l’Union européenne et les Etats membres à "prendre leurs responsabilités". Le soutien ne doit pas seulement être financier, mais consister en matériel et en personnel, estime-t-il, jugeant qu’il faut envoyer des équipes d’experts et monter des centre de traitements pour pouvoir isoler et traiter correctement les personnes infectées. 

"Ebola est contrôlable", estime la commissaire

Après le débat au Parlement européen, la commissaire Kristalina Georgieva a défendu les actions de la Commission européenne. "On a agi rapidement. On était les premiers à fournir un soutien financier et envoyer du personnel médical", a-t-elle déclaré, ajoutant que "depuis mars, on a envoyé le message que c’est un problème sérieux et qu’il faut réagir". Elle a pourtant concédé que la communauté internationale a tardé à réagir, y compris l’Organisation mondiale de santé (OMS). Elle a salué la mobilisation des Etats membres des dernières semaines, tout en les appelant à rester concentrés sur cette crise.

Elle a réitéré son appel à ne pas isoler les pays concernés, estimant qu’il n’y a pas de risque en ce moment pour le reste du monde. "L’organisation Médecins sans Frontières (MSF) qui est sur place, n’a signalé aucun cas d’infection. C’est la preuve qu’Ebola est contrôlable", a-t-elle avancé. Concernant les vaccins et les traitements médicaux disponibles, la commissaire a concédé que les quantités sont limitées : "Il faut être honnête, on ne pourra pas aider chaque personne infectée. C’est pourquoi il faut lutter contre le virus à son origine et de manière agressive".