La commissaire européenne chargée de la société de l'information et des médias, Viviane Reding, a abordé lors de son discours d'introduction à la consultation des citoyens de l'UE sur le futur de l'Europe qui se tient à Canach au Luxembourg les 10 et 11 mars 2007 l'importance du dialogue direct avec les citoyens pour la résolution des grands problèmes, la questions des valeurs fondamentales de l'Europe et la manière comment continuer le projet de la construction européenne 50 ans après la signature des traités de Rome et pour les 50 ans à venir.

Brièvement, elle a mesuré le chemin parcouru depuis la reconstruction de l'Europe après la 2^e Guerre Mondiale, la mise en commun des économies des pays démocratiques dans une Europe divisée et encore sous l'emprise de dictatures au sud et à l'est, la chute du mur, l'instauration de régimes démocratiques à l'est, la croissance économique et l'unification du continent.

Pour Viviane Reding, les valeurs fondamentales de l'Europe, ce sont le droit de l'individu au respect de sa sphère privée et de sa liberté individuelle, le respect des droits fondamentaux et de la démocratie, le respect de la subsidiarité qui dévolue les tâches publiques à exécuter à l'autorité la plus compétente et la plus proche des citoyens, et surtout le dialogue avec toutes les forces sociétales concernées par un problème collectif qui requiert une solution partagée.

Dans un contexte où l'Europe n'est plus en guerre, où son économie fonctionne dans le cadre d'un marché unique "embryonnaire" et où la démocratie se porte bien, elle distingue cinq grands axes pour la construction d'une Europe du futur.

1. En Europe, économie et solidarité ne peuvent pas être séparés. L'Europe ne sera jamais une pure économie libérale, mais une économie sociale de marché, un marché unique doté d'un pendant social.
2. L'Europe constitue avec son demi-milliard de personnes après la Chine et l'Inde le troisième ensemble économique cohérent. Si l'Europe n'agit pas collectivement, elle ne pourra pas s'affirmer dans un monde globalisé. La tentation de renationaliser les économies ou de promouvoir des champions nationaux est vouée à l'échec.
3. Aux défis qui découlent pour la sécurité intérieure et extérieure de l'Europe de la prolifération des armes de destruction massive, du terrorisme et de l'extrémisme, l'Europe doit opposer une réponse collective qui soit en même temps différente de celle des Etats-Unis. Car l'Europe lie selon Madame Reding la préservation de la sécurité au respect de la vie privée des individus.
4. L'Europe affronte d'ores et déjà un déficit démographique qui la transforme en continent d'immigration. Elle manque actuellement de 700 000 scientifiques et de 300 000 informaticiens dont son économie a besoin. La question de l'impact des mouvements de migration sur nos sociétés et sur nos valeurs n'est pas une question qui se posera demain, mais qui se pose aujourd'hui même.
5. L'Europe vient de prendre des décisions importantes au Conseil européen des 8 et 9 mars pour réduire les émissions de CO² et pour augmenter la part des énergies renouvelables à 20% de sa consommation d'ici 2010. L'Europe s'apprête par ce biais à entreprendre une politique qui par son effet d'entraînement peut changer la donne mondiale.

Madame Reding a conclu son intervention en soulignant que l'Europe ne peut être une affaire réservée aux spécialistes de Bruxelles, mais qu'elle est "une Europe de nous tous et de partout" dont la diversité ne constitue pas la moindre de ses richesses.