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STATEC – Une étude sur le coût de la main d’œuvre au Luxembourg et dans l’UE toute en nuances
18-11-2014


statec-nouveauLe STATEC a publié le 18 novembre 2014 une analyse détaillée de la structure du coût de la main-d’œuvre pour le Luxembourg. Ce "Regards no 22" place ces résultats dans le contexte international, en comparant les principaux indicateurs luxembourgeois avec ceux des régions voisines et des autres États Membres de l’Union européenne.

Il ressort de cette analyse, qu’au Luxembourg :

  • le coût horaire moyen est supérieur à la moyenne de la zone euro, mais reste inférieur à ceux de la Belgique et de la France ;
  • le taux de croissance du coût de la main-d’œuvre entre 2008 et 2012 est comparable à celui de la France et de l’Allemagne et moins élevé que celui de la Belgique ;
  • le coût horaire est plus faible que dans les pays voisins dans l’industrie et la construction ; dans les services, il est supérieur à celui de l’Allemagne et de la France, mais inférieur à celui de la Belgique ;
  • la part des coûts indirects dans le total des coûts est très faible par rapport à la plupart des États membres ;
  • la part des rémunérations brutes qui ne sont pas versées avec chaque paie (p.ex. 13e mois, primes, etc.) est relativement élevée.

Le coût annuel moyen de la main-d’œuvre du Luxembourg figure parmi les plus élevés d’Europe

Avec un coût moyen annuel de 59 589 euros par salarié, le Grand-Duché se situe dans l’Union européenne en troisième position derrière la Suède et le Danemark, et devant ses trois pays limitrophes.

Le coût de la main-d’œuvre annuel couvre tous les coûts liés au travail : rémunérations brutes régulières, mais aussi irrégulières (bonus de fin d’année, 13e mois, indemnités de licenciement, etc.), avantages en nature, charges patronales, autres coûts indirects (coûts de formation, frais de recrutement, etc.), de l’ensemble des salariés (qu’ils soient couverts par une convention collective ou non).

Le coût horaire est égal au coût annuel divisé par le nombre d’heures effectivement travaillées.

Le coût de la main-d’œuvre n’est donc pas comparable à un salaire horaire ou mensuel tel qu’il est fixé par un contrat de travail ou une convention collective, mais - par définition - dépasse largement celui-ci.

Ce concept sert à mesurer ce que coûte en moyenne une heure de travail effective à l’employeur, et non "ce que gagne" un salarié par heure contractuelle.

Ce constat doit toutefois être nuancé par trois faits.

Avec 33,91 euros, le coût horaire moyen reste inférieur à celui de la Belgique et de la France

Premièrement, le nombre d’heures travaillées par an au Luxembourg dépasse celui des pays voisins, ce qui modifie le positionnement du Grand-Duché par rapport à la France et la Belgique, si on considère le coût horaire plutôt que le coût annuel.

Dans ce classement, le Danemark vient en tête avec un coût horaire moyen de 39,36 euros, suivi de la Belgique (38,01 euros), de la Suède (37,26 euros) et de la France (34,25 euros). Il est estimé à 28,84 euros dans la Zone Euro et à 24,09 euros pour l’ensemble de l’Union européenne.

Entre 2008 et 2012, le coût horaire moyen a progressé moins vite au Luxembourg qu’en Belgique

En second lieu, on peut constater que le coût horaire moyen n’a augmenté en moyenne que de 2.3 % par an entre 2008 et 2012.

Sur cette période, le taux de croissance du coût du travail est similaire au Luxembourg, en Allemagne et en France. Par contre, le coût horaire moyen a augmenté plus fortement en Belgique sur la même période (3.7% par an).

Dans l’industrie, la construction et le commerce, le coût horaire moyen est moins élevé au Luxembourg que dans les pays limitrophes

Le troisième fait qu’il faut garder à l’esprit, c’est que le coût moyen est largement tributaire de la structure de l’économie nationale, or celle du Luxembourg est très différente de celle des autres pays européens, et une analyse par secteur s’impose donc.

Dans l’industrie manufacturière notamment, mais également dans la construction et dans le commerce, le Luxembourg présente des coûts horaires moyens inférieurs aux pays voisins.

