Les deux ministres se sont souvent rencontrés ces dernières deux années. Le Luxembourg et l’Espagne avaient tous les deux dit "oui" par référendum au traité constitutionnel en 2005, et avaient pris par la suite des initiatives comme la réunion de Madrid de janvier 2007 qui avaient encouragé les Etats membres à chercher plus rapidement une sortie de la crise institutionnelle engendrée par les « non » français et néerlandais. Cette sortie de crise a abouti à la signature du traité de Lisbonne.
Jean Asselborn a estimé lors d’un point de presse que le peuple serbe fera le 3 février lors du dernier tour des élections présidentielles "un choix important". Pour le ministre luxembourgeois, "la porte de l’Union européenne est ouverte à la Serbie". Le Luxembourg veut, lors du Conseil des ministres et de la Troïka de l'UE avec la Serbie du 28 janvier, s’engager en faveur de deux pas importants : la signature de l’Accord de stabilisation entre l’Union et la Serbie et la facilitation du régime des visas afin que les jeunes Serbes puissent voyager plus librement en Europe. Tout cela sans préjudice d’une bonne coopération de la Serbie avec le Tribunal pénal international de La Haye. Miguel Angel Moratinos a abondé dans le même sens en soulignant la volonté des 27 à ancrer la Serbie dans une perspective européenne.
En ce qui concerne le Kosovo, il n’y a pour Asselborn "rien de nouveau à signaler". L’indépendance "qui se prépare à Pristina sera une indépendance sous surveillance internationale et cela sera notifié dans la Constitution de la nouvelle entité". Moratinos a rappelé que l’action européenne au Kosovo doit respecter trois principes : l’unité de l’Union européenne, la stabilité des Balkans et la légalité internationale. Il a exprimé son espoir que l’Union européenne marque par son action le futur de la région des Balkans.
Le blocus de Gaza, la rupture de l’approvisionnement en énergie et la pénurie de vivres, tout cela est pour Jean Asselborn "inacceptable". "Israël a le droit de se défendre contre les attaques dont il est l’objet, mais il doit aussi respecter le droit humanitaire international", a déclaré Jean Asselborn.
Moratinos, qui fut pendant de longues années (de 1996 à 2004) l’envoyé spécial de l’Union européenne au Proche Orient, a également jugé "inacceptable" la situation à Gaza et a plaidé pour un retour à la normalité. Selon lui, l’Europe ne doit pas rester les bras croisés et doit réintégrer son rôle dans le Quartette pour aider les Palestiniens à donner une réponse à la crise actuelle. Pour lui aussi, Israël a le droit de se défendre. De l’autre côté, il faut selon lui constater que le Hamas est incapable de gérer le territoire palestinien et d’assurer la sécurité de la population.
Répondant à une question sur le projet français d’une Union euro-méditerranéenne, le chef de la diplomatie espagnole a répondu qu’il était favorable à toute démarche de type "processus de Barcelone". Cette coopération lancée en 1995 entre l’Union européenne et les pays riverains de la Méditerranée comporte trois volets de coopération: le volet politique, le volet économique et financier, ainsi que le volet culturel, social et humain. Moratinos n’a pas exclu des coopérations renforcées sur des projets concrets. Asselborn a exprimé son accord avec une telle démarche, à condition qu’elle ait l’aval des 27 Etats membres et qu’elle les implique aussi.