Dans un entretien au quotidien allemand "Tagesspiegel" le 5 janvier 2016, le ministre des Affaires étrangères et européennes, Jean Asselborn, a fait preuve de compréhension envers le revirement dans la politique d’asile suédoise. "Je comprends que la Suède en soit arrivée à un point où elle se voit dépassée", a indiqué le ministre, en faisant référence aux plus de 30 000 réfugiés mineurs qui sont arrivés dans le pays en 2015.
Le 4 janvier 2016, le gouvernement suédois a en effet annoncé la réinstauration des contrôles d’identité à la frontière danoise, donc à une frontière intérieure de l’espace Schengen, en imposant à chaque voyageur en provenance du Danemark par train, bus ou ferry, de présenter une pièce d'identité pour entrer sur le territoire suédois.
Le Danemark, craignant que les migrants refoulés par la Suède ne restent sur son territoire, avait alors immédiatement réagi à l’annonce suédoise en instaurant des contrôles aléatoires à la frontière allemande, autre frontière intérieure.
Le ministre suédois de l'Immigration, Morgan Johansson, a justifié le rétablissement des contrôles aux frontières intérieures par la volonté d’ "éviter une situation problématique qui ne nous permettrait plus d'accueillir les demandeurs d'asile dans de bonnes conditions", selon une dépêche de l’AFP. Pour mémoire, plus de 160 000 personnes ont demandé l’asile en 2015 en Suède, faisant de ce pays l’Etat membre qui a accueilli le plus grand nombre de migrants en 2015 par rapport à sa population.
Mais Jean Asselborn a également mis en garde contre le fait que le durcissement des contrôles aux frontières en Suède et au Danemark ne conduise à un effet domino en Europe. Selon le ministre, "on verra dès le printemps si le système Schengen sera capable de se maintenir".
Pour rappel, les règles Schengen autorisent les autorités nationales à rétablir, à titre exceptionnel et temporaire, les contrôles aux frontières intérieures en cas de menace grave pour la sécurité ou de défaillances graves aux frontières extérieures, susceptibles de mettre en danger le fonctionnement global de l’espace Schengen.
Par ailleurs, le ministre Asselborn a plaidé pour des contrôles à 100 % aux frontières extérieures de l’UE. Il a salué le fait que la Grèce soit d’accord de considérer la protection des frontières extérieures comme une tâche qui est du ressort de l’ensemble des les pays européens.
Pour mémoire, la Commission européenne avait proposé, le 15 décembre 2015, la création d’un corps européen de gardes-frontières et de garde-côtes en vue d’assurer la gestion des frontières extérieures de l’UE. Les chefs d’Etat ou de gouvernement sont appelés à s’exprimer sur cette proposition lors du Conseil européen de juin 2016.
Jean Asselborn a encore appelé à octroyer à la Grèce davantage d’aides pour les structures d’accueil des réfugiés avant que, dans un deuxième temps, on ne procède à une redistribution dans d’autres pays.