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Parlement européen
Parlement européen – Dissolution aux conséquences incertaines du groupe ELDD de l’eurosceptique britannique Nigel Farage après la défection d’une députée lettonne
16-10-2014


farage-nigel-source-s&dC’est le porte-parole du Parlement européen, Jaume Duch, qui a annoncé le 16 octobre 2014 par Twitter la dissolution du groupe politique ELDD ou EFDD (Europe de la liberté et de la démocratie directe) dirigée par le député européen britannique et dirigeant du parti europhobe UKIP Nigel Farage. Cette dissolution est due à la défection de la députée lettonne Iveta Grigule. En effet, pour constituer un groupe politique au Parlement européen, il faut 25 députés minimum issus de 7 Etats membres.

Le groupe ELDD avait pu être constitué par l'alliance de 48 députés européens : les 24 élus de l'UKIP – le parti qui a remporté le plus grand nombre de siège aux élections européennes au Royaume Uni – et les 17 élus du très populiste Mouvement Cinque Stelle (M5S) de l'Italien Beppe Grillo. Il avait par ailleurs reçu l'appui d'une dissidente du Front National français, Joelle Bergeron, de deux élus du parti d’extrême droite Démocrates suédois, d'une élue du parti Ordre et Justice de Lituanie, d'un élu du Parti des citoyens libres de la République tchèque et d'une élue de l'Union des paysans de Lettonie, Iveta Grigule.

Avec le départ de cette dernière, la condition de rassembler des députés issus de sept Etats membres n’était plus remplie et a entraîné la dissolution du groupe. Concrètement, cela veut dire que les députés de l’ex-ELDD seront considérés comme non-inscrits et disposeront du temps de parole limité des non-inscrits. Les subsides leur seront accordés à titre individuel, ce qui signifie avant tout pour l‘UKIP une très grande perte financière.

Il n’y a pas encore d’informations fiables sur les raisons qui ont poussé Iveta Grigule à quitter le groupe ELDD.  Selon un communiqué de l’ELDD, Iveta Grigule aurait "confié au secrétaire général du groupe ELDD que le président du groupe PPE, Manfred Weber et celui du Parlement européen, Martin Schulz, lui ont affirmé qu’elle devait démissionner du groupe si elle souhaitait obtenir la présidence de la délégation chargée des relations avec le Kazakhstan". Chose démentie par le cabinet du Président du Parlement européen Martin Schulz, contacté par le site Euractiv qui rapporte le propos d’un porte-parole : "Martin Schulz a rencontré l’eurodéputée hier, à sa demande, et elle l’a informé lors de cette rencontre de son intention de quitter son groupe parlementaire. Martin Schulz n’a bien évidemment rien fait pour la pousser à prendre cette décision". Ceci dit, Iveta Grigule, a bien été élue présidente de la délégation pour le
Kazakhstan, le Kirghizistan, l'Ouzbékistan, le Tadjikistan, le Turkménistan et la Mongolie le 16 octobre 2014.

Les réactions à la dissolution du groupe ELDD ne se sont pas fait attendre. Manfred Weber, le chef du plus grand groupe politique, le PPE, constate sur Twitter que "les radicaux et les populistes sont totalement divisés", qu’ils "ne délivrent pas un travail constructif pour les citoyens" et que "c'est une bonne chose que l'ELDD ne soit plus en mesure de jouer un rôle officiel". Gianni Pittella, le chef du groupe S&D, ironise sur un Nigel Farage qui "veut d’un côté détruire l’Union européenne, et de l’autre côté va partout se plaindre parce qu’on ne lui donne pas un poste approprié au Parlement européen", une allusion au cordon sanitaire tendu autour du ELDD par le PPE, le S&D, l’ALDE et la GUE/NGL, mais pas par les Verts européens au nom de la règle de D’Hondt, qui a empêché ses membres d’accéder à des postes importants dans les commissions et délégations. "La vérité est que les eurosceptiques se dissolvent littéralement en de tout petits morceaux", ajoute Gianni Pittella.

Pour certains sociaux-démocrates, il s’agit néanmoins d’une "fausse bonne nouvelle", comme le rapporte l’Agence Europe. En effet, les 48 élus de l'ELDD chercheront un nouveau point de chute, et comme le signale l’AFP, "une option serait un pacte avec Marine Le Pen", dont le Front national a remporté le plus grand nombre de sièges en France, "et ses quatre alliés – pour former un nouveau groupe eurosceptique". Ces quatre alliés sont les partis d’extrême droite Vlaams Belang, Ligue du Nord italienne, PVV hollandais et le FPÖ autrichien.

Jusque-là, l’UKIP de Nigel Farage a écarté cette option, jugeant que le Front National est un parti antisémite. Les Italiens du M5S avaient déjà approché les Verts avant de se décider pour une alliance avec Nigel Farage. Comme deux nationalités suffiraient à Marine Le Pen pour constituer un groupe politique, son "équipe sur place" s’apprête selon l’Express à aborder les deux élus du parti Démocrates suédois, sorti très renforcé des élections législatives suédoises du 14 septembre 2014 , les députés du parti Ordre et Justice de Lituanie et ceux du Parti des citoyens libres de la République Tchèque.