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Entreprises et industrie - Environnement
La section Sud du Mouvement écologique et l’initiative citoyenne Stop Dioxin veulent déposer une plainte à la Commission européenne contre ArcelorMittal dont l’aciérie d’Esch/Belval dépasse les seuils autorisés d’émissions de particules
25-02-2015


Mouvement écologiqueLa section Sud du Mouvement écologique (Meco) et l’initiative citoyenne Stop Dioxin ont publié, le 25 février 2015, un communiqué de pressedans lequel elles dénoncent le dépassement des seuils autorisés d’émissions de particules atmosphériques par l’aciérie électrique d’ArcelorMittal située à Esch/Belval. Dans leur communiqué, intitulé "Ça suffit !", les deux organisations condamnent également la "passivité" du ministère luxembourgeois du Développement durable dans ce dossier ainsi que le traitement spécifique dont bénéficierait ArcelorMittal. Elles entendent déposer plainte auprès de la Commission européenne.

Le contexte

Le comité de suivi mis en place en 2010 pour surveiller les émissions atmosphériques des aciéries d’ArcelorMittal a publié, en avril 2014, un tableau des émissions atmosphériques du site d’Esch/Belval, révélant que l’usine dépassait nettement les seuils autorisés en matière d’émissions de particules atmosphériques. Le tableau révèle que les émissions de HAP (Hydrocarbure aromatique Polycylique), de COT (carbone organique total), de SO2 (dioxyde de soufre) et de CO (monoxyde de carbone) sont toutes au moins deux fois supérieures au taux autorisé par le commodo de 2011. Pour le COT, les dépassements seraient même quasi quotidiens et jusqu’à 7 fois supérieurs au seuil réglementaire. Ces particules, qui proviennent majoritairement des laques et des peintures qui recouvrent la ferraille qui entre dans les fours sont déclarées cancérigènes et se retrouvent jusqu’à un kilomètre des cheminées, contaminant les légumes cultivés dans les potagers environnants, notamment les quelque 130 parcelles des jardins ouvriers "an Eisenbrech" dont les récoltes sont consommées par environ 1000 personnes. Dès la publication de ces chiffres, les responsables d’ArcelorMittal ont été priés de prendre les mesures nécessaires pour y remédier, sans que rien ne se passe depuis.

Face à cette situation "inacceptable pour les hommes et l’environnement", la section Sud du Mouvement écologique (Meco) et l’initiative citoyenne Stop Dioxin, représentés respectivement par Francis Hengen et Christiane Leclerc, exigent clairement :

  • du ministère, qu’il prenne les mesures nécessaires auprès de l’exploitant, comme prévues par la loi,
  • des responsables communaux, qu’ils informent le plus vite possible les citoyens des résultats des mesures ainsi que de l’existence des légumes contaminés.

Le communiqué de presse conjoint du Meco et de la Biergerinitiative Stop Dioxin dénonce également le traitement préférentiel dont bénéficierait ArcelorMittal. En effet, lorsque deux incidents étaient survenus auprès de la central de gaz Twinerg et avaient entraîné des émissions importantes de particules d’oxyde de fer septembre 2014, il n’avait fallu que 57 jours aux pouvoirs publics prendre des mesures drastiques et régler le dossier. L’activité de l’usine avait alors été stoppée au nom du principe de précaution édicté par les articles 8 et 9 de la loi du 9 mai 2014 relative aux émissions industrielles, qui découle de la directive 2010/75/UE, jusqu’à ce que l’exploitant rende des comptes quant aux incidents survenus et s’engage à prendre des mesures techniques pour que le cas ne se reproduise plus.  

Dans leur communiqué, les deux organisations indiquent qu’elles ne "comprennent pas pourquoi les mêmes règles ne sont pas valables au sein d’un même un secteur industriel". Si certaines entreprises sont privilégiées par rapport à d’autres, "ce serait tout simplement un scandale", peut-on encore lire dans le document. Le Meco et Stop Dioxin attendent donc du ministère que le cas d’ArcelorMittal soit traité de la même manière que Twinberg, "immédiatement" et "sans concession". 

Une plainte sera déposée auprès de la Commission européenne

Interrogé par le Luxemburger Wort, le porte-parole d’ArcelorMittal, Pascal Moisy, a indiqué que l’entreprise était "consciente de sa responsabilité envers l’environnement" et qu’elle avait déjà, en décembre et janvier derniers, "réalisé des travaux importants pour réduire les émissions". Toujours selon le porte-parole, de nouvelles techniques auraient été mises en place et les taux d’émissions de particules se seraient rapidement améliorés en janvier, même s’ils ne sont toujours pas en dessous de la limite autorisée.  

Camille Gira, secrétaire d’Etat au Développement durable et aux Infrastructures, a pour sa part indiqué au Luxemburger Wort qu’un "processus visant à imposer des améliorations pour que les seuils limites soient respectés" était en place "depuis longtemps", tout en concédant qu’il y avait "toujours des problèmes". Il a également indiqué qu’une "réunion technique" aurait lieu en avril, et qu’on y "exigera des améliorations claires".

Face à tous ces "atermoiements", le Meco et Stop Dioxin ont indiqué, dans leur communiqué de presse, qu’ils se "voyaient dans l’obligation" de déposer une plainte auprès de la Commission européenne, l’usine se situant à proximité directe du futur campus universitaire Uni-Belval. "On ne va pas attendre un grand scandale sanitaire avant de faire quelque chose", ont-ils encore indiqué.