Par contre, dans certains autres secteurs nécessitant une main-d’œuvre hautement spécialisée, comme le secteur des activités financières et d’assurance, le Luxembourg connaît des coûts horaires supérieurs à la France et l’Allemagne, mais inférieurs à ceux de la Belgique. Le coût horaire dépasse également celui des pays voisins dans les secteurs largement conventionnés comme celui de la santé humaine et de l’action sociale.

La comparaison avec la Grande Région

Au sein de la Grande Région, au sein de laquelle les marchés du travail respectifs sont fortement interconnectés, les coûts moyens du Luxembourg sont élevés mais ont progressé assez lentement entre 2008 et 2012

Au niveau de la Grande Région, le Luxembourg présente les coûts moyens annuels par salarié les plus élevés mais est dépassé par la Région Wallonne au niveau des coûts horaires.

Par rapport à 2008, les coûts horaires ont augmenté moins rapidement à Luxembourg que dans les autres régions, à l’exception de la Sarre.

Lorsque l’on compare les coûts dans les différents secteurs d’activité, la situation ne se différencie guère au niveau des régions de celle présentée plus haut pour les pays voisins. Le Luxembourg présente les coûts les plus faibles dans l’industrie et la construction, alors que ses coûts sont les plus élevés dans les services. À noter toutefois que les régions limitrophes allemandes affichent des coûts horaires moins élevés que le Luxembourg dans le secteur du commerce.

Coût direct et coût indirect

Mais le Luxembourg ne se distingue pas seulement de ses voisins en matière de coût horaire moyen, il présente aussi des particularités en ce qui concerne la composition de ce coût.

On peut en effet décomposer le coût de la main-d’œuvre en deux parties :

  • le coût direct, formé par les salaires et traitements bruts;
  • le coût indirect, constitué essentiellement des cotisations sociales à charge de l'employeur, et dans une moindre mesure des frais de formation professionnelle et d’autres dépenses (frais de recrutement, vêtements de travail, etc.), ainsi que (dans certains pays) des impôts liés au travail, diminués de subventions éventuellement perçues en relation avec l’emploi de main-d’œuvre.

Avec 14 %, les coûts indirects ne constituent qu’une part très faible du coût de la main-d’œuvre au Luxembourg, contrairement à la majorité des pays européens

Il est un fait bien connu que le poids des cotisations patronales est relativement faible au Luxembourg, ce qui fait que les rémunérations brutes forment une partie plus grande du coût total. La part des coûts indirects est comparable à celle de l’Irlande et du Danemark, et ce n’est qu’à Malte qu’elle est encore sensiblement plus réduite qu’au Grand-Duché.

Les rémunérations non versées avec chaque paie représentent 9,5 % au Grand-Duché, ce qui place celui-ci parmi les pays qui paient les primes non régulières les plus élevées

En subdivisant davantage le coût direct, on constate que la majeure partie (entre 82 % et 97 %, selon les pays) en est constituée par la rémunération brute directe versée en espèces lors de chaque paie (y comprises primes et indemnités, rémunérations des apprentis et rémunérations des jours non ouvrés). De fortes disparités peuvent être observées entre les États membres en ce qui concerne l’importance relative des autres types de rémunération.

Les rémunérations qui ne sont pas versées de manière régulière lors de chaque paie, comme par exemple les gratifications et primes de fin d’année, sont particulièrement importantes en Autriche (17 % des salaires et traitements bruts), en République tchèque, en Espagne, en Italie et aux Pays-Bas (de l’ordre de 14 %), au Portugal (12,5 %), mais aussi au Luxembourg (9,5 %) et en Allemagne (9,3 %). Ces rémunérations non périodiques ne représentent que 4,3 % en France et un peu plus de 5 % en Belgique.

Il convient toutefois d’y ajouter des versements au titre de la formation d'un patrimoine au profit des salariés (contributions patronales à des plans d’épargne d’entreprise) de l’ordre de 3,1 % des coûts directs. Ce type de rémunération atteint en effet une part non négligeable du coût direct de la main-d’œuvre en France, alors qu’à titre de comparaison, il ne représente que 0,2 % au Luxembourg et 0,3 % en Allemagne.

De fortes disparités se remarquent aussi au niveau des rémunérations en nature (tels que produits de l'entreprise, logements et voitures de société, options d’achat d’actions). Celles-ci représentent 1,9 % du coût direct au Luxembourg, comme en Belgique ou en Slovaquie. Trois pays seulement présentent des taux plus élevés : la Bulgarie (2,9 %), la Hongrie (5,1 %) et la Croatie (6,8 %).