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Politique étrangère et de défense
Conseil Affaires étrangères – Les ministres condamnent fermement la tentative de coup d'Etat qui a eu lieu en Turquie et appellent au respect de l'ordre constitutionnel
18-07-2016


Les ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne se sont réunis à Bruxelles le 18 juillet 2016 pour un Conseil Affaires étrangères marqué par l’actualité des jours qui l’ont précédé.

Jean-Marc Ayrault et Jean Asselborn lors du Conseil Affaires étrangères du 18 juillet 2016 (c) Union europénne / Le Conseil de l'UELe  Conseil a en effet débuté par une minute de silence en hommage aux victimes de l'attentat de Nice du 14 juillet et une discussion sur la lutte contre le terrorisme. L’occasion pour les ministres d’exprimer leur "unité" et leur "solidarité" avec la France. "Notre responsabilité n'est pas seulement de faire des minutes de silence, qui sont importantes pour montrer l'unité et la solidarité avec le peuple et les autorités françaises en ce moment difficile pour toute l'Europe, mais notre rôle est surtout de donner des réponses efficaces", a déclaré Federica Mogherini, qui présidait la réunion, à son issue. "Aujourd'hui, on a eu un long échange avec les ministres, où tous les Etats membres ont exprimé leur solidarité et leur disponibilité pour continuer à soutenir la France, notamment sur la base de l'article 42.7", a-t-elle ajouté. Le gouvernement français avait fait appel pour la première fois à l'article 42.7 du traité de Lisbonne, qui prévoit l'assistance des autres membres de l'UE si l'un des 28 est victime d'une agression, dans la foulée des attentats qui ont frappé Paris le 13 novembre 2015. "Tous les Etats membres ont confirmé leur disponibilité pour travailler encore plus pour soutenir le travail de la France pour la sécurité de son pays mais aussi de l'Europe", a expliqué la chef de la diplomatie européenne.

Les ministres se sont ensuite penchés sur la situation en Turquie, condamnant fermement la tentative de coup d'Etat qui a eu lieu en Turquie dans la soirée du 15 juillet, et réitérant leur plein soutien aux institutions légitimes du pays.

Le ministre des Affaires étrangères et européennes du Luxembourg, Jean Asselborn, avait estimé à son arrivée au Conseil que "l'avenir direct de la Turquie se joue ces jours-ci". "L'UE peut jouer un rôle important pour avertir - pas donner des leçons - mais essayer de calmer le jeu pour que la stabilité revienne, qu'on puisse vraiment essayer, avec tous les moyens à notre disposition, de montrer qu'il est très important que la relation entre l'UE et la Turquie, dans l'intérêt des deux, ne soit pas détruite", a-t-il expliqué. Il a lancé un appel au calme, mais aussi à "un peu d’autocritique", tout en insistant sur la nécessité de revenir aux notions fondamentales de la démocratie, et ce alors que le désaveu et l’arrestation de milliers de personnes dans les heures qui ont suivi la tentative de putsch évoquait pour lui "une situation qui ne correspond pas à l’Etat de droit". Quelques heures auparavant, il avait lancé une mise en garde faisant suite aux déclarations du président Erdogan qui avait la veille un possible rétablissement de la peine de mort dans son pays. Jean Asselborn avait ainsi déclaré au Morgenmagazin de la ZDF que "si un pays candidat introduit la peine de mort, alors il étouffe lui-même les négociations d’adhésion".

Dans leurs conclusions, les ministres ont appelé les autorités turques, y compris les forces de police et de sécurité, à la retenue, tout devant être fait pour éviter de nouvelles violences afin de protéger des vies et à rétablir le calme. Les ministres ont appelé au respect de l'ordre constitutionnel de la Turquie et ont souligné l'importance de la primauté de l'état de droit. De leur piont de vue, il est crucial d'assurer le plein respect de toutes les institutions démocratiques du pays. Le Conseil a souligné la nécessité de respecter la démocratie, les droits de l'homme et des libertés fondamentales et le droit de chacun à un procès équitable en pleine conformité avec la Convention européenne pour la protection des droits de l'homme et des libertés fondamentales, y compris le Protocole 13 sur l'abolition de la peine de mort. Dans ce contexte, les ministres ont rappelé que le rejet sans équivoque de la peine de mort est un élément essentiel de l'acquis de l'Union.

La situation en Turquie a aussi compté parmi les sujets de discussion des ministres des Affaires étrangères avec le secrétaire d'État américain John Kerry, qui avait auparavant passé le week-end en visite de travail au Luxembourg. "Nous appelons le gouvernement de Turquie à respecter les institutions démocratiques de la nation et l'Etat de droit", a déclaré le secrétaire d'État américain à l’issue de cette réunion.  "Le niveau de vigilance et de surveillance va être important dans les jours qui viennent", a-t-il prévenu, faisant écho à Federica Mogherini qui venait d’indiquer ses côtés que "l'Etat de droit doit être protégé pour le bien" de la Turquie. John Kerry et les chefs de la diplomatie européennes ont aussi discuté des relations entre l'Union européenne et les États-Unis, et notamment du TTIP, ainsi que de questions régionales comme la Syrie et la Libye.

Les ministres avaient aussi à l’ordre du jour le suivi de la stratégie globale pour la politique étrangère et de sécurité de l'UE, que la haute représentante a présentée au Conseil européen du 28 juin dernier. Les ministres ont invité Federica Mogherini à présenter rapidement un calendrier et des priorités pour la mise en œuvre de la stratégie, en particulier dans le domaine de la sécurité et de la défense, ce qu’elle entend faire à l’automne.

Les ministres ont également accordé une attention particulière à la Chine. Le débat s'est appuyé sur une communication conjointe de la haute représentante et de la Commission européenne intitulée "Éléments pour une nouvelle stratégie de l'UE à l'égard de la Chine", sur la base de laquelle ils ont adopté des conclusions, ainsi que sur les résultats du sommet UE-Chine.