La situation budgétaire en Espagne et au Portugal et les recommandations de la Commission européenne du 8 juillet 2016 d’ouvrir une procédure de sanctions pour déficit budgétaire excessif à l'encontre de ces ceux Etats membres tout comme les effets économiques du Brexit ont été à l’ordre du jour de la réunion des ministres des Finances de la zone euro qui s’est tenue le 11 juillet 2016 à Bruxelles. Selon le président de l’Eurogroupe, le ministre des Finances des Pays-Bas, Jeroen Dijsselbloem, les membres de la zone euro vont approuver la recommandation de la Commission européenne au sujet de l’Espagne et du Portugal lors de la réunion du Conseil ECOFIN du 12 juillet, auquel échoit la décision. Quant au Brexit, Jeroen Dijsselbloem a fait état du "haut degré d’incertitude" quant à l’impact économique du Brexit mais aussi quant à "son impact politique sur la zone euro", mais que cela n’allait changer aux engagements des Etats de la zone euro pour la croissance, les réformes structurelles et la mise en ordre du secteur bancaire.
Le président de l’Eurogroupe a précisé que "les discussions n’ont abordé que la question s’il y avait action effective ou non de la part de l’Espagne et du Portugal et non pas la question des décisions liées au suivi de ce constat, sur des sanctions, d’éventuelles sanctions ou les actions suivies d’effets en 2016 ou en 2017".
Pour rappel : En 2015, le déficit public espagnol a atteint 5 % du produit intérieur brut (PIB), bien au-delà du seuil du pacte de stabilité (3% du PIB) et des objectifs que lui avait fixés la Commission, à 4,2 %. Il devrait aussi déraper en 2016, alors que l'Espagne n'est pas encore parvenue à former un gouvernement après les élections législatives du 26 juin, précédées de six mois de blocage politique. Quant au Portugal, il avait affiché un déficit public de 4,4 % du PIB l'an passé alors que l'objectif fixé était de repasser sous les 3 %. En 2016, le pays espère toutefois respecter les normes budgétaires.
Le commissaire en charge des affaires économiques et financières, Pierre Moscovici, a insisté sur le fait que les critiques vis-à-vis de l’Espagne et du Portugal "portent sur le passé : plus précisément sur les années 2014 et 2015", et qu’il "ne s’agissait pas aujourd'hui d’évoquer je ne sais quelles sanctions".
Pierre Moscovici a détaillé la suite : "La Commission proposera une nouvelle trajectoire d’ajustement budgétaire quand le Conseil aura pris sa décision sur l’action suivie d’effets par ces deux pays. La question d’éventuelles amendes sera aussi abordée, le cas échéant, le moment venu. Ce n’est pas pour aujourd’hui." Ila aussi souligné "que la Commission a toujours agit et elle agira toujours dans le respect des règles du Pacte de Stabilité et Croissance" et que comme "ce sont des règles intelligentes, il faut qu’elles soient appliquées de manière intelligente par la Commission et par le Conseil."
Et il a tenu à rassurer l’Espagne et le Portugal : "Pour notre part, nous sommes prêts à travailler de façon constructive avec les autorités espagnoles et portugaises pour soutenir leurs efforts de consolidation des finances publiques, de situation budgétaire, de réformes structurelles, sans faire quoique ce soit qui soit hostile à la croissance et à l'emploi dans ces pays qui sortent d'une crise terrible et qui ont fait beaucoup d'efforts et qui doivent pouvoir continuer à réduire le chômage et les inégalités." Il a donc aussi rappelé que les amendes possibles étaient "au maximum de 0,2%" du Produit Intérieur Brut (PIB) et au "minimum zéro".
La Commission aura 20 jours pour proposer des sanctions. Le Conseil aura 10 jours ensuite pour bloquer la décision de la Commission. Les deux pays en cause disposent quant à eux de 10 jours à compter du constat de dérapage par leurs pairs de la zone euro pour s’expliquer.
Selon Pierre Moscovici, "l’issue du référendum sur le maintien du Royaume Uni dans l’UE a surpris les marchés et l’incertitude politique n’a fait que croître depuis. Plus elle durera, plus elle coûtera à l’économie. C’est pourquoi il est essentiel que les changements en cours viennent plus rapidement, avec l’arrivée de Mme May mercredi. Il est essentiel, tant pour des raisons économiques que politiques que nous continuions à demander à ce que la situation soit clarifiée le plus rapidement possible", notamment par l’envoi de la notification du gouvernement britannique que le Royaume-Uni a l’intention de quitter l’UE selon la procédure prévue à l’art. 50 TFUE.
Le Brexit pèsera selon le commissaire, qui s’est basé sur de premières estimations qui ne sont pas à confondre avec de vraies prévisions, sur la reprise dans la zone euro, augmentant certains risques. Mais c’est surtout le PIB du Royaume-Uni qui sera réduit de 1 à 2,5 % en 2017 par rapport aux prévisions précédentes. L’impact sur la zone euro devrait réduire les attentes en matière de croissance de 02 à 0,5 %. Mais un bon mix politique pourrait réduire l’incertitude et les conséquences économiques négatives du Brexit.