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Justice, liberté, sécurité et immigration
Trente ans après la signature des accords de Schengen, Martin Schulz, Jean-Claude Juncker et Xavier Bettel ont rendu hommage à la libre circulation et à la levée des contrôles aux frontières intérieures
13-06-2015


schengen-30-joer-logoLa commune de Remerschen, qui abrite de village de Schengen, avait invité le 13 juin 2015 à la célébration du 30e anniversaire de la signature des accords de Schengen le président du Parlement européen, Martin Schulz, le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, le Premier ministre luxembourgeois Xavier Bettel et la ministre-présidente de la Sarre, Annegret Karrenbauer. 

schengen-30-joer-bettelDans son discours, Xavier Bettel a rappelé que l’accord avait suscité peu d’enthousiasme à l’époque de sa signature, tandis qu’aujourd’hui, les Etats membres de l’UE et d’autres pays européens "frappent à la porte de Schengen". Il a fait l’éloge de la libre circulation qui "est aujourd’hui perçue comme une chose normale", tout comme le fait de pouvoir travailler, vivre, se faire soigner et être protégé dans un autre pays de l’Union, l’Espace Schengen symbolisant ces avantages. Xavier Bettel a aussi évoqué les migrants de la Méditerranée, "qui veulent essayer de faire chez nous ce qu’ils ne peuvent pas faire chez eux" et il a exprimé l’espoir que malgré les dissensions au sujet de la question migratoire, "on n’en arrive pas à devoir voter au prochain Conseil européen".

schengen-30-joer-schulzMartin Schulz a évoqué un 20e siècle dont la première partie était celle de "l’horreur", alors que la deuxième a été celle du "bonheur". Les membres de sa famille ont vécu depuis plus d’un siècle à la frontière mouvante entre l’Allemagne et les Pays-Bas, ou avec la France, dans une de ces régions limitrophes qui ont été toujours les plus éprouvées par les conflits. Il a rappelé que seulement cinq ans après la fin de la Deuxième Guerre mondiale, les pays européens avaient décidé de ne pas exclure, mais d’inclure l’Allemagne dans leur première communauté, la CECA, qui a ouvert la voie vers Schengen et la suppression du contrôle aux frontières. Pour le président du Parlement européen, revenir sur les accords de Schengen, rétablir les contrôles aux frontières intérieures, ce serait rétablir les anciennes séparations économiques, politiques et culturelles. Or c’est ce que demandent "ceux qui veulent en finir avec l’UE", les mêmes qui veulent aussi "rétablir la peine de mort". Pour lui, les seules frontières qui doivent être tracées sont celles contre "les ennemis de la démocratie qui excitent les peuples les uns contre les autres".

Schengen a été pour Martin Schulz "le début d’une des évolutions les plus fascinantes du 20e siècle", "une grande idée née dans une petite localité". Mais la liberté de circuler à l’intérieur a aussi créé des frontières extérieures qui doivent être gardées. Pour le président du Parlement européen, les droits fondamentaux qui régissent l’Espace Schengen à l’intérieur doivent aussi valoir aux frontières extérieures. L’UE devrait donc être capable de recevoir dans les prochains mois un demi-million de réfugiés, alors que déjà la Turquie en accueille plus d’un  million et demi sur son territoire, et de les répartir équitablement sur son territoire, la situation actuelle, avec quatre pays qui reçoivent plus de la moitié des réfugiés, étant "inéquitable". Bref, Schengen, pour lui la "bonne Europe", est menacé, de sorte qu’il faut changer d’attitude pour que "le bien" l’emporte. Et de citer Edmund Burke en guise de mise en garde : "il suffit que les hommes de bien ne fassent rien pour que le mal triomphe."

schengen-30-joer-junckerJean-Claude Juncker a appelé dans son intervention les dernières années du 20e siècle "une décennie bénie", citant la réunification de l’Allemagne et du continent européen, le traité de Maastricht, la mise en œuvre des accords de Schengen, la monnaie commune, un Parlement européen dont le rôle a gagné en importance … Comme antidote aux discours de ceux qui veulent abolir ces accords, il a recommandé la mise en veilleuse pour six mois du non-contrôle aux frontières. Et pour ceux qui viennent à Schengen et qui disent "Il n’y a rien à voir", il a recommandé la réplique : "Si. Circulez !". Pour Jean-Claude Juncker, "il faut barrer la route à ceux qui veulent revenir sur Schengen, qui est accablé de tous les maux du temps". S’il est vrai que plus de voitures sont volées, Schengen permet aussi d’en retrouver plus, a-t-il ajouté. Il a conclu, disant que Schengen montrait que l’UE peut réussir, à condition que priment la détermination et la patience.