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En amont du Conseil européen, la réunion informelle des dirigeants sociaux-démocrates appelle à concrétiser le plan d’investissement de 300 milliards et à ne pas penser la politique budgétaire de manière trop rigide
23-10-2014


Jean Asselborn avec le président de la République française, François Hollande (source: MAEE)En amont du Conseil européen des 23 et 24 octobre 2014, le président de la République française, François Hollande, avait convié ses homologues sociaux-démocrates à la traditionnelle  réunion informelle des dirigeants sociaux-démocrates européens à Paris le 23 octobre 2014, afin de se concerter sur les principaux points à l’ordre du jour du Conseil européen. Le ministre luxembourgeois des Affaires étrangères et européennes, Jean Asselborn, y a participé.

Le plan d’investissement de 300 milliards doit désormais "trouver un contenu au-delà des chiffres"

Ainsi les ministres et dirigeants présents ont-ils évoqué la situation économique et sociale de l’UE à l’aune plus particulièrement du Semestre européen et du plan d’investissement de 300 milliards d’euros annoncé par Jean-Claude Juncker, l’adoption d’une position commune en matière de climat et d’énergie en vue des conférences de Lima et de Paris et, enfin, l’action européenne à déterminer en vue d’éradiquer rapidement l’épidémie d’Ebola.

Concernant la situation économique et sociale de l’UE, les discussions ont notamment porté sur l’annonce du Président élu de la Commission, Jean-Claude Juncker, lors de son investiture au Parlement européen en juillet 2014, de constituer rapidement un budget de 300 milliards d’euros à investir sur 3 ans dans l’économie européenne. "Les participants de la réunion ont tous souligné la nécessité de disposer d’importants moyens pour relancer les économies nationales", rapporte un communiqué diffusé par le Ministère luxembourgeois des Affaires étrangères.

"Pour nous, ce programme d’investissement de 300 milliards d’euros est la première priorité. En tant que sociaux-démocrates européens, nous soutenons ce projet", a notamment confié au quotidien Tageblatt le ministre luxembourgeois des Affaires étrangères, Jean Asselborn, à l’issue de la réunion. Mais de prévenir que "le public attend beaucoup de cette annonce. Si elle n'est pas mise en œuvre, la crédibilité de l'UE sera en jeu".

De son côté, l’hôte du sommet, le président français François Hollande a observé, en conférence de presse, qu'il fallait désormais "trouver un contenu, au-delà du chiffre" au "plan Juncker". "Nous avons besoin de clarifier les financements, de déterminer les projets, de définir un agenda", a-t-il dit, soulignant que pour les dirigeants présents à la réunion, "ce doit être autour de la croissance que la nouvelle Commission doit organiser son agenda".

Dans cet objectif, le président socialiste français a précisé qu'il réunirait une nouvelle fois les dirigeants européens sociaux-démocrates à Paris, "avec encore davantage de personnalités", avant le prochain Conseil européen de décembre qui examinera ce plan. Comme le rapporte l’Agence France Presse, (AFP), plusieurs dirigeants de poids étaient absents lors de la réunion de Paris, notamment le président du Conseil italien Matteo Renzi et le vice-chancelier et ministre allemand de l'Economie Sigmar Gabriel.

La question budgétaire, notamment dans le cadre du Semestre européen, était également à l’ordre du jour de la réunion des dirigeants sociaux-démocrates. Jean Asselborn a ainsi expliqué au Tageblatt que les budgets de la France et de l'Italie, toutes deux sous la menace de voir leur projet de budget 2015 rejeté par la Commission, ont été l'un des principaux points de discussion. "Il ne peut y avoir de solution technocratique à cette question. Sauf à jouer avec l'avenir de l'euro", a prévenu le ministre luxembourgeois, résumant ainsi la position de ses partenaires européens.

François Hollande a confirmé que les dirigeants présents et lui-même souhaitaient l'application "avec le plus de flexibilité possible" du pacte européen de stabilité, renouvelant ses appels à une "coordination des politique économiques" accrue, et demandant une nouvelle fois un geste de l'Allemagne pour stimuler la croissance. "Il y a des pays qui doivent accélérer, amplifier leurs réformes structurelles parce qu'elles n'ont pas été menées en temps utile", a-t-il dit évoquant la France, "mais il y a d'autres pays qui, ayant fait ces réformes il y a plusieurs années doivent dès lors qu'ils ont des situations meilleures, encourager la reprise de l'investissement", a-t-il poursuivi citant l'Allemagne.

Selon Jean Asselborn, il n’est en effet pas possible de réfléchir en termes de budget et de dette publique de manière totalement rigide. Ainsi pour le ministre luxembourgeois, même Berlin doit désormais, en dépit de ses politiques d'austérité, consentir à quelques sacrifices en termes de dépenses et d’investissements, rapporte le Tageblatt. Et de plaider en conséquence pour une approche politique et pas seulement technocratique en réponse aux problèmes de l'Europe.

Un compromis audacieux nécessaire pour une Europe exemplaire en matière de climat et d’énergie

Outre la question économique, les dirigeants sociaux-démocrates ont également évoqué les objectifs climatiques de l’UE dont le cadre pour 2030 devait être adopté par le Conseil européen. Le communiqué diffusé par le Ministère luxembourgeois résume ainsi la réunion : "Reconnaissant l’urgence de la situation et le rôle précurseur que l’UE devrait jouer dans le domaine du climat et de l’énergie, les participants ont insisté sur la nécessité de trouver les compromis nécessaires permettant à l’Europe d’adopter une position commune et de faire ainsi figure de modèle dans les négociations internationales qui émailleront les douze mois à venir".

En conférence de presse, le président français, François Hollande, a assuré que le Conseil européen "doit être non pas un point d'étape, mais doit être d'abord pour l'Europe un point d'aboutissement", appelant à un "compromis audacieux". En vue de la nouvelle conférence sur le climat devait se tenir fin 2015 à Paris, François Hollande a jugé que ce rendez-vous "exige[ait] que l'Europe soit exemplaire".

"Et elle le sera parce que nous chercherons au cours de ce Conseil européen les voies d'un compromis audacieux pour que l'Europe soit au-delà même des objectifs fixés pour une grande partie des pays industrialisés", a-t-il enchaîné.

Ebola : l’UE doit s’impliquer davantage dans les structures de soins à mettre en place sur le terrain

Pour ce qui est de la lutte contre la progression du virus Ebola, les participants ont exprimé le souhait que l’UE s’implique davantage dans les structures de soins à mettre en place sur le terrain, afin de lutter efficacement contre la propagation de la maladie, en vue, notamment, d’assurer aux équipes médicales de travailler dans les meilleures conditions de sécurité sanitaire possible, rapporte le communiqué diffusé par le Ministère luxembourgeois des Affaires étrangères. Ils ont également souligné l’intérêt de recentrer la collaboration avec tous les pays qui ont des cadres médicaux sur place afin d’éviter que la maladie ne progresse dans d’autres continents.