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Semestre européen - Compétitivité - Emploi et politique sociale
A l’occasion du 50e anniversaire du CES, Xavier Bettel et Georges Dassis soulignent l’importance d’encourager le dialogue social à l’échelle nationale et européenne
28-01-2016


Le 28 janvier 2016, lors de la célébration du 50e anniversaire du Conseil économique et social du Luxembourg (CES), Xavier Bettel, Premier ministre luxembourgeois, et Georges Dassis, président du Comité économique et social européen (CESE), ont mis en avant l’importance du dialogue social au vu des défis qui attendent le Luxembourg et l’UE.

Conseil économique et socialCréé en 1966, le CES est l'institution consultative permanente du gouvernement luxembourgeois en matière d'orientation économique et sociale du pays. Il représente l'organe de réflexion tripartite central et permanent du dialogue social et de la concertation socioprofessionnelle au plan national. A la demande du Gouvernement ou de sa propre initiative, le CES étudie les problèmes économiques, sociaux et financiers qui se posent et essaye d'y trouver des solutions consensuelles et viables afin de guider le Gouvernement dans ses choix. Depuis son existence, le CES a émis 187 avis.

Le CES accompagne également le dialogue social européen structuré sur le plan national. Il constitue un acteur important du cycle annuel de concertation régulière entre le gouvernement et les partenaires sociaux représentatifs sur le plan national portant sur le semestre européen, plusieurs réunions étant organisées sous l'égide du CES. Il assure en outre une concertation structurée entre les délégations luxembourgeoises des enceintes supranationales telles que le Comité économique et social de la Grande-Région et le Comité économique et social européen.

Le CES se compose de 39 membres effectifs et d’autant de suppléants, nommés pour quatre ans : 18 représentants patronaux, 18 représentants salariaux, et trois membres nommés directement par le gouvernement.

Xavier Bettel souligne l’importance d’encourager le dialogue social à l’échelle nationale et européenne

Xavier Bettel, Premier ministre luxembourgeois, le 28 janvier 2016"Le dialogue social est une tradition au Luxembourg", a déclaré Xavier Bettel en évoquant l’importance du CES tout au long de l’histoire du pays. "Le CES a souvent été la pierre angulaire pour la recherche de compromis qui ont permis de faire avancer le pays", a-t-il ajouté.

Il a souligné l’importance de s’adapter au développement d’un monde "complexe", où les défis sociétaux et économiques sont importants, et où, dans les pays industrialisés, il faut tenir compte du vieillissement de population. "Nous avons besoin de systèmes sociaux de plus en plus performants pour parvenir à répondre aux nouvelles réalités", a-t-il souligné, avant d’insister également sur la nécessité de répondre aussi aux défis posés par la crise des réfugiés. Le Premier ministre a également souligné l’importance de contrer l’augmentation des inégalités sociales qui risque de provoquer des exclusions sociales, des frustrations, la peur de l’avenir et un manque de perspectives pour les jeunes. Un autre défi a selon lui trait à la Troisième Révolution industrielle et à la numérisation de l’économie, "qui modifiera la manière dont nous travaillons, y compris au Luxembourg". Et de souligner que le Luxembourg est prêt à relever ces défis.

Face à ces défis, le dialogue social a selon lui toute son importance, aussi bien au niveau national qu’au niveau européen. Il a indiqué que le Luxembourg entend encourager le dialogue social à l’échelle de l’UE, comme en témoigne la Conférence de haut niveau sur le TTIP organisée par le Présidence luxembourgeoise du Conseil de l’UE en novembre 2015, de concert avec le Parlement européen, la Commission européenne ainsi que le Comité économique et social européen. Cet évènement, qui a réuni pour la première fois les partenaires sociaux des 28 Etats membres, visait à aborder avec ces derniers les questions relatives aux négociations sur le Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement (TTIP en anglais) qui suscite un certain nombre de préoccupations. "Il est important de discuter ensemble. Le dialogue constitue le meilleur chemin à la fois au niveau national et européen", a conclu Xavier Bettel.

"Le dialogue social est une pierre angulaire du fonctionnement de l’UE et du modèle social européen", estime Georges Dassis

Georges Dassis, Président du CESE, le 29 janvier 2016"Le dialogue social est une pierre angulaire du fonctionnement de l’UE et du modèle social européen", a déclaré Georges Dassis, faisant écho au discours de Xavier Bettel. "C’est un point essentiel pour une gouvernance démocratique plus proche du citoyen", a-t-il ajouté.

