Phil Hogan, le commissaire-désigné de la Commission Juncker à l'Agriculture et au Développement rural, n’a pas eu de difficultés lors de son audition devant le Parlement européen, le 2 octobre 2014. Sa nomination a été approuvée par la commission AGRI, compétente pour son champ de travail.

Phil Hogan, âgé de 54 ans, qui est un élu politique depuis 1983. Avant d'assumer sa dernière fonction en date, à savoir celle de ministre de l’environnement, de la communauté et des collectivités locales de la République d’Irlande, il a occupé de nombreux postes de haut niveau au sein du parti Fine Gael depuis 1993, un parti de centre-droit d’inspiration démocrate-chrétienne, affilié au niveau européen au PPE. Phil Hogan est considéré comme l’un des responsables politiques les plus expérimentés d'Irlande.

Les priorités de Phil Hogan

Dans ses réponses écrites aux questions des députés, Phil Hogan reste très proche des priorités de son mandat qui lui ont été communiquées par Jean-Claude Juncker dans sa lettre de mission: 

• intégrer étroitement les dépenses en faveur du développement rural à la stratégie en matière d'emploi et de croissance, afin qu’elles aient un effet d'entraînement sur l'investissement aux niveaux national et régional dans la mise en œuvre de la politique agricole commune (PAC), récemment réformée ;
• examiner, au cours des douze premiers mois de son mandat, la possibilité de simplifier encore les paiements directs, particulièrement en ce qui concerne le verdissement, le développement rural, la politique de qualité et le programme en faveur de la consommation de fruits et légumes à l'école sous l’angle de la subsidiarité ;
• examiner la manière dont le secteur agricole peut contribuer au mieux à la stimulation de l'efficacité énergétique et de la réduction des émissions ;
• passer en revue les avantages de l'action de l'UE et évaluer l'efficacité des programmes de dépenses ;
• surveiller les dépenses conformément aux prescriptions du règlement financier et aux principes de bonne gestion financière, tout en mettant le budget de l’UE à l'abri de la fraude ;
• contribuer à la révision, en 2016, du cadre financier pluriannuel en trouvant des moyens de centrer davantage la PAC sur l’emploi, la croissance, l’investissement et la compétitivité.

Il demande par ailleurs, dans le contexte des actes délégués et de l'amélioration du contrôle par le Parlement dans la mise en œuvre de la PAC réformée, que "le Parlement et le Conseil, en qualité de colégislateurs, donnent à la Commission le pouvoir d’arrêter les modalités nécessaires à l’exécution d’un acte ou d’intervenir dans les cas d’urgence". Un exemple est l’embargo russe sur les produits agricoles de l’Union européenne, auquel il a fallu réagir rapidement.

Phil Hogan s’est par ailleurs engagé à respecter "les engagements pris par la Commission conformément à la convention d'entente relative aux actes délégués et à l'accord-cadre", donc à "procéder dans la transparence, lors de l’élaboration des actes délégués, à des consultations appropriées au niveau des experts, et à veiller à ce que le Parlement et les États membres reçoivent les informations pertinentes".

Phil Hogan travaillera, selon les termes de l’approche horizontale pour laquelle Jean-Claude Juncker a opté,  "en étroite collaboration" avec ses collègues, dont surtout le vice-président pour l'emploi, la croissance, l'investissement et la compétitivité et la vice-présidente pour l'union de l'énergie.

Au cours de l’audition, la question de la levée des quotas de production du lait a été abordée. Pour Phil Hogan, elle améliorera la position du secteur laitier sur les marchés mondiaux, même s’il y a "pas mal de volatilité, ce qui est préoccupant", a-t-il dit, cité par l’Agence Europe, tout comme il veut tenir compte des régions où la levée des quotas créera des problèmes dans l’emploi.

Quant au TTIP, il devra être "raisonnable et équilibré", "ne pas conduire à une pression à la baisse de nos normes de production". Phil Hogan a rappelé que "les normes très élevées" de l’UE sont une conséquence de la crise de la vache folle, une raison suffisante pour qu’elles ne soient pas remises en cause.

Phil Hogan sera également le négociateur principal pour l’UE dans le dossier du commerce des produits agricoles dans le cadre des négociations de l’OMC, dossier qu’il traitera de concert avec Cecilia Malmström, désignée au commerce. Il a déclaré vouloir, selon les termes des traités européens, rendre régulièrement compte au Parlement européen de l’état d’avancement des négociations.

Les réactions des députés

Albert Dess, le très puissant coordinateur de la politique agricole du PPE au Parlement européen, a mis en avant l'expérience de Phil Hogan qui le qualifie pour le poste pour lequel il est le candidat désigné. Il a particulièrement apprécié son approche de la simplification au sujet de laquelle Phil Hogan a déclaré : "Je souhaite en outre donner plus de poids au concept de subsidiarité dans le cadre de la PAC. Il convient donc que l'examen comprenne aussi un contrôle de subsidiarité, afin de déterminer les décisions politiques qu'il serait préférable de laisser au niveau des États membres. Je souhaiterais par ailleurs voir réduire la charge administrative, tant pour les agriculteurs que pour les autorités nationales. Cette mesure contribuerait en corollaire à réduire le nombre d’erreurs touchant le mode de dépense des fonds de l'UE."

Même son de cloche chez le S&D. Le député Paolo De Castro a salué l’engagement de Phil Hogan de lier la politique agricole à celle de la création d’emplois tout comme sa volonté d’améliorer les relations entre Parlement européen et Commission en la matière. La députée Isabelle Thomas est cependant restée méfiante à l’égard d’un Phil Hogan qui aurait eu dans le passé des comportements discriminatoires et sexistes pour lesquels il s’est par la suite excusé.

Le conservateur anglais James Nicholson (ECR) a par contre loué la bonne connaissance que Phil Hogan avait de son dossier et déclaré qu’il a compris et reconnu nos plus grandes préoccupations comme la simplification de la PAC, les règles sur le verdissement, les paiements directs.