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Culture - Traités et Affaires institutionnelles
Colloque sur les 50 ans des traités de Rome à l’Institut Pierre Werner : un atelier "jeunesse" débat de la socialisation à l’Europe
23-04-2007


Les 23 et 24 avril 2007, l’Université du Luxembourg et l’Institut Pierre Werner en collaboration avec le Centre Virtuel de la Connaissance sur l’Europe (CVCE), la Commission européenne, le Parlement européen, le Fonds National de la Recherche et le Ministère des Affaires étrangères et de l’Immigration ont organisé dans le cadre du cinquantième anniversaire de la signature des traités de Rome le colloque : "Racines et développements de la Gouvernance européenne. L’apport du traité de Rome instituant la Communauté économique européenne". Durant 2 jours, des jeunes européens, des acteurs de la construction européenne, des témoins historiques, des acteurs de la vie politique contemporaine et des chercheurs ont livré leurs réflexions sur le traité de Rome et notamment sur son impact sur l’histoire de la construction européenne.

Lundi, 23 avril, le colloque a débuté avec un atelier "jeunesse" qui s’articulait autour du thème "la socialisation à l’Europe". L’atelier qui s’adressait aux étudiants de l’Université du Luxembourg et à de jeunes européens avait pour objectif de retracer les développements historiques jusqu’à l’élaboration de la Constitution européenne et de les faire réfléchir sur le passé et l’avenir de l’Europe. L’atelier s’articulait en 3 parties.

Durant la première partie introductive, René Leboutte, professeur à l’Université du Luxembourg, a esquissé un tableau de la situation historique qui a mené à la signature des traités de Rome. Il a introduit son propos en soulignant que le traité de Rome a été signé dans un contexte européen marqué par l’échec de la Communauté européenne de défense (CED) et de la Communauté politique européenne. Il a également insisté sur le contexte international qui se caractérisait à cette époque par la décolonisation, la crise économique, la crise européenne et la peur du communisme. Pour René Leboutte, le marché commun institué par le traité de Rome était "une idée révolutionnaire". "Aujourd’hui le traité est souvent présenté comme un traité économique, alors qu’on oublie souvent sa dimension sociale et notamment l’instauration du Fonds social européen et de la Banque européenne d’investissement" a regretté Leboutte.

Alessandro Giacone s’est attaché à décrire la personnalité, la philosophie de Jean Monnet ainsi que le fonctionnement et les activités de la Haute autorité qui était indépendante des gouvernements nationaux. "De l’argent que la CECA a emprunté aux Etats-Unis, une partie était destinée pour acheter du charbon, l’autre était utilisée pour améliorer les conditions de travail des mineurs" a insisté Alessandro Giacone. A ses yeux, le grand apport de la CECA est d’avoir institué le triangle institutionnel constitué par la Commission, le Parlement et le Conseil des ministres tel qu’il existe encore aujourd’hui.

Marc Reiter est intervenu sur "les vicissitudes du traité Euratom". Il a regretté que le volet nucléaire du traité de Rome soit trop souvent ignoré dans les manifestations qui sont organisées à l’occasion de l’anniversaire du traité de Rome, alors qu’il avait "à l’époque une importance supérieure à celui du traité instituant une Communauté économique européenne". Pour illustrer ses propos, Marc Reiter a cité de vieux articles de journaux européens qui accordaient une priorité au traité Euratom. A cette époque, le nucléaire représentait "l’espoir d’une troisième révolution industrielle" et devait devenir " le moteur de l’Europe". "Pourtant, la volonté de faire de l’Europe une grande puissance dans le domaine nucléaire s’est heurté aux intérêts nationaux des Etats membres", a conclu Marc Reiter.

Durant la deuxième partie, trois jeunes européens ont exprimé leurs réflexions sur l’Europe politique. Ramon Ellenbroek, ancien membre du Parlement européen des jeunes, est intervenu sur le rôle du Parlement dans la démocratie européenne. Il a analysé le rôle des trois institutions européennes et leur dimension démocratique. Il était d’avis que le Parlement européen est démocratique parce qu’il est élu directement par les citoyens européens. Par contre, les décisions prises par la Commission et le Conseil des ministres ne sont d’après lui, pas démocratiques. "Et pourtant la plupart des décisions sont prises par la Commission et le Conseil" a-t-il analysé.

Jens Beckmann, qui a participé à un service volontaire européen en Irlande, s’est interrogé sur la notion de citoyenneté européenne qu’il a analysée en détail.. Pour lui, la notion de citoyenneté ne concerne pas uniquement les droits et devoirs qui sont énoncés dans le traité de Maastricht, mais elle implique aussi la participation et l’implication sociale des jeunes européens.

Le Belge Johan Robberecht a parlé de son expérience en tant que co-fondateur du site" les euros du village". C’est en partant du constat qu’il y a un manque de lien entre l’Union européenne et les citoyens qu’il a mis en place un blog www.eurosduvillage.com sur l’Union européenne. L’objectif est de parler avec un regard critique de l’Europe, de compléter l’information en provenance des journalistes et de donner aux citoyens la possibilité de débattre de l’Europe. Pour le jeune Belge, l’initiative est un grand succès et "témoigne de l’importance de la communication horizontale et de la participation directe du citoyen".

Le Luxembourgeois Christophe Schiltz, l’étudiante Marie-Anne Robberecht et la sociologue bulgare Petya Slavova, ont témoigné de leurs parcours universitaires et professionnels en Europe. Tandis que Christophe Schiltz a témoigné de l’expérience sociale qu’il a vécue au Collègue de Bruges qui rassemblait des étudiants de toute l’Europe, Marie–Anne Robberecht a expliqué la philosophie et l’originalité des cursus franco-allemands en science politiques. Petya Slavova a évoqué le dialogue entre l’Est et l’Ouest qui a marqué l’entiereté de sa carrière universitaire et professionnelle.

La troisième partie de l’atelier était consacrée aux regards générationnels sur l’Europe. Alfredo Pena Vega a présenté les résultats d’un rapport de recherche sur la perception que les jeunes Européens ont de l’Europe. Le chercheur s’est basé sur des " focus groups" et des entretiens semi-directifs en Région de Poitou-Charentes. Après avoir expliqué en détail les démarches méthodologiques de sa recherche, Alfredo Pena Vega a souligné que les résultats de l’étude témoignent "d’un désir d’Europe".

A la fin de l’atelier, les directeurs honoraires de la Commission européenne Henri Etienne et Heinz Henze, le journaliste Quentin Dickinson, correspondant permanent de Radio France à Bruxelles ainsi que la députée européenne luxembourgeoise Erna Hennicot-Schoepges ont réagi aux questions que les intervenants avaient soulevées lors de leur intervention.