Invité de la radio 100,7 dans la matinée du 24 mars 2016, le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker a plaidé pour "une Europe de la sécurité" et pour "plus de solidarité au sein de l’UE".
Interrogé au lendemain des attentats qui ont frappé Bruxelles le 22 mars 2016, Jean-Claude Juncker a déploré au micro de la journaliste Pia Oppel que le problème du terrorisme n’ait pas été pris très au sérieux par certains Etats membres qui n’ont pas encore été frappés, ce qui explique qu’un certain nombre de propositions de la Commission, comme de nouvelles règles sur les armes à feu, l’échange de données PNR ou encore sur la protection des frontières extérieures, n’aient toujours pas été adoptées. S’il admet que le sujet n’a pas toujours été au centre de l’attention ces dernières années, Jean-Claude Juncker refuse pourtant de parler d’insouciance à cet égard.
Jean-Claude Juncker, qui avait plaidé le jour même devant la presse pour "une Europe de la sécurité", a expliqué au micro de la journaliste luxembourgeoise que l’on pourrait parler d’une telle Europe, comme on parle d’une Europe de l’énergie ou d’une Union économique, si les Etats membres adoptaient ce que la Commission a proposé. Et il a fait part de son espoir que ce serait le cas dans les prochaines semaines. "Le premier droit de l’homme est le droit à la sécurité", a déclaré Jean-Claude Juncker qui ne peut accepter que les gens ne se sentent plus en sécurité pour leur vie en Europe.
Pour autant, Jean-Claude Juncker, connu pour défendre de longue date le projet de paix qu’est l’Union européenne, n’entend pas par là un renforcement militaire de l’UE, ou "un actionnisme exagéré qui donnerait l’impression que l’on fait quelque chose alors que l’on ne fait rien". Au contraire, le président de la Commission estime qu’il faut "agir calmement et de façon réfléchie" pour lutter contre le terrorisme qui n’est par ailleurs, a-t-il rappelé, pas un phénomène nouveau en Europe. Il a ainsi prévenu qu’il ne fallait pas s’attendre à de nouvelles mesures lors du Conseil JAI du 24 mars. Mais il espère que les Etats membres prendront conscience que les propositions qui sont sur la table doivent être adoptées.
Interrogé plus spécifiquement sur les échanges de données PNR, Jean-Claude Juncker a dit comprendre les doutes exprimés par le Parlement européen ou les autorités de protection des données. "Je n’aime pas l’idée d’un citoyen transparent livré sans défense à l’Etat", a-t-il confié tout en expliquant que sans de tels échanges de données, on se priverait des moyens de trouver ceux qui ont fait quelque chose de grave.
S’il souhaiterait une intensification de la coopération entre services de renseignement, qui n’est pas suffisante à ses yeux, Jean-Claude Juncker rappelle aussi qu’une telle décision ne relève pas des compétences de la Commission et qu’il revient aux Etats membres de tenir les promesses qu’ils renouvellent régulièrement quant à l’échange d’informations sur des terroristes potentiels. A ses yeux, il devrait y avoir une confiance fondamentale entre les Etats membres qui devrait permettre l’échange d’informations importantes.
Alors que la Commission se prépare à faire des propositions prochainement pour réformer l’accord de Dublin, qui est mis à mal par la crise migratoire, Jean-Claude Juncker ne cache pas ses réserves quant aux chances de voir les Etats membres accepter l’idée d’une répartition des demandeurs d’asile. "En Europe nous devons apprendre à découvrir dans les moments de danger les aspects positifs de la solidarité", estime le président de la Commission européenne, qui constate que beaucoup d’Etats membres ne sont pas prêts à le faire. C’est ce qui explique selon lui "la faiblesse de la réaction européenne, notamment face à la question des réfugiés".
Pourtant, Jean-Claude Juncker continue de croire que les problèmes auxquels l’Europe fait face actuellement pourraient faire croître à nouveau la solidarité entre Etats membres. Il estime que de plus en plus de politiques remarquent que "les solos nationaux ne mènent à rien".