Le groupe des Verts au Parlement européen a publié le 14 janvier 2016 une étude consacrée aux réacteurs nucléaires belges de Doel 3 et Tihange 2. Cette étude commanditée par le groupe politique écologiste a été réalisée par une spécialiste des matériaux, Ilse Tweer. Elle y analyse les informations sur la base desquelles les autorités belges ont donné leur feu vert, le 17 novembre 2015, au redémarrage de ces deux réacteurs. A l’été 2012, des milliers de fissures avaient en effet été identifiées dans les cuves des réacteurs de Doel 3 et Tihange 2. Les réacteurs avaient toutefois été remis en service à l’été 2013, pour être à nouveau mis à l’arrêt en mars 2014.
L’experte mandatée par le groupe des Verts juge "irresponsable" la remise en service des réacteurs analysés dans la mesure où l’origine des défauts des matériaux n’est toujours pas déterminée.
"Aucune preuve ne peut démontrer ni comment et quand sont apparus les fissures dans les cuves des réacteurs, ni si elles ont pu évoluer pendant que le réacteur était en service ou si elles pourraient encore bouger à l’avenir", a observé l’eurodéputé luxembourgeois Claude Turmes dans un communiqué diffusé dès la présentation de l’étude de Ilse Tweer. "L’acier est de si mauvaise qualité que les cuves des réacteurs auraient pu ne pas être autorisées dès leur mise en service", note encore l’eurodéputé écologiste qui estime par conséquent lui aussi qu’il serait "irresponsable" de ne pas les fermer pour des raisons de sécurité 30 ans plus tard.
L’étude révèle aussi avec quelle "effrayante flexibilité" les autorités de surveillance ont traité les résultats de tests, souligne Claude Turmes qui dénonce le fait que des résultats inquiétants ont été déclarés comme des "aberrations marginales", alors que des résultats non représentatifs ont d’un autre côté été acceptés sans critique comme preuve de sécurité. "Réagir face à des problèmes non élucidés par une évaluation enjolivée de la sécurité met des milliers de personnes en danger", dénonce Claude Turmes. Selon lui, l’explosion d’un réacteur dans une région aussi peuplée aurait des conséquences catastrophiques et il affirme donc que les deux réacteurs ne peuvent être remis en service dans la mesure où la sécurité des réacteurs ne peut être garantie.
Cette étude vient nourrir les inquiétudes à l’égard du redémarrage de ces deux réacteurs, qui sont nombreuses au Luxembourg, dont le gouvernement affiche une position claire et constante à l’égard des différentes centrales nucléaires qui se situent à proximité du Grand-Duché. Le sujet sera d’ailleurs à l’ordre du jour d’une rencontre prévue le 18 janvier prochain entre Camille Gira, secrétaire d’État au Développement durable du Luxembourg, et Jan Jambon, Vice-Premier ministre et ministre de la Sécurité et de l'Intérieur du Royaume de Belgique.