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Politique étrangère et de défense
Le président de la commission des Affaires étrangères du Parlement européen, Elmar Brok, nommé membre par décret du président ukrainien Petro Porochenko d'un conseil consultatif international chargé de superviser les réformes en Ukraine
14-05-2015


Elmar Brok, MPE, PPE, DLe président de la commission des Affaires étrangères du Parlement européen, le député allemand Elmar Brok (PPE), a été nommé le 13 mai 2015 par un décret du président ukrainien Petro Porochenko membre d'un conseil consultatif international chargé de superviser les réformes en Ukraine.

Ce comité est censé élaborer des propositions et recommandations sur la mise en œuvre de réformes en Ukraine "sur base de la meilleure expérience internationale", dit le communiqué officiel publié le 14 mai 2015 par la présidence ukrainienne. "Toutes les deux semaines, nous allons préparer un rapport sur le processus de réformes, sur ce qui a été réalisé et, ce qui est encore plus important, sur les problèmes", a déclaré son président nommé en février déjà, Mikheil Saakachvili, l'ancien président de Géorgie, qui vit en exil aux Etats-Unis depuis qu'il a été mis en accusation par la justice de son pays après y avoir dû quitter le pouvoir en 2013. Les membres de ce comité ne sont pas rémunérés, leur position est seulement honorifique et ne leur confère pas une position officielle, lit-on encore.

Les autres membres invités de ce comité consultatif sont le député européen et ancien ministre des Affaires européennes polonais Jacek Saryusz-Wolski (PPE), l'ancien Premier ministre et ministre des Affaires étrangères suédois, le conservateur  Carl Bildt, qui s'est estimé sur Twitter "honoré", le sénateur républicain américain John McCain, l'ancien Premier ministre chrétien-démocrate slovaque Mikuláš Dzurinda, l'économiste suédois et résident états-unien Anders Aslund et l'ancien Premier ministre chrétien-démocrate lituanien Andrius Kubilius.

Le communiqué du 14 mai fait état du fait que la "majorité des personnes invitées a déjà accepté l'invitation", et précise que le sénateur John McCain "a accepté de participer mais doit encore accomplir des procédures formelles officielles du Congrès des Etats-Unis". Le 15 mai, John McCain, très engagé pour que les Etats-Unis et l'Europe livrent des armes létales à l'Ukraine, et qui s'était dans un premier temps dit honoré tout en ajoutant qu'il devait vérifier si son statut de sénateur lui permettait de siéger au sein d'un tel conseil, a été obligé de déclarer par voie de communiqué être "obligé de décliner cette invitation", évoquant les "dispositions de la Constitution américaine concernant l'interaction des membres du Congrès avec des gouvernements étrangers". Il a ajouté : "Je vais continuer de faire tout ce que je peux pour arrêter l'agression continue de Vladimir Poutine" et "soutenir" les Ukrainiens sur la voie des réformes.

Durcissement du ton au Parlement européen

Le 5 mai 2015

La participation à ce comité consultatif de personnalités politiques de l'UE très marquées par leurs hautes fonctions actuelles ou antérieures a été rendue publique alors qu'au Parlement européen, le ton à l'égard de la Russie, s'est fortement durci.   

Ainsi, le 5 mai 2015, la commission des Affaires étrangères du Parlement européen, qui est présidée par Elmar Brok, a fait publier un communiqué où l'on lit : "Si la Russie n'applique pas pleinement les accords de Minsk et ne rend pas la Crimée à l'Ukraine, l'UE devrait durcir ses sanctions et envisager la possibilité de fournir des armes de défense à l'Ukraine, a affirmé la commission des affaires étrangères dans une résolution adoptée le 4 mai" et qui devrait être soumise à la plénière en juin 2015. Et ensuite : "Le retour de la Crimée à l'Ukraine est essentiel pour la coopération UE-Russie à long terme."

En résumé, la résolution dit que "les pays de l'UE doivent aussi renforcer leurs propres capacités de défense". Elle analyse les changements militaires dans le bassin de la mer Noire depuis l'annexion illégale de la Crimée par la Russie il y a un an. Conclusion : "Les députés soutiennent 'résolument la non-reconnaissance' par l'UE de l'annexion de la Crimée et de Sébastopol par la Russie, et demandent une fois de plus aux États membres de parler d'une seule voix en ce qui concerne les relations UE-Russie."

La commission parlementaire rappelle dans la résolution qu'en général, les relations de l'UE avec la Russie devraient, à long terme, "reposer sur la coopération et non sur la confrontation". Elle précise cependant que cette coopération peut seulement être mise en place après que la Russie ait appliqué, de manière totale et inconditionnelle, les accords de cessez-le-feu de Minsk et rendu la Crimée à l'Ukraine. L'OTAN devrait aussi donner "de solides assurances stratégiques" à ses membres d'Europe orientale, propose le texte.

La commission des affaires étrangères souligne que l'annexion forcée de la Crimée par la Russie ainsi que les développements militaires dans le bassin de la mer Noire remettent en question l'architecture de la sécurité européenne.

"Par les développements militaires stratégiques, notamment l'important réarmement de la Crimée, la Russie crée, en pratique, un autre pas de tir, dans les proportions de Kaliningrad, cette fois dans la mer Noire. En un an, les forces défensives qui étaient présentes se sont transformées en une force de frappe comprenant les trois services. Il s'agit d'un instrument très puissant que la Russie peut utiliser pour menacer l'Europe centrale, les Balkans, l'Europe méridionale, l'est de la Méditerranée et même le Moyen-Orient", a affirmé le rapporteur Ioan Mircea Pascu (S&D, RO), ancien ministre de la Défense de son pays.

