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Migration et asile - Politique étrangère et de défense
Conseil "Affaires étrangères" - La crise migratoire et la Libye à l’ordre du jour d’une réunion qui n’a pas pris de décisions
18-04-2016


asselborn-cae-160418-doorstep2La crise migratoire et la Libye ont été les grandes questions discutées par les ministres des Affaires étrangères de l’UE lors du Conseil “"Affaires etrangères" qui s’est réuni le 18 avril 2016 à Luxembourg sous la présidence de la Haute Représentante de l’UE pour l’action extérieure, Federica Mogherini.

Migrations 

Le Conseil a évoqué les aspects extérieurs de la crise migratoire. Une attention plus forte sera accordée aux routes orientale et de la Méditerranée centrale. La mise en œuvre de l’accord entre l’UE a aussi été scrutée tout comme les mesures prises par l’UE pour la route de la Méditerranée centrale qui passe par Malte, la Sicile et Lampedusa.  Les autres sujets ont été la lutte contre les passeurs et trafiquants de personnes humaines, notamment à travers l’opération navale EUNAVFOR med Sophia, l'opération navale de l'UE de lutte contre les passeurs de migrants au large de la Libye mise sur pied à l'été 2015, le soutien de l’UE à l’Afrique à travers le Fonds d’affectation d’urgence, le lancement de dialogues avec des pays africains et le travail avec les cinq pays du G5 du Sahel.  

Lors d’une conférence de presse, le ministre luxembourgeois des Affaires étrangères et européennes, Jean Asselborn, a commenté la situation, alors que des centaines de milliers de personnes voudraient traverser la Méditerranée à partir de la Libye. L’Italie sera le premier pays concerné, avec ensuite la France et l’Autriche qui est en train de fortifier ses frontières. "Il faut s’attendre à quelque chose", a-t-il mis en avant.

Il a évoqué les propos du Haut-Commissaire aux réfugiés, Filippo Grandi, qui a mis en garde les ministres européens contre l’illusion que la problématique des migrations serait bientôt réglée. Pour Jean Asselborn, "elle nous occupera pendant la prochaine décennie".

Le ministre a critiqué les parties qui croient que par exemple la fermeture de la frontière entre la Grèce et la Macédoine règlerait la question de la route des Balkans. Pour lui, le problème d’Idomeni ne sera pas réglé car la Grèce n’a pas encore assez de structures d’accueil, même si elle accomplit de grands efforts.  Au lieu d’envoyer des soldats à la frontière macédonienne, certains pays de l’UE devraient aider la Grèce. Il a également admis que l’accord UE-Turquie, qu’il a qualifié d’"extrêmement complexe", avait ses revers de médaille comme le renvoi vers la Turquie de personnes de certaines nationalités, notamment afghane, ce qui crée selon lui de gros problèmes. Ici, le droit international devra prévaloir. Les passages organisés et légaux vers l’UE commencent cependant à fonctionner. Des équipes luxembourgeoises sont parties en Grèce pour ramener 50 personnes qui seront réinstallées à partir de la Turquie.

Libye

Le Conseil a salué la désignation à la Présidence du Conseil de Libye du Premier ministre Fayez al-Sarraj, avec lequel il s’est entretenu par vidéo-conférence interposée. C’est pour le Conseil un premier pas utile pour la mise en place du gouvernement national d’unité nationale (GNA) pour la Libye qui fonctionne. L’UE est prête à le soutenir s’il le désire, y compris par une mission civile dans le cadre de la politique de sécurité et de défense pour la conseiller dans les domaines de la police, de la justice, de la lutte contre le terrorisme, de la gestion des frontières, de la lutte contre la migration illégale et le trafic des personnes humaines. Par ailleurs, le Conseil envisage d'élargir le mandat de l’opération navale Sophia,  qui pourrait "contribuer à la sécurité générale (...) par exemple par le biais d'un renforcement potentiel des capacités pour les garde-côtes libyens et la mise en œuvre du droit international".

Pour Jean Asselborn, le GNA de Libye ne peut fonctionner sans l’aide de l’UE. La désignation de Fayez al-Sarraj et de ses 9 ministres est un "embryon de nouvelles autorités qui pourrait donner une certaine stabilité aux autorités qui ont affaire à des centaines de milices qui opèrent à l’Est, au centre, à l’Ouest, sans oublier les forces de Daech. Pour le ministre, il s’agit là d’un mix dangereux, d’autant plus que partout, des armes circulent de manière incontrôlée. L’UE, a-t-il expliqué, considère l’équipe de Fayez al-Sarraj comme gouvernement légitime, bien qu’il ne le soit pas vraiment, puisqu’il lui manque l’accord du parlement qui est à Tobrouk, et dont le président refuse que le pays soit dirigé à partir de Tripoli, la capitale du régime de Kadhafi. Mettre en place un gouvernement permettrait de libérer 70 milliards d’euros de fonds libyens bloqués à l’étranger alors que le pays manque de médicaments, d’eau courante et d’électricité. Mais selon Jean Asselborn, si tout cela ne se fait pas avant le 6 juin, donc le début du Ramadan, l’effet "gouvernement d’union nationale" sera nul et non avenu.