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Traités et Affaires institutionnelles
Brexit - "L’Europe n’est pas attractive en ce moment pour de nombreux citoyens", constate le Premier ministre, Xavier Bettel, à la tribune de la Chambre des députés
30-06-2016


Xavier Bettel s'est rendu devant la Chambre des députés réunis en plénière le 30 juin 2016 pour débattre des conséquences du BrexitLe 30 juin 2016, la Chambre des députés avait à l'ordre du jour une déclaration gouvernementale sur les conséquences du Brexit, suivie d'un débat. Dans son discours, le Premier ministre, Xavier Bettel, a notamment considéré qu'il fallait voir plus loin que la seule question de la sortie du Royaume-Uni de l'UE.

Un besoin de clarté

Le Premier ministre, Xavier Bettel, a d'abord souligné qu'avec le vote britannique en faveur du Brexit, qu'il s'agit de respecter "même si nous le regrettons ", l'UE perd un important partenaire, le 3e plus grand contributeur au budget de l'UE, qui sera à l'avenir amputé de 5 milliards d'euros et une des grandes économies de l'UE. C'est aussi un énorme marché et un partenaire notamment pour le secteur financier, qui sont ainsi perdus. Sur la scène européenne, le Luxembourg a eu souvent des intérêts communs avec le Royaume-Uni, notamment pour la compétitivité des places financières, a-t-il rappelé.

Au sujet de l'état de la procédure de sortie du Royaume-Uni, "la balle est entre les mains du gouvernement britannique ", a poursuivi le premier ministre. Il n'y aura pas de changement tant que le gouvernement britannique n'aura pas invoqué l'article 50 et il n'y aurait d'ailleurs pas d'intérêt à aborder les négociations avant, sans quoi "nous serions tributaires de la satisfaction de Londres" avant qu'elle n'invoque l'article 50.

L'annonce par le Premier ministre britannique démissionnaire, David Cameron, de la nomination de son successeur le 9 septembre 2016, et son impossibilité d'engager le Royame-Uni avant qu'un nouveau gouvernement entre en fonction, inquiètent Xavier Bettel d'autant plus qu'il a le sentiment que ceux qui ont voulu le Brexit ne savent pas quelle direction emprunter.

Pourtant, "il est immensément important que la clarté soit faite aussi vite possible ", a poursuivi Xavier Bettel. L'insécurité n'est pas bonne car elle provoque une "certaine nervosité " des citoyens européens, y compris des habitants britanniques résidant au Luxembourg. De plus, elle a provoqué la fébrilité des places boursières et le recul des monnaies, de la livre d'abord et de l'euro lui aussi tiré vers le bas ensuite. Il y a un "besoin de stabilité et de prévisibilité" que le Premier ministre espère être garanties à l'automne.

Xavier Bettel se réjouit que l'Europe ait pu prendre une position claire et commune à 27 sur le besoin d'une  sortie du Royaume-Uni. Le cas contraire aurait été "dramatique ". Xavier Bettel a par ailleurs répété, comme il l'avait fait deux jours plus tôt à l'issue du Conseil européen, que l'UE est un tout, qui ne permet pas le picorage. "Il ne peut y avoir d'Europe à la carte. L'Europe est un projet de paix, commun, pas un projet d'égoïsme et d'intérêt national ", a-t-il dit. Xavier Bettel a dans ce contexte fustigé ceux qui pensent que l'Europe doit être là "pour ce qui les arrange", et souhaitent renoncer à la solidarité, notamment dans le dossier de la question migratoire.

Xavier Bettel a prévenu les députés qu'il était encore trop tôt pour savoir si le Brexit ouvrira des opportunités économiques pour le Luxembourg. Bien malin qui saurait prédire les répercussions qui ne se feront ressentir que d'ici cinq à six années. Après qu'a été invoqué l'article 50, il y aura deux années pour conclure les négociations de sortie du Royaume-Uni de l'UE. D'ici là, le gouvernement peut, "peu à peu ", nouer des contacts avec des collègues britanniques, pour collaborer en vue d'éventuels futurs accords bilatéraux.

Et si "certains pensent que le gouvernement devrait être hyperactif et faire la promotion du Luxembourg", le Premier ministre rétorque que le Luxembourg est "déjà depuis longtemps sur les radars ". "Nous n'avons pas attendu le 23 juin ", dit-il, pour faire la promotion du pays. Il y a eu quatre visites du ministre Des Finances au Royaume-Uni durant les deux années et demie passées. En août, le ministre de l'économie doit lui-même s'y rendre. "Nous avons des bons contacts, des bons réseaux qui permettent d'exploiter les opportunités ", assure Xavier Bettel. De même, le gouvernement est conscient des défis qui se poseraient si du personnel supplémentaire venait au Luxembourg, suite à des déplacements d'activités dus au Brexit.

Mener une réflexion sur l'Europe

Le Premier ministre a surtout estimé que les discussions nées du 23 juin doivent "aller plus loin que le Brexit". "L'Europe n'est pas attractive en ce moment pour de nombreux citoyens. Il doit nous être permis de nous demander si l'Europe est ce que les citoyens s'imaginent", a-t-il déclaré. Il faut être conscient qu'en 1957, le projet européen était un projet de paix commun, et que, grâce à lui, aucun Etat membre n'a connu la guerre depuis. En revanche, "on est en droit de se demander si la dimension sociale n'a pas été trop longtemps oubliée, si les gens n'ont pas l'impression qu'il s'agit seulement d'échanges de capitaux et de biens, qu'il ne s'agit pas seulement d'avoir de la main-d'œuvre moins chère venant d'un autre Etat membre, pour pratiquer le dumping social ".

Il faudrait donc "faire revenir le désir d'Europe" et parvenir à ce que "les gens aient l'impression que l'Europe est faite pour eux, que c'est une Europe par et pour les citoyens, où il n'est pas seulement question de capital et d'économie mais aussi de droits pour les citoyens de toutes les couches sociales", a déclaré Xavier Bettel.

Par ailleurs, le Premier ministre a invité les politiciens à faire leur autocritique, eux qui, "quand tout va bien, disent que c'est leur mérite, et désignent Bruxelles, pour ce qui ne va pas ". "Nous sommes à Bruxelles, nous décidons à Bruxelles ", a-t-il affirmé.

Enfin, Xavier Bettel a garanti qu'il n'y aurait pas de "Luxit " avec son gouvernement. "Le Luxembourg n'a pas d'avenir sans l'Europe. L'Europe a beau ne pas être la solution à tous les problèmes, elle n'en reste pas moins souvent la solution quand un problème survient ", a-t-il rappelé.