Depuis le milieu des années 80, le poids électoral et politique des partis d’extrême droite et des mouvements populistes de droite a fortement augmenté dans presque tous les Etats membres de l’Union européenne. Certains d’entre eux ont même participé ou participent directement à l’exercice du pouvoir national. Bien qu’ils soient dépositaires de traditions et de cultures politiques fort diverses, leurs programmes ont en commun une critique radicale du consensus établi entre les partis démocrates-chrétiens, sociaux-démocrates et libéraux qu’est cet ensemble de pactes et de traités qui ont pacifié, organisé et rassemblé l’Europe autour de l’Etat de droit, de la démocratie représentative, des droits de l’homme et de l’économie sociale de marché, héritage mis à mal par les effets de la crise que traverse aujourd’hui l’Europe.
Alors que ces partis invoquent l’ordre et la sécurité, qu’ils partagent une vision rédemptrice de la démocratie, qu’ils appellent sans cesse à la cohésion nationale et au respect de l’indépendance de leur Etat, qu’ils considèrent la politique primant sur l’économie et qu’ils supposent à outrance que les valeurs communautaires et traditionnelles sont supérieures à toutes les autres, leur instabilité est chronique et notoire. Cela rend difficile et improbable leur exercice du pouvoir sur la longue durée et en accord avec les fondements de l’Union européenne. Qui plus est, leurs enracinements dans nos démocraties n’empêchent nullement qu’à leurs marges, se constituent des groupes très radicaux mais bien souvent issus de la même matrice politique. Ces groupes radicaux rejettent fondamentalement l’héritage démocratique et social de l’après-guerre et commettent des exactions et des assassinats à caractère xénophobe et contre tous ceux qui viendraient remettre en cause les principes d’unicité et d’homogénéité ethno-culturelles supposées de leurs sociétés (les minorités linguistiques, religieuses, sexuelles, etc.).
Pourtant, des millions de citoyens européens ont cautionné ces dernières années, entre autres par leur suffrage, les messages agressifs, autoritaires, radicaux et phobiques de ces partis et mouvements populistes de droite. Parallèlement, les exemples se multiplient de médias ou de personnalités européennes en lien avec les pouvoirs en place qui placent au centre du discours public et donc banalisent des sujets dont les partis d’extrême droite se sont fait les champions : un gouvernement nationaliste et autoritaire, le contournement de la séparation et de l’équilibre des pouvoirs, l’invocation systématique de la vox populi dans la prise de décision, la prévalence de la sécurité étatique sur les droits des personnes, la préférence nationale sur le marché du travail et pour l’accès à l’éducation, aux services sociaux, à la santé et au logement, une politique d’immigration très limitative, sinon réduite à zéro, la renationalisation des économies et des monnaies, une islamophobie sans complexes, une xénophobie basée sur le différencialisme culturel ainsi qu’un antisémitisme qui s’exprime de plus en plus ouvertement, notamment dans l’interprétation du droit. De nombreux gouvernements de l’UE, aussi bien à droite qu’à gauche, ont été tentés d’intégrer certains de ces éléments dans leur politique ou acceptent l’appui des représentants parlementaires de l’extrême droite à leur majorité gouvernementale.
Pour évoquer cette problématique complexe d’une extrême droite et de populismes de droite aux multiples visages dans l’UE, Europaforum.lu et l’Institut Pierre Werner (IPW) organisent le mardi 20 novembre 2012 à 18h30, dans le cadre de la série de débats "Penser l’Europe", une table-ronde sur l’extrême droite et les populismes de droite dans l’Union européenne, avec :