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Emploi et politique sociale
Audition des commissaires désignés au Parlement européen – Destinée aux affaires sociales, à l’emploi, aux compétences et à la mobilité, Marianne Thyssen fait preuve d’une détermination saluée par les eurodéputés
01-10-2014


La commissaire désignée au portefeuille de l'emploi et des affaires sociales Marianne Thyssen lors de son audition devant le Parlement européen le 1er octobre 2014Rechercher le fragile équilibre entre la compétitivité du marché du travail européen et la protection sociale des travailleurs, "qui sont les deux faces d’une même médaille et forment la base de l’économie sociale" sera la tâche à laquelle s’attellera pendant les cinq prochaines années la commissaire désignée à l'Emploi, aux Affaires sociales, aux Compétences et à la Mobilité des travailleurs, Marianne Thyssen, si elle devait être confirmée à son poste.

C’est en tout cas le message central qui est ressorti de son audition devant les députés de la commission de l'emploi et des affaires sociales (EMPL) du Parlement européen, ceux de la commission culture et éducation (CULT) et de la commission droits de la femme et égalité des genres (FEMM), le 1er octobre 2014. "Je suis une partisane convaincue de l’économie sociale de marché, où la liberté, la responsabilité et la solidarité vont de pair", a-t-elle dit.

Agée de 58 ans, la candidate commissaire belge est titulaire d’un Master de droit de l’Université catholique de Leuven. Avant son entrée en politique, Marianne Thyssen a successivement travaillé comme conseillère légale, puis comme responsable du département de recherche et enfin comme secrétaire générale de l’Unizo (organisation représentative des PME en Flandre). Depuis 1991, la démocrate-chrétienne a été réélue cinq fois au Parlement européen sous l’étiquette PPE. Elle y a notamment occupé la vice-présidence de la commission parlementaire des affaires économiques et financières (ECON).

Les priorités de la commissaire désignée

Lors de son audition devant les députés européens, Marianne Thyssen s’est avant tout concentrée sur ses priorités ainsi que les défis politiques et législatifs qu'elle devra relever lors de son mandat. Ces éléments sont également détaillés dans les réponses écrites de la commissaire désignée aux députés qui a rappelé en guise d’introduction une situation sociale dans l'UE où se côtoient 25 millions de chômeurs, dont 5 millions de jeunes et plus de 120 millions de personnes menacées de pauvreté ou d'exclusion sociale.

La première de ses priorités sera la création d’emplois, avec une attention particulière à l’égard des PME. "Je m'efforcerai aussi de lever les obstacles juridiques à la création d'emplois en mettant en place un environnement plus propice à l'entrepreneuriat et au développement des PME, lesquelles sont les principaux acteurs de la création d'emplois dans l'UE", a-t-elle écrit. L’accès à l'emploi des personnes éloignées du marché du travail (chômeurs de longue durée, jeunes sans qualification, et personnes âgées notamment) sera une autre priorité de la commissaire désignée, tout comme l’accroissement des qualifications des citoyens européens. Enfin, il s’agit d'assurer un cadre solide à la protection sociale, laquelle est "un investissement essentiel dans notre prospérité".

Afin de contribuer à mobiliser les 300 milliards d'euros supplémentaires d'investissements publics et privés du paquet investissement annoncé par Jean-Claude Juncker, la commissaire désignée veillera à une exploitation pleine et efficace de "tous nos instruments de financement", à savoir les fonds structurels ainsi que les instruments financiers innovants "notamment aux prêts et garanties", dans le but de favoriser la création d'emplois dans de nouvelles entreprises.

La mobilité est une autre priorité mise en avant dans le nouveau portefeuille de Marianne Thyssen, qui juge que l’UE a "énormément de travailleurs qualifiés et spécialisés, mais nous n'en profitons pas suffisamment à l'échelle du marché unique" qui reste "fragmenté" en raison, "surtout, de la divergence croissante de la demande de main-d’œuvre entre les États membres, des écarts en matière de salaires et de normes sociales et de l'augmentation des niveaux d'exclusion sociale", écrit-elle. Elle encouragera donc la libre circulation des travailleurs "en tant que facteur essentiel d'accomplissement du marché intérieur" tout en luttant "contre tous les abus possibles". Sur la question de l’emploi des jeunes, la priorité de Marianne Thyssen sera d’accélérer la mise en œuvre et d’étendre la portée des mesures de l’UE dans le cadre de l’initiative pour la jeunesse, et de "proposer, si nécessaire, de nouvelles actions".

Au sujet de l’équité sociale, la commissaire désignée estime que "la protection sociale représente un investissement essentiel dans notre prospérité" mais que les systèmes existant dans l'UE "doivent être efficaces". Marianne Thyssen se dit notamment convaincue que le semestre européen (examen annuel de la croissance, rapport conjoint sur l'emploi et recommandations par pays) "est l'outil qui convient pour poursuivre la modernisation des marchés du travail et des systèmes de protection sociale et les rendre plus efficaces et plus équitables". La commissaire veut par ailleurs contribuer "activement à la réalisation du projet de rééquilibrage, de rationalisation et de renforcement du semestre européen en veillant en particulier à ce que la politique de l'emploi et la politique sociale reçoivent la considération qu'elles méritent. J'accorderai aussi une attention particulière à la nécessité d'améliorer la participation des acteurs [dont les partenaires sociaux] à la gouvernance économique".

Interrogée sur  l'engagement de Jean-Claude Juncker, d'"initier une révision ciblée" de la directive sur le détachement des travailleurs, la candidate a affirmé qu'elle s'attachera d'abord à mettre en œuvre le "processus de transposition de qualité et l'application de la directive d’exécution". Elle amorcera une révision ciblée "afin d'empêcher que le dumping social soit pratiqué dans l'UE" d’ici deux ans, après l’évaluation du fonctionnement de la directive.

Quant à la directive relative au congé de maternité, coincée au Conseil de l'UE, elle a indiqué son ambition de "rediscuter avec tous les partenaires de la question" et a recommandé de procéder "étape par étape", mais en réduisant les ambitions, notamment sur la durée du congé afin de réaliser un pas en avant "faisable".

Les réactions des groupes politiques européens

Du côté du PPE, la performance de Marianne Thyssen a été saluée comme "l'une des meilleures à ce jour". L’eurodéputé David Casa, porte-parole du groupe pour l'emploi et les affaires sociales, a estimé qu’elle avait "montré des connaissances techniques remarquables de l'objet dans son portefeuille" et salué "sa détermination à résoudre les problèmes urgents de l'UE dans ce domaine ". George Bach (PPE) a également salué "les pistes concrètes" mises en avant pour la réduction de la pauvreté

Pour les S&D, l’eurodéputée Jutta Steinruck, porte-parole pour son groupe dans ce domaine, a jugé la candidate "compétente dans l’ensemble". Elle aurait cependant apprécié davantage de précisions" sur la façon dont elle va aborder concrètement certaines questions qui sont au cœur de l’agenda social-démocrate. Et de prévenir que l’évaluation réelle de son travail sera basée sur les résultats obtenus dans la lutte contre le chômage et le dumping social. Mady Delvaux (S&D) s’est quant à elle félicitée d’un "beau discours en attendant les actions".

La députée européenne Anthea McIntyre coordonnatrice du groupe ECR de la commission de l'emploi, a déclaré avoir été "impressionnée par la réponse du commissaire Thyssen soulignant l'importance de créer un meilleur climat pour les entreprises pour encourager les entreprises à investir et à se développer."