Lors d’une émission à la station de radio 100,7, le député européen Robert Goebbels (groupe des socialistes européens) s’est exprimé, comme l’exige l’exercice de cette émission, avec une grande franchise sur l’état de l’Union européenne. Le traité modificatif, le rôle renforcé du Parlement européen, le problème des retards du Luxembourg en matière de transposition des directives européennes, l’élargissement et les privatisations ont figuré parmi les sujets que le député européen a abordés, non sans lancer quelques volées de bois vert.
Robert Goebbels a ainsi qualifié le nouveau traité européen de "minimum minimorum et qui constitue même sur certains points une régression" en matière de dialogue social, en matière de droits fondamentaux avec la relégation de la Charte comme texte séparé du traité et en matière de services publics. "Dans le traité constitutionnel, le dialogue social était une question horizontale, qui devait valoir pour toutes les politiques européennes. Dans le nouveau texte, le dialogue social se limite au seul dossier de la politique sociale. Ce qui veut dire que l’on pense qu’il n’est pas nécessaire de discuter avec les partenaires sur la politique économique. Je trouve cela scandaleux. "
En ce qui concerne la Charte des droits fondamentaux, Goebbels a fortement critiqué l’opt-out des Britanniques, qui avaient déjà veillé en 2000 à ce que certains droits soient restreints, qui avaient ensuite veillé à ce que la portée juridique de la Charte soit limitée dans le traité constitutionnel jamais entré en vigueur, et qui maintenant ont opté pour que sa portée juridique s’arrête à leur espace légal.
L’intégration de la clause de Ioannina dans le traité modificatif obtenue par la Pologne signifie pour Goebbels l’instauration d’un droit de veto permanent qui annule les avancées dans certains domaines où il est devenu possible de décider à la majorité qualifiée.
Finalement, il a attaqué la forme "illisible du texte", un texte que l’on "ne peut pas faire comprendre aux citoyens."
Faisant allusion au débat au Parlement européen du mercredi 10 octobre sur le Conseil européen de Lisbonne des 18 et 19 octobre, Robert Goebbels s’est exprimé pour que le Parlement lance un sérieux avertissement aux chefs d’Etat et de gouvernement.
Le Parlement européen est devenu pour Goebbels un véritable facteur de pouvoir et les cas où une position soutenue par une majorité des députés a été acceptée par le Conseil des ministres deviennent de plus en plus fréquents. Et de citer la directive Bolkestein, le paquet ferroviaire ou bien les tarifs de roaming.
Robert Goebbels a aussi évoqué le rôle des parlements européens et exprimé le souhait qu’ils participent plus en amont à la discussion sur les directives européennes, car cela serait utile à l’élaboration de compromis au niveau du Parlement européen. Mais pour lui, il n’y a que les parlements scandinaves ou britannique qui sont bien organisés. "Mais la Chambre luxembourgeoise est aux abonnées absents. Cela explique ensuite les difficultés de la Chambre à transposer les directives." D’où la nécessité pour le parlement national de s’impliquer plus et aussi d’organiser le dialogue avec les parlementaires européens. Sur ce point, Goebbels a vivement regretté que la Chambre ne consulte pas les parlementaires européens luxembourgeois, notamment quand ils sont rapporteurs d’un projet qu’elle doit transposer.
L’élargissement est en soi une bonne chose pour le député européen Goebbels. L’Union européenne ne doit pas rester une Union des pays riches. Mais il s’opposera à tout nouvel élargissement, tant que les règles pour qu’une Union à plus de 30 membres puisse aussi prendre des décisions et fonctionner, n’auront été fixées.
La libéralisation des postes et des chemins de fer est "au Luxembourg une chose suspecte, parce que nous avons de petites structures", a déclaré Goebbels, tout en soulignant les avantages de la déréglementation pour les consommateurs. "Et ce n’est pas forcément une mauvaise chose si des structures comme les chemins de fer ou la poste sont parfois secouées" et "j’appelle de mes vœux une poste ou des chemins de fer qui se comportent de manière plus agressive sur les nouveaux marchés qui s’ouvrent à eux."