La création d’une monnaie unique européenne figure sans doute parmi les objectifs les plus ambitieux, mais aussi les plus controversés de l’intégration européenne. Avec la politique étrangère et la défense, la monnaie fait en effet partie du noyau dur des souverainetés nationales longtemps restées à l’écart des avancées communautaires.

Le parachèvement du tarif extérieur commun à la fin des années soixante rend pourtant urgente l’élimination des perturbations des taux de change à l’intérieur du marché commun qui nuisent à la compétitivité des entreprises européennes.

C’est dans ce contexte que les chefs d’État ou de gouvernement des six États membres de l’époque décident, lors du sommet de La Haye en décembre 1969, de charger Pierre Werner, président du gouvernement et ministre des Finances luxembourgeois, d’étudier différents moyens pour progresser sur la voie de l’union économique et monétaire.

Le plan Werner est rendu public le 8 octobre 1970. Novateur, ce rapport prévoit notamment un plan par étapes pour établir une convertibilité réciproque totale et irréversible des monnaies avec des rapports de parité immuables et plaide pour l'établissement d'une monnaie communautaire unique. Sur le plan institutionnel, le plan Werner propose la création d'un centre de décision pour la politique économique ainsi que d'un système communautaire des banques centrales.

Mis en veilleuse suite à la crise économique mondiale de 1973, le processus d'intégration monétaire reçoit une nouvelle impulsion en 1979 avec la création du système monétaire européen (SME) et de l'unité monétaire européenne (ECU). Le projet de réalisation en trois étapes de l’Union économique et monétaire (UEM), tel que prévu par Jacques Delors dans son rapport de 1989, est enfin consacré par le traité de Maastricht sur l’Union européenne en 1992. L’introduction d’une monnaie unique souhaitée par Pierre Werner aboutit en 1999 avec la naissance de l’euro. Trois ans plus tard, les pièces et les billets en euros sont mis en circulation.