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Statistiques - Emploi et politique sociale
Rapport travail et cohésion sociale 2013 – Le taux d’emploi, la part des étrangers et la pauvreté ont augmenté au Luxembourg, selon le Statec
14-10-2014


L'évolution du taux d'emploi au Luxembourg et en zone euro (Source : Statec)Le Statec a publié le 14 octobre 2014 son rapport "travail et cohésion sociale" 2013, en amont de la journée internationale de la pauvreté le 17 octobre 2014. Le rapport résume les principaux développements sur le marché du travail, des conditions de vie et de la perception de la pauvreté au Luxembourg, tout en les mettant dans une perspective européenne.  

Malgré la crise économique, l’emploi au Luxembourg n’a cessé d’augmenter – et cela de 50 % depuis 2000. Chez nos voisins (Allemagne, France, Belgique), l’emploi a augmenté au maximum de 10 %, tandis qu’il a reculé dans des pays touchés par la crise comme le Portugal (-9%) ou la Grèce (-8%). En zone euro, l’augmentation était de 5%.

Le salaire nominal a augmenté de 44 % entre 2000 et 2013, contre 33 % dans la zone euro. Le salaire réel, qui prend en compte l’inflation, a seulement augmenté de 6,5 % tandis qu’il a même baissé en Allemagne les années avant la crise pour augmenter ensuite, sans pour autant atteindre le niveau de 2000. En France, le salaire réel a augmenté de 10 %. En zone euro, il est resté relativement stable.

Vu de plus près, l’augmentation du taux d’emploi au Luxembourg est plus forte dans les années avant la crise (3,6 % contre 1 % dans la zone euro entre 2000 et 2008). Après la crise, le taux d’emploi augmente de 2 % au Luxembourg, tandis qu’il recule en zone euro (de 0,5 % entre 2009 et 2013). A part le Luxembourg, seulement six Etats membres connaissent une augmentation importante après la crise : Malte (2 %), l’Autriche (0,8 %), l’Allemagne (0,7 %), la Suède (0,6 %), le Royaume-Uni (0,5 %) et la Belgique (0,4 %). Les baisses les plus importantes sont enregistrées en Grèce (- 3,4 %), en Espagne (- 2,9 %) et en Croatie (- 2,8 %).  

Le taux d’emploi au Luxembourg a augmenté grâce aux femmes avec des enfants

Le taux d’emploi au Luxembourg a ainsi augmenté de 68,9 % en 2008 à 71,1 % en 2013 tandis qu’il a baissé en zone euro (de 70,1 % à 67,7 %). Cette augmentation est surtout due à l’augmentation du travail des femmes de nationalité luxembourgeoise, dont le taux d’emploi a augmenté de manière continue de 51,6 % en 2000 pour arriver à  62,5 % en 2013, explique le Statec. Il précise que le taux d’emploi a augmenté avant tout chez les femmes avec un à trois enfants, tandis qu’il est resté plutôt stable chez les femmes sans enfants.

Le taux d’emploi chez les hommes luxembourgeois s’établissait à 74,9 %, une légère baisse comparé à 2010 quand il était au pic avec 77 %. Chez les hommes de nationalité étrangère, le taux d’emploi est plus élevé, avec 81,3 % (contre 79 % en 2008).

Le temps partiel chez les hommes a augmenté pour arriver à 4,7 %, contre 36 % chez les femmes

Si plus de femmes travaillent, près d’un tiers  (36 %) d’entre elles occupe un travail à temps partiel, un chiffre qui est resté stable ces dernières années, tandis que le temps partiel chez les hommes a augmenté pour passer de 2,3 % en 2004 à 4,7 % en 2013. Comparé aux pays voisins, le temps partiel est le plus féminin au Luxembourg : les femmes y représentent 86 % du travail à temps partiel contre 81 % en Allemagne, en France et en Belgique (la moyenne européenne étant de 77 %).

Une autre évolution positive : le taux d’emploi chez les personnes âgées a augmenté les dernières dix années : il est de 23 % en 2013 contre 13,7 % en 2003 pour la tranche d’âge 60-64 ans. Pareil pour la tranche d’âge 55-59 ans (54,7 %, + 10 %) et celle des 50-54 ans (79,5%, + 11,5 %).

Par contre, le taux d’emploi chez les jeunes a baissé en dix ans : il est de 35,4 % chez les 20-24 ans (-11 %) et de 76 % chez les 25-29 ans (- 6 %).

Le taux d’emploi des frontaliers reste stable depuis 2008

La part de l’emploi frontalier s’est stabilisée depuis 2008 à 42 % alors qu’il augmentait de façon continue les années précédentes (de 26 % en 1995 à 33 % en 2000 et 41 % en 2007), contribuant ainsi à l’augmentation de l’emploi au Luxembourg avant la crise.

Près de 16 % de la population a un risque de pauvreté

Comparé à la moyenne européenne, le taux de chômage est relativement faible au Luxembourg. Il s’établit en 2013 à 5,3 % (contre 10,8 % dans la zone euro). En ce qui concerne le chômage des jeunes (15-24 ans), le Luxembourg où le taux s’établit à 15,5 % est dépassé de certains pays européens comme l’Autriche (7 %), l’Allemagne (7,8 %), les Pays-Bas (11 %), le Danemark et Malte (chacun 13 %), selon les données d’Eurostat. La moyenne européenne est de 23,8 %.

