Pour la onzième fois depuis 1958, le Luxembourg assure, du 1er janvier au 30 juin 2005, la présidence du Conseil. Petit pays doté de moyens d’action forcément limités, le Grand-Duché a néanmoins su tirer parti de son esprit de médiation entre les grands. Les exemples sont nombreux.
Ainsi, en janvier 1966, c’est sous Présidence luxembourgeoise que la France reprend sa place au Conseil de la CEE après sept mois de "chaise vide". Les six États membres de la Communauté, grâce notamment à l’entremise du Premier ministre luxembourgeois Pierre Werner, parviennent à surmonter cette crise politique et institutionnelle en adoptant le "compromis de Luxembourg" relatif à l’application de la règle de la majorité et aux relations de la Commission avec le Conseil.
Au cours de ses trois dernières présidences, les avancées enregistrées dans le processus d’intégration européenne ont notamment été rendues possibles grâce au rôle d’honnête courtier reconnu au Luxembourg pour concilier des intérêts parfois divergents.
Lors du sommet de Luxembourg de décembre 1985, les chefs d’État ou de gouvernement des Dix parviennent, à l’issue d’âpres discussions, à un accord politique sur la première grande réforme institutionnelle après celle introduite par le traité de fusion des exécutifs de 1965. Le train de mesures comprend notamment une extension significative du recours à la majorité qualifiée au sein du Conseil dans les domaines du marché intérieur ainsi qu’une démocratisation de la prise de décision avec l’établissement d’une procédure de coopération entre le Conseil et le Parlement. L’accord de principe obtenu à Luxembourg ouvre ainsi la voie à la signature, l’année suivante à Luxembourg et à La Haye, de l’Acte unique européen.
En juin 1991, la Présidence luxembourgeoise présente un projet de traité qui permettra, quelques mois plus tard à Maastricht, la conclusion des négociations du traité sur l’Union européenne. Fondé sur les tendances majoritaires apparues au cours des travaux des Conférences intergouvernementales sur l'Union politique et sur l'Union économique et monétaire lancées en décembre 1990 à Rome, le compromis proposé par le Luxembourg prévoit une structure en piliers pour la future Union européenne: un pilier communautaire et deux piliers intergouvernementaux relatifs à la politique étrangère et de sécurité commune et à la justice et aux affaires intérieures. Cette formule préfigure très largement la structure du traité signé à Maastricht en février 1992.
Après quatre années de préparation et d’attente suite à l’adoption à Copenhague en 1993 des critères économiques et politiques d'adhésion à l'Union, le Conseil européen de Luxembourg lance en décembre 1997 le plus large processus d’élargissement de l’histoire de l’Union. Cette ouverture historique connaît une première concrétisation avec l’adhésion, en mai 2004, de dix nouveaux États membres.