Le commissaire désigné à l'Aide humanitaire et à la Gestion des crises, le Chypriote Christos Stylianides, 56 ans, chirurgien-dentiste de formation, ancien porte-parole du gouvernement chypriote et député européen PPE depuis juin 2014, a passé le 30 septembre 2014 son audition devant la commission du développement du Parlement européen et la commission des affaires étrangères, associée à la thématique. Sa prestation a été très bien reçue, comme l’indiquent de nombreuses sources issues du Parlement européen.
Dans sa lettre de mission, le président désigné de la Commission, Jean-Claude Juncker, a demandé à Kristos Stylianides de se concentrer sur plusieurs points :
Il s’agit de fournir une aide rapide aux victimes, mais aussi de défendre les spécificités et principes d'indépendance, de neutralité et d'humanité de l'aide humanitaire. Comme Chrystos Stylianides l’écrit dans ses réponses aux questions des parlementaires, "le respect des principes humanitaires est également une condition sine qua non pour le bon déroulement de notre travail, car en l'absence de neutralité et d'indépendance, il existe un risque de se voir refuser l'accès aux victimes, en particulier en situation de conflit, ce qui peut se solder par des pertes en vies humaines". Il a donc déclaré vouloir veiller à ce l’aide humanitaire "ne soit pas instrumentalisée".
La lutte contre l'épidémie d’Ebola est un nouveau défi qui exige également une approche conjointe entre les différents pays et ministères, également via le Centre de coordination et de réponse d'urgence et en lien avec les États membres et les grands partenaires internationaux. Christos Stylianides s’est engagé à ce que son premier voyage après son entrée en fonctions le mène sur le terrain en Afrique de l’Ouest pour analyser de près les besoins pour lutter contre l’épidémie.
Un autre problème se pose, celui du financement de l’action humanitaire, que Christos Stylianides décrit dans ses réponses écrites : "le budget de l'UE doit faire face actuellement à un déficit de paiements par rapport aux engagements", et "dans le secteur humanitaire, cette situation est particulièrement préoccupante", car "le niveau élevé d'engagements ces dernières années n'a pas été accompagné par des paiements comparables". Or, souligne-t-il, "nos bénéficiaires ont besoin d'une aide rapide et nos partenaires ont besoin de ressources pour pouvoir agir en temps réel".
En concertation avec la vice-présidente pour le budget et les ressources humaines, il veut tenir ses engagements "en utilisant tous les paiements disponibles de manière à éviter autant que possible tout effet négatif sur le terrain" et "en mobilisant un soutien politique en faveur de la spécificité de l'aide humanitaire, secteur dans lequel les paiements doivent correspondre aux engagements afin de permettre aux acteurs concernés de faire face à l'urgence de la situation et de fournir immédiatement l'aide humanitaire."
À plus long terme, "le niveau des paiements doit correspondre de manière systématique à celui des engagements" et il faudra "garantir l'existence de la réserve d'aide d'urgence, en tant qu'instrument flexible, pour pouvoir réagir à de nouvelles crises et catastrophes avec des engagements et des paiements suffisants."
Le PPE a "salué chaudement" l’engagement de Christos Stylianides de se rendre dans les pays frappés par Ebola, "une démonstration du leadership de l’UE" qui selon le PPE, "veut isoler le virus d’Ebola, mais pas les pays touchés" à qui "un message fort" est ainsi envoyé. Davor Ivo Stier, le porte-parole du PPE dans la commission du développement, a mis en avant les difficultés budgétaires que rencontrera le commissaire désigné, vu le nombre en hausse des crises humanitaires et la baisse des fonds à disposition. "Des décisions dures seront nécessaires", a-t-il dit.
Le S&D a lui aussi accordé son soutien à Christos Stylianides. Les sociaux-démocrates européens mettent en avant la nécessité d’une meilleure coordination entre les Etats membres de l’UE et avec les institutions internationales au vu de l’expérience des crises en Syrie, à Gaza et de l’Ebola. Ils suggèrent au commissaire désigné d’envisager une révision du règlement du Conseil en la matière qui date de 1996. Ils ont particulièrement salué sa volonté d’établir un équilibre entre les engagements et les paiements.
Un sujet que le libéral luxembourgeois Charles Goerens a lui aussi souligné. Très positif à l’égard de Christos Stylianides, il s’est alarmé auprès de l’Agence Europe de l'inadéquation systémique des paiements/engagements qui légalise le non-respect des engagements avec un risque d'être à court de moyens pour faire face aux crises "lorsqu'on a fini de gratter les fonds de tiroirs".