Si l’emploi a augmenté malgré la crise, la pauvreté a augmenté elle aussi. Ainsi, le taux de risque de pauvreté (fixé à 60 % du revenu équivalent au médian national, soit 1665 euros) a augmenté pour passer de 13,6 % en 2011 à 15,9 % en 2013. Le Statec précise que, sans les transferts sociaux, ce chiffre passerait à 45 % et que, tout de même, les transferts sociaux n’arrivent pas à compenser l’augmentation du taux de risque de pauvreté. Pourtant, le taux de pauvreté est faible comparé à la moyenne européenne qui s’élève à près de 23 %, selon le Statec, tandis qu’il dépasse les 30 % en Espagne et en Grèce.

C’est les étrangers qui ont le risque de pauvreté le plus élevé avec 21,4 % contre 9 % des nationaux. La moitié (53 %) des "pauvres" est au chômage, 10 % ont néanmoins un emploi tandis que 5 % sont en retraite. Le risque de pauvreté touche surtout les personnes ayant une éducation faible (20 %) et seulement 5 % des personnes avec une éducation élevée.

Le taux de privation matérielle qui désigne l’incapacité de couvrir des dépenses comme le chauffage, le loyer, la voiture ou la viande, a augmenté de 0,5 % en un an pour passer à 1,8 % en 2013 alors qu’il était encore de 0,5 % en 2010.

10 % des ménages les plus aisés reçoivent près de 25 % du total des revenus

Le Statec présente d’ailleurs une "autre vue" sur les inégalités : il explique que les 10 % des ménages les plus aisés reçoivent près de 25 % du total des revenus et les 10 % des ménages les moins aisés 3 % des revenus. De plus, les 10 % les plus riches ont des revenus de capital de 10 %, contre 1,3 % des 10 % les plus pauvres, qui pour leur part tirent 29 % de leurs revenus de prestations sociales.

Quant à la perception du risque de pauvreté, on peut également constater une hausse : plus d’un quart (28 %) des ménages estime avoir des "difficultés de joindre les deux bouts" en 2013 contre 19,4% en 2008. 4,2 % estiment que c’est "très difficile" (+0,8 %par rapport à 2012) et 8 % que c’est "difficile" (+ 1,4 %). Cette impression est d’autant plus forte quand il s’agit d’un parent monoparental : 68 % d’adultes avec un enfant à charge disent avoir des difficultés contre 27 % des adultes sans enfants et 32 % des couples avec un enfant.

Pourtant ces chiffres sont faibles par rapport à la moyenne européenne : le Luxembourg se situe ainsi en troisième position derrière la Suède et la Norvège. Dans sept pays européens, ils sont plus de 80 % à estimer qu’il est difficile de joindre les deux bouts, dont la Bulgarie et la Grèce en tête. La France arrive presque à 60 %, juste derrière l’Espagne (61 %).

La part des étrangers au Luxembourg a augmenté de 160 % en trente ans

La part des étrangers dans la population totale du Luxembourg est passée de 26,3 % en 1981 à 45,3 % en 2014, note le Statec. Dans la période 1981-2014, la population de nationalité luxembourgeoise n’a donc augmenté que de 12 %, alors que la population de nationalité étrangère a augmenté de 160 %. Le rapport constate que toutes les nationalités progressent en chiffres absolus, à part les Italiens. Les Portugais sont toujours le groupe le plus important avec 16,5 %, suivis des Français avec 6,8 %, des Italiens (3,4 %) et des Allemands (3,3 %).

Le Luxembourg a d’ailleurs connu une importante augmentation de sa population entre 2004 et 2014, de l’ordre de 21 % alors que la moyenne européenne est de 3 %. Tandis que la Belgique (+ 7,8 %) et la France (+ 5,7 %) dépassent cette moyenne, l’Allemagne perd des habitants depuis le milieu des années 2000 (-2 % en 2014 par rapport à l’année 2004).

Une population relativement "jeune" grâce aux étrangers

Le Statec se félicite d’une structure de la population qui reste relativement "jeune" au Luxembourg où le taux des jeunes (0-19 ans) est de 23 % contre 21 % en moyenne européenne. Pareil pour le taux des personnes âgées (+ 65 ans) qui est de 14 % au Luxembourg contre 18 % dans l’UE. Néanmoins, il estime qu’il ne faut pas croire que le Luxembourg sera confronté moins aux problèmes de financement des pensions que les autres pays, vu que la population vieillit et que le pays devra payer les retraites des travailleurs frontaliers. Le Statec précise que ce "rajeunissement" s’explique notamment par le fait que les étrangers sont plus jeunes que la population nationale.

Le Luxembourg connaît par conséquent un taux de dépendance plutôt faible comparé à ses voisins. Ce taux exprime la part des personnes âgées (+ 65 ans) de la population des 20-64 ans. Au Luxembourg, ce taux est de 20 % en 2013, contre 27,5% dans l’UE et en France et 26,8 % en Belgique. En Allemagne, ce taux est en dessus de la moyenne avec 31,3 % (contre 26,8 % en 2004).