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Traités et Affaires institutionnelles
Jean Asselborn : "Si l’on veut casser l’UE, il suffit d’organiser encore quelques référendums"
11-04-2016


Jean Asselborn, ministre des Affaires étrangères et européennes, ministre de l'ImmigrationLe ministre luxembourgeois des Affaires étrangères et européennes, Jean Asselborn, a fait entre le 8 et le 11 avril 2016 plusieurs déclarations dans divers médias sur le rôle des référendums dans le cadre des affaires européennes. Il a fait ces déclarations en écho  au référendum d’initiative populaire aux Pays-Bas, qui a vu le 6 avril 2016, les électeurs néerlandais dire non à 61,1 % à l'accord d'association entre l'Ukraine et l'Union européenne, sachant que le quorum de 30 % des votants nécessaire pour valider la consultation a été tout juste atteint, avec une participation de 32,2 %.

Dans une interview publiée le 8 avril dans la Hannoversche Allgemeine Zeitung, en marge sa participation à un congrès du SPD de la Basse-Saxe à Braunschweig, Jean Asselborn a estimé que "les référendums casseront l’UE". Il a estimé que "le référendum n’est pas, dans une démocratie parlementaire, un moyen approprié pour répondre à des questions complexes. Si l’on veut casser l’UE, il suffit d’organiser encore quelques référendums."

Pour le ministre, "les électeurs ne répondent pas à la question posée, mais sanctionnent leurs gouvernements respectifs." Néanmoins, "le référendum néerlandais est aussi une gifle pour l’UE, qui est trop peu transparente dans ses instances de décision et perd ainsi de sa crédibilité".

Dans la Neue Osnabücker Zeitung, il a cependant émis le soir du 11 avril l’espoir que cette gifle secoue l’UE avant que les Britanniques aillent aux urnes pour voter sur le Brexit, "avant qu’il soit trop tard". Il exige des "messages clairs et compréhensibles" comme le suivant : "que seule l’Union permet de maintenir  des frontières ouvertes et de maîtriser les grands problèmes comme le changement climatique et la sécurité publique". 

Dressant le constat que "les intérêts nationaux dominent souvent, comme pour la question des réfugiés", il a rappelé que "dans l’UE, la solidarité ne se décline pas en tranches qu’on se coupe pour soi-même, mais elle est indivisible". C’est pourquoi aucun des 28 Etats membres ne devrait pouvoir refuser par principe l’accueil de réfugiés.

Invité chez RTL Radio Lëtzebuerg le matin du 11 avril pour s’exprimer sur les réinstallations et relocalisations de réfugiés au Luxembourg jusqu’en 2017, Jean Asselborn a insisté sur le fait que les décisions du Conseil de l’UE du 22 septembre 2015 sur le partage des charges dans la relocalisation et la réinstallation ont valeur de loi et doivent donc être mises en œuvre par tous les Etats membres.

Interrogé sur son scepticisme à l’égard de référendums qui a soulevé de nombreux commentaires et interrogations, Jean Asselborn a fait la part entre le niveau national où il juge normal que des référendums soient organisés sur des questions constitutionnelles par exemple, et le niveau européen, où il était clair aux Pays-Bas qu’il ne s’agissait pas de se prononcer sur le problème ukrainien, mais de lancer un avertissement au gouvernement national et à l’UE en tant que telle.

Il a par ailleurs évoqué le cas du Premier ministre hongrois Viktor Orban qui s‘apprête à lancer un référendum sur la question si la Hongrie peut être obligée de recevoir des réfugiés. "Si cette manière fait école, plus aucune politique européenne ne sera possible et nous pouvons jeter les traités européens au rebut", a jugé Jean Asselborn. D’où ses avertissements contre un mauvais usage de l’instrument du référendum en s’en servant pour faire faire des virages à la politique européenne, ce qui ne peut que mener qu’à l’échec.                 

Jean Asselborn a rappelé à ceux qui le critiquent au Luxembourg pour ses déclarations sur les conséquences du référendum aux Pays-Bas que seule l’UE est, à la lumière de ce qui s’est passé au cours du 20e siècle, capable de garantir à un petit pays comme le Luxembourg, sa souveraineté et sa liberté. Sans l’UE, estime le ministre, le nationalisme prendra le dessus en Europe et ce seront les petits pays qui seront les premiers à en souffrir. Une raison de plus de ne pas jouer avec le feu.