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Recherche et société de l'information
Face à la concurrence internationale, l’Agence spatiale européenne lance le développement du futur lanceur européen Ariane 6
02-12-2014


Etienne Schneider, ministre luxembourgeois de l'Espace (Source : ESA)Les 20 Etats membres de l’Agence spatiale européenne (ESA) ont lancé le 2 décembre 2014 le développement du futur lanceur européen Ariane 6, censé remplacer Ariane 5. Les ministres de l'Espace ont se sont engagés sur une enveloppe de 4 milliards d'euros sur dix ans pour Ariane 6, a déclaré le ministre luxembourgeois Etienne Schneider, lors d’une conférence de presse après la conférence ministérielle à Luxembourg. Cette somme inclut la construction d'un nouveau pas de tir en Guyane et la mise à niveau du petit lanceur de la gamme européenne, Vega.

Les ministres se sont accordés sur l’objectif de "développer des lanceurs plus compétitifs", suite à des discussions "dures, mais équitables et ouvertes", a ajouté le ministre, précisant que les ministres ont mobilisé au total des fonds à hauteur de 5,7 milliards d’euros pour financer les programmes de l’ESA dans les années à venir. Selon Etienne Schneider, les ministres de l'Espace se sont également prononcés sur la poursuite de la participation européenne à l'exploitation de la station spatiale internationale (ISS) jusqu'en 2020, s'engageant sur une enveloppe de l'ordre de 800 millions d'euros. La mission spatiale à destination de Mars, prévue en 2018, sera également maintenue.

Le premier vol d'Ariane 6 est programmé dès 2020. Cette décision "historique" est "une réponse forte à la concurrence internationale, dans un secteur stratégique pour la souveraineté européenne, pour son industrie, pour l'emploi", a souligné la secrétaire d'Etat française à la Recherche, Geneviève Fioraso. La ministre allemande Brigitte Zypries s'est dite "satisfaite". "L'accord est bon pour l'industrie et l'emploi en Allemagne", a-t-elle jugé.

Des mois de négociations entre la France et l'Allemagne

Un modèle du lanceur Ariane 6 (Source : ESA)Le budget total sur 10 ans du programme de lanceurs européens est estimé à 8 milliards d'euros, une somme qui inclut les inévitables évolutions de l'actuelle Ariane 5 jusqu'à ce qu’Ariane 6 puisse assurer la relève. La France assurera la plus grosse part de l'effort financier (52 %), suivie par l'Allemagne (22 %). Il a fallu des mois de négociations, tout particulièrement entre la France et l'Allemagne, pour parvenir à cet accord. L’Allemagne était réticente au développement d’Ariane 6 et avait opté pour un autre modèle remplaçant l’Ariane 5 qui aurait profité plus aux implantations allemandes que françaises, relève le quotidien Frankfurter Allgemeine Zeitung dans son édition du 3 décembre.

Le 27 novembre 2014, l’Allemagne avait finalement annoncé qu’elle augmenterait sa contribution annuelle au financement d’Ariane 6 de 60 millions d’euros pour passer à 175 millions d'euros.   "Vous savez que la France a développé la prochaine Ariane, Ariane 6", avait alors déclaré le ministre allemand de l'Economie, Sigmar Gabriel, en soulignant qu’il était nécessaire "d'améliorer la compétitivité" de l'Europe.

Née il y a 35 ans, Ariane a été déclinée en plusieurs versions. L'actuelle Ariane 5, mise sur les rails en 1987, vole depuis 1996. Après des débuts difficiles, elle a très bien rempli sa mission et affiche actuellement 62 succès d'affilée. Elle a conquis plus de 50 % du marché commercial des lancements de satellites. Mais sa place de leader est menacée par le Falcon de l'américain SpaceX, qui mène une politique de prix très agressive, mais aussi par l'émergence attendue de concurrents asiatiques.   Selon le PDG d'Arianespace, Stéphane Israël, le prix pour un lancement d'Ariane 6, avec deux satellites à la fois, devrait tourner "autour de 120 millions de dollars" (environ 90 millions d'euros), aux conditions actuelles du marché.

Les 20 membres de l’ESA, qui est une organisation indépendante, sont 18 Etats membres de l’UE (Allemagne, Autriche, Belgique, Danemark, Espagne, Finlande, France, Grèce, Irlande, Italie, Luxembourg, Pays-Bas, Pologne, Portugal, République tchèque, Roumanie, Royaume-Uni, Suède) ainsi que la Suisse et la Norvège. Le Canada est membre du Conseil de l’ESA et participe à certains projets. Le Luxembourg a joint l’ESA en 2005.