La Ville de Thionville organise du 6 au 12 avril 2013 la troisième édition du festival Frontières sous le titre "D'une langue à l'autre". L'Institut Pierre Werner et Europaforum.lu s'associent à la manifestation et organisent à Thionville, le 9 avril à 19h30, une conférence-débat s'inscrivant dans le cycle "Penser l'Europe". Le public sera accueilli à partir de 18h30 autour d'un "apéro frontières".
Quelles langues parle-t-on dans l’UE ? Peut-on séparer une langue et la pensée qu’elle véhicule ? Quel langage parle-t-on et produit-on dans les institutions européennes ? Le multilinguisme est-il un leurre ? Y a-t-il des rapports de force entre les langues vecteurs de pensée et d’idées qui cachent ou révèlent d’autres rapports de force? Y a t-il des crispations nationales ? Comment les politiques et les journalistes traduisent-ils le langage européen pour les citoyens ?
Voilà autant de questions moins innocentes qu’il n’y paraît. Avec ses 23 langues officielles, l’Union européenne est quotidiennement confrontée à la problématique de savoir comment traduire et interpréter la langue et le langage des autres, afin qu’au bout du compte, une décision soit prise. Tout le monde est concerné : les citoyens, les fonctionnaires, les experts, les ONG, les parlementaires nationaux et européens, les commissaires et les membres du Conseil.
Au Conseil, où siègent les représentants des gouvernements, et au Parlement européen, toutes les langues officielles sont encore interprétées en séance. Mais partout ailleurs, une langue anglaise recodée et rationalisée s’est imposée aux dépens des deux autres langues de travail, le français, qui résiste à peine et dont les locuteurs risquent de ne plus être écoutés, et l’allemand, qui a d’ores et déjà disparu comme langue de travail dans les agences de l’UE. L’anglais, du moins le "globish" que l’on parle dans les enceintes de l’UE, est-il devenu une lingua franca incontournable ? Est-ce seulement une langue, ou est-ce aussi une pensée qui s’impose ? Et dans ce cas, laquelle ? Et si l’anglais tend à devenir la langue du pouvoir européen, de quel pouvoir s’agit-il ? Intègre-t-il cette diversité dont l’UE se réclame ?
Le désir d’Europe peut-il exister quand le "streamlining", ce processus qui dégraisse et rationalise le langage, s’est emparé du langage du projet européen et refoule les langues et aussi les cultures de ceux qui en portent le projet ? Des questions qui ne peuvent laisser indifférents les citoyens de la Grande Région brassés par un marché du travail transfrontalier qui fait de la question des langues comme frontière ou pont une question de tous les jours.
Pour répondre à ses questions, l'IPW et Europaforum.lu ont invité Martine Reicherts, directeur de l’OPOCE, l’office des publications officielles de l’UE, quotidiennement confrontée à la question des langues depuis qu’elle travaille pour l’UE, Quentin Dickinson, journaliste à Radio France, qui depuis plus de vingt ans informe depuis et sur Bruxelles, et Heinz Wismann, philologue et philosophe, grand passeur entre la France et l’Allemagne, qui vient de publier chez Albin Michel Penser entre les langues. Un débat qui sera modéré par Victor Weitzel, responsable d'Europaforum.lu.