Dans la "Voix", quotidien luxembourgeois de langue française, le ministre des Affaires étrangères, Jean Asselborn, s’inquiète des Néerlandais chez lesquels "la question ne sera plus de savoir si oui ou non les gens sont favorables au texte, mais de savoir s’ils sont pour ou contre l’Europe. Ce qui est évidemment très dangereux."
Il y a des éléments auxquels Juncker, comme chef de gouvernement d’un Etat dont 56% de la population ont approuvé le traité constitutionnel par référendum, ne peut pas renoncer. Dans le "Wort", il en dresse la liste. C’est d’abord la Charte des droits fondamentaux, qui doit être juridiquement contraignante, avec laquelle les Britanniques ont de sérieux problèmes. C’est ensuite l’extension du vote à la majorité qualifiée à de nouveaux domaines politiques et le recours à une double majorité que la Pologne, tenant d’un simple vote basé sur la méthode de la racine carrée, conteste. D’autres éléments sont la personnalité juridique de l’Union européenne et l’obligation d’examiner l’impact social de toute initiative de l’Union. Et il y a le paquet institutionnel du traité constitutionnel que le Luxembourg voudrait voir repris tel quel.
Jean-Claude Juncker et Nicolas Schmit, le ministre délégué aux Affaires étrangères, qui s’est entretenu avec le quotidien "Tageblatt", ont expliqué à la presse que le papier de la Présidence allemande soumis aux chefs d’Etat et de gouvernement prévoyait dorénavant deux traités. Juncker a déclaré : "Si nous arrivons à un accord, nous aurons deux traités : un traité sur l’Union européenne, le traité de Maastricht en l’occurrence, qui sera modifié par de nouvelles dispositions reprises du traité constitutionnel. Le deuxième traité sera celui sur la Communauté européenne. Ce traité sera également modifié. Nous l’appelons le traité sur le fonctionnement de l’Union européenne. Nous aurons donc deux traités au lieu d’un. Et un champ contractuel qui sera nettement plus illisible."
Nicolas Schmit a de son côté expliqué au "Tageblatt" que des éléments additionnels qui auraient trait à la politique de l’énergie et de la lutte contre le réchauffement climatique, à une politique commune de l’immigration ou à la dimension sociale de l’Union ne sont pas contenus dans le papier de travail allemand.
A noter que l’énergie, le réchauffement climatique, la dimension sociale de l’Europe et une politique d’immigration commune avaient joué un grand rôle dans les débats publics sur l’Europe dans de nombreux Etats membres. Ils figuraient parmi les préoccupations principales des citoyens européens au cours des consultations publiques des citoyens que la Commission avait présentées comme le point d’orgue des débats au cours de la période de réflexion sur le futur de l’Europe qui avait commencé en automne 2005 après les non français et néerlandais au traité constitutionnel. C’étaient les sujets où il y a eu une demande massive de plus d’Europe de la part des citoyens.
Dans une interview donnée au quotidien allemand "Die Welt", le Premier ministre Juncker a déclaré que "le Luxembourg, et beaucoup d’autres Etats membres ne toléreront pas, sans rien faire, que le traité constitutionnel soit vidé de sa substance." A la "Welt" comme dans le journal télévisé "Heute" de la chaîne allemande ZDF, Juncker a exprimé son allergie à l’égard d’une Europe à deux vitesses. "Je préfère une Europe forte, dans laquelle tous les 27 vont dans la même direction." a-t-il dit à la "Welt". "Mais si nous ne pouvons avancer ensemble, alors l’Europe à deux vitesses sera le seul moyen pour sortir de l’impasse."