Lors du point de presse à l’issue de leur entrevue, Nicolas Schmit a déclaré que "le Luxembourg et les Pays-Bas sont d’accord que l’Union européenne a besoin de réformes profondes, qu’il faut enrichir ses politiques, qu’il faut sortir de l’impasse créée par les deux non français et néerlandais aux référendums sur le traité constitutionnel, et qu’il faut en sortir à 27." Il a ensuite souligné le rôle du Benelux comme "lieu de coopération qui a beaucoup servi l’Europe et qu’il faut contribuer à partir de ce lieu à la relance du projet européen."
Frans Timmermans a rappelé que "le peuple néerlandais a rejeté avec une nette majorité le traité constitutionnel" et qu’il faudra donc sortir de l’impasse avec une solution qui soit à la fois acceptable pour la population néerlandaise et pour tous les 27 Etats membres. "Tout le monde doit donc bouger", a-t-il déclaré, et faire évoluer l’Europe vers plus de transparence et de démocratie, afin que son action exprime la volonté des populations.
Bouger, cela veut dire pour M. Timmermans "se mettre d’accord sur les principes de base d’une négociation", ce qui permettra à la Présidence allemande du Conseil de mettre sur pied une feuille de route pour le Conseil européen de juin. Mais Frans Timmermans a été très clair : "Le nouveau traité ne sera pas identique au traité constitutionnel. Il faudra établir des politiques européennes dans de nouveaux domaines, comme celui de l’énergie et de l’environnement. Il devra maintenir par contre les grands équilibres institutionnels comme ceux inscrits dans le traité constitutionnels, car ils sont favorables à des pays comme les Pays-Bas ou le Luxembourg."
Sur la question s’il y aurait dans son pays un référendum sur un éventuel nouveau traité, M. Timmermans a expliqué qu’une décision du parlement néerlandais dépendrait de la nature des changements constitutionnels qu’un tel traité, par nature susceptible d’être soumis à un référendum, impliquerait.
M. Timmermans est revenu sur les raisons du "non" néerlandais : le sentiment de la population qu’elle pourrait se perdre dans l’Union européenne, qu’elle perdrait la maîtrise des décisions sur sa vie quotidienne, que des décisions de l’Union européenne portaient atteinte à leurs positions personnelles. Dans ce sens, le "non" est d’un côté un échec des politiques qui n’ont pas su suffisamment expliquer l’Europe aux citoyens, mais aussi le fruit "d’une réflexion de la population néerlandaise sur une construction européenne qui s’est éloignée des gens." En même temps, la population de tous les Etats membres se rendait compte qu’en de nombreuses matières, comme l’énergie ou l’environnement, seule une action européenne peut produire des résultats.
Concernant la réunion des 18 pays du "oui" à Madrid, M. Timmermans a très clairement dit qu’il n’en avait "pas été très heureux" dans la mesure où il appartenait à la Présidence du Conseil de tenir les rênes de ce genre de démarches. De l’autre côté, le "non" néerlandais impliquait comme celui de la France une responsabilité particulière pour trouver une solution valable pour les 25 autres pays.
Nicolas Schmit a conclu la conférence en insistant sur le fait qu’à la base, le Luxembourg et les Pays-Bas partageaient la même conception de l’Europe, les mêmes valeurs, mais aussi les mêmes appréhensions que la population a également fait sentir au Luxembourg lors du référendum en s’exprimant sur la distance entre eux et le projet européen.