Ce dialogue social n’est pas homogène au sein de l’UE. Georges Dassis a indiqué que dans l’UE, le dialogue social bipartite entre partenaires sociaux est complété parfois, selon les cas, les pays, les régions, par une consultation tripartite avec les institutions et les instances politiques régionales, nationales ou européennes.

Et de souligner que "l’expérience" montre que les économies des pays ayant de solides institutions de dialogue social sont "parmi les plus performantes" dans l’UE et dans le monde, avec une situation sociale plus résiliente en temps de crise.

Rappelant que le dialogue social européen a été "inhérent à la construction européenne", Georges Dassis a indiqué que celui-ci a connu beaucoup de succès, mais aussi de nombreuses crises. Il estime que le dialogue social a été "crucial" pour promouvoir la compétitivité et l’équité et pour renforcer la prospérité économique et le bien-être social en Europe. "L’acquis est riche", a-t-il dit, en évoquant les accords sur le congé parental, le travail à temps partiel, et le contrat à durée déterminée. "On espère que dans l’avenir, et tenant compte de la déclaration du Président de la Commission Jean-Claude Juncker, le dialogue social bipartite au niveau européen reprendra la forme qu’il avait pendant ses années de gloire, c’est-à-dire, s’occupera des problèmes cruciaux qui préoccupent particulièrement les travailleurs et les entreprises", a-t-il déclaré.

Sachant que, du fait notamment de la globalisation de l’économie, les citoyens sont "de plus en plus éloignés" des centres de décision dans les domaines qui les affectent, Georges Dassis estime que la participation des acteurs de terrain au processus de formation des politiques et des décisions constitue "un élément clé pour renforcer la légitimité démocratique des institutions publiques". "Leur participation rend possible la prise de décisions dans l’intérêt général", a-t-il expliqué. "La complexité des enjeux auxquels l’UE fait face confère plus que jamais à la participation des organisations de la société civile une importance accrue", a-t-il ajouté, soulignant que l’expérience, l’expertise ou la connaissance particulière d’un sujet des organisation de la société civile pouvait améliorer "très sensiblement la qualité et la crédibilité du processus de formation des décisions", et qu’elles contribuaient en outre à "une meilleure compréhension et plus grande acceptation" des décisions par le public, de sorte que la mise en œuvre de ces dernières est plus effective. Georges Dassis estime par ailleurs que l’implication des partenaires sociaux contribue à la création d’un "espace public européen", tel que le définit le philosophe allemand Jürgen Habermas. "Le CESE se trouve investi d’une responsabilité particulière pour faire vivre la démocratie participative", a-t-il affirmé.

S’agissant des "lourdes menaces" qui pèsent sur l’acquis Schengen, Georges Dassis estime, tout comme le Vice-Premier ministre luxembourgeois, Etienne Schneider, que l’abolition de Schengen constituerait "le début de la fin". Et d’appeler tous ceux qui d’opposent à la haine, au racisme et à la xénophobie de se manifester, et de poursuivre la construction européenne –  "le seul avenir valable que nous pouvons offrir à nos enfants".

Evoquant la Présidence luxembourgeoise du Conseil de l’UE, Georges Dassis s’est félicité de la "coopération intense" entre le CES et le CESE pendant le deuxième semestre de 2015. "Le nombre d’activités conjointes a contribué au succès de la Présidence luxembourgeoise et a permis d’appréhender les enjeux politiques, économiques et sociaux, et même démocratiques, pour l’Europe, pour lesquels une coordination de l’ensemble de l’UE est absolument nécessaire", a-t-il dit, avant de se féliciter aussi de la coopération entre les deux institutions dans le cadre de la stratégie Europe 2020 et au sein du réseau des Conseils économiques et sociaux nationaux dans l’UE.

Pascale Toussing souligne l’importance du CES dans le cadre du semestre européen

Pascale Toussing, Présidente du CES, le 28 janvier 2016Pour Pascale Toussing, Présidente du CES, l’institution dont elle est à la tête symbolise la continuité du dialogue social luxembourgeois. A ses yeux, les grands changements sociétaux se reflètent également au sein du CES. "Il s’agit de reconnaître et d’interpréter correctement les grands enjeux dans un monde de plus en plus globalisé et complexe", a-t-elle dit, avant d’évoquer l’importance du CES dans le cadre du semestre européen, puisqu’il permet au gouvernement de s’appuyer sur les propositions des partenaires sociaux.

Enfin, Pascale Toussing a appelé le gouvernement luxembourgeois à reconnaître explicitement l’existence du CES au sein de la nouvelle Constitution.