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Politique étrangère et de défense
Conseil Affaires étrangères - Libye, Russie, Iran et Proche-Orient étaient à l’ordre du jour des ministres
14-03-2016


Jean Asselborn en discussion avec Michael Roth et Didier Reynders lors du Conseil Affaires étrangères du 14 mars 2016Les ministres des Affaires étrangères de l’UE se sont réunis le 14 mars 2016 à Bruxelles pour un Conseil Affaires étrangères (CAE) présidé par la Haute-représentante Federica Mogherini. Jean Asselborn y représentait le Luxembourg.

Ce Conseil a été l’occasion de faire le point sur les relations avec la Russie, "pour une fois sans se focaliser sur les sanctions", ainsi que l’a relevé Federica Mogherini devant la presse à l’issue du Conseil. La Haute représentante s’est félicitée du fait que les ministres se soient entendus à l’unanimité sur les cinq principes directeurs qui guident la politique de l’UE à l’égard de la Russie, à savoir :

  • La mise en œuvre de l’accord de Minsk est la condition clef pour tout changement substantiel dans la position de l’UE à l’égard de la Russie. Et Federica Mogherini n’a pas manqué de rappeler que l’UE s’en tient, deux ans après les faits, à la "non reconnaissance de l’annexion illégale de la Crimée".
  • Le renforcement des relations avec les partenaires orientaux de l’UE  et autres voisins, en particulier en Asie centrale.
  • Le renforcement de la résilience de l’UE, par exemple en matière de sécurité énergétique, de menaces hybrides ou de communication stratégique.
  • La nécessité d'avoir un engagement sélectif avec la Russie sur des sujets d'affaires étrangères comme l'Iran, le processus de paix au Proche-Orient, la Syrie".
  • Enfin, la nécessité d’intensifier les contacts et de soutenir la société civile russe.

Les ministres ont également débattu de l’Iran, en particulier en ce qui concerne la reprise de la coopération. En effet, le 16 janvier 2016, le Conseil a levé toutes les sanctions économiques et financières liées au nucléaire que l'UE avait prises contre l'Iran. Cette décision est intervenue après que l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a vérifié que l'Iran a appliqué les mesures liées au nucléaire qui avaient été arrêtées et qui figurent dans le plan d'action global commun (le "plan d'action") approuvé en juillet 2015 par la Chine, la France, l'Allemagne, la Russie, le Royaume-Uni et les États-Unis, ainsi que par la haute représentante de l'UE. Il est destiné à garantir la nature exclusivement pacifique du programme nucléaire iranien, tout en prévoyant la levée générale de toutes les sanctions du Conseil de sécurité des Nations unies, de l'UE et des États-Unis liées au programme nucléaire de l'Iran après la mise en œuvre d'une série de mesures arrêtées en commun.

Les essais de missile balistiques opérés par l’Iran ont bien évidemment été discutés, sans toutefois que l’UE n’y voit à ce stade "une violation de l’accord en tant que tel", ainsi que l’a expliqué Federica Mogherini en réponse à un journaliste. Et si ces tests s’avéraient contraires à la résolution 2231 des Nations unies, alors c’est dans cette enceinte que la question devrait être discutée, a-t-elle argué. Elle a toutefois confié que "nous le voyons tous comme un élément problématique majeur concernant les relations régionales" qui "augmente la tension dans une région qui n'en a pas besoin". "Nous espérons que l'Iran se conforme à toutes ses obligations internationales", a-t-elle rappelé, sans perdre de vue que la mise en œuvre de l’accord sur le nucléaire reste la priorité n°1 pour l’UE.

Les ministres ont aussi abordé dans leurs discussions les élections qui ont eu lieu à la fin du mois de février  pour former le Parlement (290 sièges) et l'Assemblée des experts. Un second tour aura lieu en avril pour les sièges parlementaires pour lesquels le seuil requis n'a pas été atteint au premier tour.

Federica Mogherini a informé les ministres sur le déplacement qu'elle doit effectuer à Téhéran le 16 avril prochain avec un groupe de membres de la Commission et au cours duquel elle examinera différents secteurs de coopération avec l'Iran sur la base des résultats d'un dialogue de haut niveau qui s'est déroulé le 8 février. Parmi les domaines dans lesquels une coopération est envisageable figurent les échanges commerciaux et les investissements, l'énergie, les transports, l'environnement, les migrations, les droits de l'homme, la lutte contre la drogue, ainsi que l'éducation, la recherche et la science.

Enfin, le Conseil s’est penché sur les possibilités permettant de relancer un processus de paix au Proche-Orient. Ils ont notamment exprimé leur soutien à l’initiative portée par la France visant à organiser à l’été 2016 une conférence internationale en vue de relancer le processus de paix au Proche-Orient. L’idée est de réunir les parties israélienne et palestinienne sur le terrain, ainsi que des partenaires de la région et des acteurs internationaux de premier plan tels que les États-Unis, l'UE, les Nations unies, la Russie (le Quatuor pour le Proche-Orient), les membres du Conseil de sécurité des Nations unies et les principales parties prenantes arabes. L'UE présente un front uni dans sa volonté de parvenir à une solution fondée sur la coexistence de deux États - selon les paramètres définis dans les conclusions du Conseil de juillet 2014 - qui réponde aux besoins de sécurité israéliens et palestiniens et aux aspirations des Palestiniens à un État et à la souveraineté, mette fin à l'occupation qui a commencé en 1967 et règle toutes les questions relatives au statut définitif afin de mettre un terme au conflit.

Dans ce contexte, rapporte un communiqué diffusé à l’issue du Conseil par le Ministère des Affaires étrangères et européennes,  Jean Asselborn a insisté sur le fait que "c’est l’absence totale d’horizon politique crédible qui a mené aux violences actuelles. Il faut mobiliser la communauté internationale pour montrer qu’elle suit ce dossier avec beaucoup d’attention. C’est une question centrale pour la région car le conflit israélo-palestinien est une poudrière, qui nourrit la radicalisation de jeunes au Moyen-Orient et en Europe".

Au cours de leur déjeuner, les ministres ont ensuite examiné les derniers développements concernant la Libye, en présence du Représentant spécial du Secrétaire général des Nations unies, Martin Kobler. Ils ont fait le point sur la situation politique, tout en ayant un échange de vues sur les moyens dont dispose l'UE pour favoriser rapidement la formation d’un Gouvernement d’union nationale.

Le Conseil a par ailleurs adopté une décision relative à la conclusion de la procédure de consultation avec le Burundi au titre de l'article 96 de l'accord de partenariat ACP-UE (accord de Cotonou), décision dans laquelle il constate que les engagements proposés par le gouvernement burundais sont insuffisants pour répondre aux préoccupations de l'Union. Par conséquent, l’UE suspend tout soutien financier direct au gouvernement burundais, tout en maintenant son soutien financier à la population et son aide humanitaire. Le Conseil expose dans sa décision les mesures spécifiques devant être prises par le gouvernement burundais, qui seraient susceptibles de mener à la reprise d'une coopération pleine et entière.