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Selon une étude publiée par l’ALFI, la directive AIFM stimule la croissance dans les domiciles européens de fonds d’investissement
27-11-2014


L’ALFI, association luxembourgeoise de l’industrie des fonds d’investissement, a publié le 21 novembre 2014 une étude réalisée à sa demande par Oliver Wyman. Il en ressort que, malgré les craintes exprimées par les acteurs du secteur, la directive sur les gestionnaires de fonds d'investissement alternatifs (directive AIFM), a déclenché une forte croissance dans les domiciles européens de fonds d’investissement. Depuis 2010, le nombre de fonds d’investissement alternatifs a augmenté de 10 % et les actifs nets sous gestion ont progressé de 13 %  suivant cette étude.ALFI

"La directive AIFM a renforcé l’attractivité des domiciles onshore européens", a commenté le président de l’ALFI, Marc Saluzzi. "Au début, la directive avait été critiquée par de nombreux acteurs qui avaient peur de se voir confrontés à des coûts de conformité importants et à une complexité croissante. Aujourd’hui, on peut constater que la nouvelle réglementation a apporté beaucoup d’avantages, notamment en permettant aux gestionnaires de fonds alternatifs domiciliés dans l’Union européenne de distribuer leurs fonds alternatifs déjà autorisés dans l’ensemble de l’UE."

Les auteurs de l’étude  se sont concentrés sur le choix d’un domicile pour un fonds d’investissement alternatif – à savoir hedge funds, fonds private equity et fonds immobiliers – et ils se sont limités aux domiciles qui comptent le plus grand nombre de fonds alternatifs et les actifs sous gestion les plus élevés, ainsi qu’aux principaux domiciles de l’UE. L’étude s’est donc concentrée sur les principaux domiciles européens que sont Luxembourg, Irlande et Malte, ainsi que les Iles Cayman, l’Etat fédéral américain du Delaware, les îles de Jersey, Isle of Man et Guernsey ou encore les Bermudes et les Iles Vierges Britanniques (BVI).

Une forte croissance dans les domiciles européens

Le Luxembourg, qui est le plus important des trois domiciles européens de fonds alternatifs analysés (Luxembourg, Irlande et Malte) avec une part de marché de 60 %, a enregistré dans les années 2010 à 2013 la création de 169 nouveaux fonds alternatifs, ce qui constitue une progression de 11 %. La croissance la plus forte a été réalisée dans le domaine des fonds private equity et immobiliers, avec des progressions de 30 à 35 % tant au niveau du nombre de fonds que des actifs nets sous gestion.

L‘Irlande, deuxième domicile européen avec quelque 21 % des fonds alternatifs analysés, a connu une croissance de 58 %, notamment en raison de l’augmentation du nombre de hedge funds. On estime que plus ou moins 40 % de tous les hedge funds créés dans le monde sont administrés en Irlande.

Malte affiche la croissance la plus forte parmi les domiciles européens analysés, ce qui s’explique surtout par sa taille relativement réduite et par son statut de nouvel arrivé. Ce domicile serait attrayant pour les produits de niche à l’intérieur du secteur des hedge funds, avec des volumes moyens des fonds de moins de 20 millions d’euros.

Une demande de fonds alternatifs sous forme d’OPCVM

L’utilisation de fonds OPCVM (UCITS) pour des stratégies d’investissement alternatives a plus ou moins doublé depuis l’année 2009 au niveau mondial. Les appels, suite à la crise financière, en faveur de plus de transparence et de réglementation ont renforcé l’attractivité des OPCVM. D’après les estimations, le nombre de fonds d’investissement alternatifs a progressé de 17 % depuis l’année 2010.

Des domiciles offrant des solutions globales du genre "guichet unique" attirent davantage de fonds d’investissement

Des domiciles offrant des solutions globales du genre "guichet unique" attirent davantage de fonds d’investissement que des domiciles avec une infrastructure de marché moins développée.

Avec l’introduction de fonds suivant la directive AIFM, l’administration des fonds et les services y relatifs sont devenus un élément clé, tout comme les dépositaires indépendants. C’est pourquoi les auteurs de l’étude estiment que les grands domiciles vont attirer des affaires au détriment des domiciles offrant une infrastructure moins développée.

Les domiciles off-shore traditionnels ont renforcé encore leur position dominante entre 2010 et 2013

Les domiciles off-shore traditionnels ont renforcé encore leur position dominante entre 2010 et 2013 dans les différentes classes d’actifs respectives. Toutes classes d’actifs confondues, on ne peut cependant pas identifier de gagnant clair et net.

Au niveau des hedge funds, on estime que les Iles Cayman, le domicile traditionnel de hedge funds du monde entier, ont élargi leur part de marché de 55 à 60 % des actifs gérés par cette catégorie de fonds dans le courant des années 2010 à 2013.

Le Luxembourg et l’Irlande sont prisés auprès des gestionnaires de fonds britanniques et européens, mais l’Irlande enregistre un nombre croissant d’enregistrements de gestionnaires de fonds américains.

Pour les fonds Private Equity, l’Etat américain du Delaware reste de loin le domicile le plus important. On estime que près de 57 % des 5.500 fonds analysés y sont domiciliés. Ils géreraient environ 69 % des 1.200 milliards d’euros investis dans ce type de fonds.

Dans l’Union européenne, le Luxembourg est la place dominante pour le private equity, 90 % des fonds analysés y étant domiciliés. En termes d’actifs sous gestion, Guernsey est le troisième domicile européen de fonds private equity. Ce domicile a enregistré une forte croissance au cours des quatre dernières années et aujourd’hui, les fonds private equity représentent près de trois quarts de tous les fonds domiciliés à Guernsey.

Le Delaware est également le domicile préféré des fonds immobiliers. D’après les estimations, quelque 67 % des actifs de ce secteur sont gérés par des fonds immobiliers domiciliés dans cet Etat fédéral américain, comparé à 60 % en 2010.

Parmi les domiciles européens analysés, le Luxembourg présente le nombre le plus élevé de fonds immobiliers. Quelque 15 % des actifs alternatifs y seraient investis dans de l’immobilier.

Pour Marc Saluzzi, "le défi est maintenant d’attirer encore davantage de fonds alternatifs au Luxembourg"

Pour ce qui est de l’évolution future, les auteurs de l’étude estiment que la réglementation et la demande de la part des investisseurs feront que les tendances actuelles vont se poursuivre, voire se renforcer encore.

"Cette étude confirme que les investisseurs sont demandeurs de la sécurité qu’offre une réglementation. C’est pourquoi nous nous attendons à ce qu’un nombre croissant de fonds offshore profite à l’avenir des avantages de la directive AIFM", en conclut Marc Saluzzi. "Rien que dans les douze derniers mois, nous avons reçu un nombre important – quelque 240 – de demandes d’agrément de gestionnaires de fonds alternatifs. Le défi est maintenant d’attirer encore davantage de fonds alternatifs au Luxembourg. Les Iles Cayman et le Delaware sont des compétiteurs sérieux, mais nous sommes convaincus que notre centre de fonds d’investissement dispose de tout ce qu’il faut pour devenir le ‘domicile alternatif de produits d’investissement’ pour un nombre croissant de gestionnaires de fonds et d’investisseurs institutionnels", a ajouté le président de l’ALFI.