Les députés font part de leurs craintes face à l'intensification de la pression russe exercée sur la frontière orientale de l'Union, notamment sur la Roumanie, la Pologne et les États baltes.

Par ailleurs, ils soulignent que si la Russie décidait d'établir un couloir terrestre entre le pays et la Crimée le long de la rive Ouest de la mer d'Azov (Marioupol) et tentait d'en créer un autre de la Crimée à la Transnistrie, l'accès de l'Ukraine à la mer pourrait être complètement coupé.

"L'architecture de la sécurité" en Europe se base actuellement sur les normes de l'après-guerre froide, expliquent les députés. Ils soulignent la nécessité de renforcer les stratégies liées à la sécurité de l'UE, à la sécurité maritime, et à la mer Noire ainsi que la politique européenne de voisinage, et de donner la priorité à la région de la mer Noire et d'accroître la coopération en matière de sécurité avec les États partenaires situés sur les côtes de la mer Noire. La commission des affaires étrangères précise que l'UE doit coopérer avec l'OTAN et les États-Unis pour garantir la sécurité dans la région.

Le 12 mai 2015

Le 12 mai 2015, un autre communiqué de la commission des Affaires étrangères dit : "Revenir à une situation normale avec la Russie étant désormais hors de question, l'UE devrait allouer des fonds pour contrer la propagande et l'infiltration russes dans ses politiques et soutenir les mouvements indépendants en Russie". Et il ajoute : "Les pays de l'UE devraient s'abstenir de conclure des accords bilatéraux avec la Russie et renforcer leurs efforts collectifs pour résister au pays, tout en visant à long terme un retour à la coopération avec la Russie.

Le communiqué poursuit, invoquant une résolution adoptée le 11 mai par 53 voix contre 10 et 3 abstentions : "En annexant illégalement la Crimée, en menant un conflit armé contre l'Ukraine, en imposant des embargos commerciaux illégaux et en concluant des traités avec des régions séparatistes, la Russie 'a profondément porté préjudice à ses relations avec l'Union' et ne peut plus être considérée comme un 'partenaire stratégique'. L'Union européenne doit réévaluer ses relations avec la Russie et établir un 'plan d'intervention d'urgence non coercitif' afin de contrer 'la politique d'agression et de division que mène la Russie'." L'auteur de la proposition est le député européen lituanien PPE Gabrielius Landsbergis, le petit-fils du premier président de la République lituanienne après que ce pays eut retrouvé son  indépendance en 1990.

"La Russie se positionne ouvertement contre la communauté internationale démocratique et son ordre fondé sur le droit. Elle cherche à redessiner par la force les frontières en Europe", expliquent les députés. Ils appellent la Commission européenne et les États membres à octroyer des fonds pour des projets "non coercitifs" spécifiques visant à résister à la Russie.

La Commission devrait selon les députés "allouer, sans plus tarder, des fonds à des projets spécifiques pour contrer la propagande et la désinformation russe dans l'UE et à l'étranger, fournir des informations objectives aux opinions publiques dans les pays partenaires orientaux de l'UE, développer des alternatives en langue russe aux médias contrôlés par l'État russe, et apporter des informations crédibles et indépendantes à l'audience russophone." Les députés européens demandent également à la Commission de programmer une "aide financière plus ambitieuse pour la société civile russe", et de continuer à soutenir les défenseurs russes des droits de l'homme, les blogueurs, les médias indépendants, les universitaires et les ONG.

En même temps, les députés européens proposent que soit créé par la Commission et les États membres "un mécanisme pour surveiller l'aide financière, politique ou technique de la Russie aux partis politiques et autres organisations dans l'UE, évaluant son influence sur la vie politique et l'opinion publique au sein de l'Union et sur ses États voisins de l'Est."

Par ailleurs, les États membres de l'UE sont appelés à s'abstenir de relations et d'accords bilatéraux avec la Russie, à suspendre leur coopération avec la Russie dans le secteur de la défense et à renforcer plutôt la politique étrangère et de sécurité commune européenne. Et pour réduire la dépendance énergétique envers la Russie, les députés européens demandent aux États membres d'interconnecter leurs réseaux énergétiques et de mettre en œuvre la législation énergétique de l'UE afin de créer rapidement une véritable Union européenne de l'énergie. Ils soulignent qu'il s'agit d'un moyen de lutter contre l'utilisation par la Russie de l'énergie "comme moyen de pression politique et diplomatique".

Toutefois, les députés rappellent que la résolution du conflit dans l'Est de l'Ukraine peut "seulement être de nature politique". Ils estiment que "à long terme" une relation constructive UE-Russie est "possible et souhaitable", compte tenu des liens politiques et commerciaux, de ceux relatifs aux transports, à l'énergie et aux peuples, et des "défis communs sur la scène mondiale", tels que la lutte contre le terrorisme.

L'UE doit être prête à reprendre la coopération avec Moscou dès qu'elle respectera l'intégrité territoriale et la souveraineté de l'Ukraine, y compris la Crimée, après qu'elle ait pleinement mis en en œuvre les accords de cessez-le-feu de Minsk et qu'elle ait mis fin aux "activités militaires et de sécurité déstabilisantes aux frontières de l'UE", estiment les députés.